Je pense que ce n'est pas inutile de citer les communications officielles russes parfois, parce que sans ça on ne peut vraiment pas réaliser le niveau de désinformation... Mais c'est important de le faire en contextualisant et en ne laissant aucune ambiguité sur l'origine de la citation.
@hellopapiméquépasa Je ne sais pas exactement ce que pensent les personnes que tu cites en disant qu'il faut "cesser d'intervenir militairement" dans d'autres pays, les interventions militaires à l'étranger peuvent recouper un tas de situations différentes, et très souvent, les interventions militaires françaises ont été très critiquées, surtout par la gauche, parce que soupçonnées de défendre les intérêts de la France plus que ceux du pays concerné (je pense par exemple
au cas du Mali). Dans ce genre de cas, même si c'est "le pays lui-même qui le demande", c'est dans les faits
le gouvernement en place du pays qui le demande, au nom d'accords d'assistance avec la France, pour réprimer des soulèvements d'une partie de sa population; et comment juger qui est le plus légitime, du gouvernement en place ou des insurgé.e.s? On peut aussi penser au cas de la Lybie, où là ce sont les insurgé.e.s qui ont reçu le soutien de la France, justifié par la violence de la répression, mais dont les motivations réelles étaient quand même assez troubles. Est-ce vraiment justifiable de décider pour un autre pays si le gouvernement en place est légitime ou non, et surtout, d'envoyer l'armée sur la base de cette décision? L'implication militaire est généralement justifiée par la protection de la population, mais de là à affirmer que c'est la
seule motivation... voire la principale...
Le cas est différent en Ukraine parce qu'il n'est pas question d'aider un gouvernement à se maintenir en place face à des forces rebelles de sa propre population, mais de repousser une invasion extérieure qui a été massivement condamnée. Il n'y aurait donc pas d'ingérence dans les affaires internes du pays, ce n'est pas du tout le même schéma que dans le cas du Mali, de la Lybie, de l'Irak... Mais ça, une partie de la gauche française semble avoir bien du mal à le comprendre, parce que le rejet de l'OTAN et de l'attitude de "gendarme du monde" adoptée par les États-Unis, et peut-être aussi un vieux réflexe de "défendre le côté russe contre le côté américain" hérité de la guerre froide, tendent à les aveugler sur la réalité et la spécificité de
cette guerre et la gravité des crimes de Poutine (je ne parle pas seulement de l'Ukraine, mais aussi de la Géorgie, de la Moldavie, de la Tchétchénie, de la Syrie, des assassinats d'Anna Politkovskaya et de Boris Nemtsov et de surement de nombreux autres dont je ne connais pas les noms...)
Pour ce qui est d'une possibilité d'implication de l'OTAN dans la guerre en Ukraine: les pays de l'OTAN se doivent assistance mutuelle en cas d'agression, mais l'Ukraine n'en fait pas partie, rien ne
force l'OTAN à intervenir, rien ne l'interdit strictement non plus. Pour l'instant il y a consensus entre les gouvernements concernés sur le fait de ne pas s'engager militairement pour ne pas entrer en guerre ouverte avec la Russie, qui aurait vraisemblablement des conséquences tragiques au vu du nombre de pays qui seraient impliqués et de leur niveau d'armement. Il n'est malheureusement pas impossible que, même sans s'impliquer directement en Ukraine, l'OTAN ne finisse par entrer en guerre si l'armée russe sortait victorieuse de la guerre en Ukraine et que Poutine décide d'en profiter pour pousser l'offensive plus loin à l'ouest, vers les autres anciennes républiques soviétiques qui sont passées dans le bloc occidental: la Moldavie, où un conflit avec une région séparatiste soutenue par la Russie est gelé depuis les années 90; les pays baltes, qui eux sont membres de l'OTAN et de l'Union européenne. Ceci fait appel à beaucoup de "peut-être" qui ne sont, pour l'instant, pas très probables; mais beaucoup de gens n'auraient pas crue probable une invasion de l'Ukraine il y a 3 mois...