Je viens ajouter ma petite (grosse ?) pierre à l'édifice. Du vaginisme j'en ai fait, j'avais 19 ans, c'était mon premier copain sérieux, je l'aimais profondément et je voulais faire l'amour avec lui. Mais mon corps, mon inconscient ou je ne sais quoi en a décidé autrement.
Je me souviens de ma première fois comme si c'était hier, et pourtant c'était il y a 14 ans (oh p*tain, déjà O_o). J'avais la trouille d'avoir mal, on m'avait raconté plein de trucs horribles sur des premières fois ratées, douloureuses. Est-ce que c'est ça qui a fait tout merder, est-ce que c'est autre chose ? Difficile à dire. En tous cas ce soir là, j'avais l'impression de n'avoir... pas de trou. J'avais l'impression d'avoir un mur en bas. Il poussait dessus, ça me faisait mal, mais ça ne cédait pas d'un pouce.
Après cette première fois, j'ai eu peur que ça recommence. Evidemment, ça n'a sûrement pas aidé. Ça a recommencé. À chaque fois, pendant 2 ans et demi. Je me suis mise à éviter les rapports autant que possible, forcément. Une fois par mois, quand je voyais arriver mes règles, je me forçais à essayer, pour mon copain, et ça ne rentrait pas, ça me faisait mal.
J'ai vu une gynéco, je me suis mise à pleurer quand elle a commencé à mettre le spéculum, ça me faisait très mal. Elle a arrêté là son exam et m'a dit plutôt abruptement d'aller voir un psy. J'en ai chialé. Et je suis allée voir une psy. Elle m'a dit que je n'aimais pas mon copain. J'en ai encore chialé.
Y'en a qui ont de la chance et qui tombent sur les bonnes personnes, moi non. Et je n'ai pas eu le courage d'aller pleurer à d'autres portes, c'était un peu trop pour moi. Je dirais que les gynécos sont plus des mécaniciens, ce qui se passe dans la tête les dépasse la plupart du temps. Et les psys sont malheureusement souvent ignorants de l'existence même du vaginisme.
J'en ai parlé à deux copines, et même à ma mère, mais personne ne savaient ce que ça pouvait être. Les mecs qui ont des problèmes d'érection, tout le monde connait, mais le vaginisme bizarrement c'est un peu le mystère. J'ai découvert le nom de ce que j'avais sur Internet, j'ai lu des dizaines de témoignages déprimants de filles qui ne s'en sortaient pas. Et celles qui s'en sortaient ne me semblaient jamais être vraiment dans le même cas que moi.
Finalement c'est un mec qui m'en a sortie. Il me tournait autour et avait un sex-appeal un peu dingue. Il m'écrivait des sms qui m'excitaient à mort, et je me suis dit que peut-être avec lui... J'ai quitté mon copain, que j'aimais. C'était dur, mais je n'en pouvais plus de ne pas être "normale".
Et cet autre gars un peu chaud, un connard soit dit en passant, je lui ai dit "écoute, j'ai jamais pu faire l'amour, je bloque complètement" et aussi nul pouvait-il être par ailleurs, il a eu la meilleure réaction qui soit. Il a ri. Et il m'a dit avec un air super sûr de lui "on va voir ça".
C'est con mais cette réaction valait toutes les thérapies de merde que j'avais pu tenter de suivre avant. Parce que je me suis enfin dit que quelqu'un allait gérer ça pour moi et que je n'avais pas à porter ça sur mes épaules toute seule. Et pour la première fois, j'ai pu dire à mon cerveau "c'est bon t'inquiète, y'a quelqu'un qui connait et qui s'occupe de tout, tu peux faire une pause".
Il m'a chauffée comme pas possible, au point que c'était moi qui le suppliait de me pénétrer. Je ne réfléchissais plus du tout, j'étais passée en mode instinctif... enfin ! Et c'est passé... tout seul. Aucune douleur. Je n'aurais jamais cru ça possible.
Ça n'a pas suffit malgré tout. Il m'a fallu plus d'un an pour arrêter complètement d'appréhender les relations sexuelles. De temps en temps je sentais que ça commençait à se resserrer en bas. Ces muscles sont absolument impossibles à contrôler. Et dans ces moments là, j'avais trouvé un truc improbable, j'arrêtais de réfléchir. Ce n'est vraiment pas un truc facile à faire. Je me concentrais sur les mouvements de mon partenaire, uniquement ça, pas de question du genre "pourquoi ? Comment ? Et après ? Est-ce que j'ai envie ?", je me concentrai juste sur ce qu'il faisait, à 100%, et ça passait en une ou deux secondes.
J'ai 33 ans aujourd'hui. Le vaginisme est un lointain souvenir. Et j'espère qu'il le deviendra aussi pour toutes les filles qui sont venues écrire ici pour en parler. Il y a plein de raisons pour faire du vaginisme. Mais je crois que souvent c'est votre cerveau qui dit qu'il n'est pas d'accord. Pour quelle raison ? Ça c'est à chacune de le découvrir. Moi c'était juste parce que j'avais eu peur la première fois. Et parce que je réfléchis trop en général.
Je ne crois pas que ça puisse être un problème physique. Mais ce n'est pas mieux. Moi j'aurai adoré pouvoir passer sur le billard pour qu'on me règle ça vite fait. Négocier avec sa tête c'est plus dur. Mais il y a des gens informés et des associations qui peuvent vous aider aujourd'hui. Ou alors vous aurez du bol de tomber sur un mec qui vous débloque comme moi. Contrairement aux happy-ends, moi j'ai quitté le mec bien, et c'est le connard qui m'a sortie d'affaire. Mais bon, je lui reconnais ce mérite et je ne peux pas regretter d'en être passée par là. Je le vivais trop mal.
En tous cas ce n'est pas une fatalité. J'en ai souffert, et pourtant aujourd'hui j'ai une sexualité très épanouie. Alors soyez confiantes, vous trouverez un jour le bouton OFF de votre petite tête