@Margay
Oui j'ai peut-être un peu forcé le trait dans mon message précédent. Et oui c'est vrai aussi que les conditions de travail dans le primaire/secondaire et à l'université n'ont pas grand chose à voir mais je voyais plus ça comme un mouvement de revalorisation globale des enseignant.e.s mais sur ce point je me trompe peut-être.
De mon point de vue de jeune doctorante dans une discipline de sciences humaines, réclamer un salaire de 3 000€ à l'embauche pour les maîtres de conférences (ce qui n'est pas le cas actuellement) vient combler une dizaine d'années de précarité - et j'emploie ce mot à dessein - avant la titularisation. Les années de thèse et les années qui suivent sont une période extrêmement difficile. La poignée de financé.e.s comptent sur un petit SMIC pour faire leurs recherches tout en enseignant. L'autre sur la débrouille. Des heures de vacation payées parfois plusieurs mois après, sans chômage parce qu'on est toujours étudiant.e.s, des cours particuliers, des cours dans le secondaire si en parallèle on a réussi à passer les concours, des jobs de pions dans des lycées ou des petits boulots. Et pendant ce temps-là on doit faire notre thèse, publier des articles pour lesquels on est la plupart du temps pas payé.e.s, postuler pour participer à des colloques, organiser des journées d'études pour avoir un profil intéressant quand on postulera pour devenir MCF. Ensuite vient l'après thèse qui peut durer facilement 5/6 ans ou plus, voire ne jamais s'arrêter où on continue les vacations, les petits boulots, les publications tout en passant des concours de recrutement de maîtres de conférences dans toute la France qui peuvent être au nombre de 2, 3 postes selon les disciplines pour une cinquantaine de candidat.e.s ou plus. Et si un jour on obtient le graal on débute à environ 2 100€ brut.
Peut-être et même sûrement que 6000€ est un montant excessif et d'ailleurs je ne demande pas du tout ce salaire, je ne saurais pas quoi en faire. En revanche 3000€ ça ne me semble pas totalement aberrant. Personnellement j'ai un rêve peut-être un peu bourgeois de vivre dans un appartement que j'ai acheté mais l'accession à la propriété est totalement impossible pour moi tant que j'ai des revenus qui me permettent à peine de me loger, me nourrir et de financer mes recherches. Donc en gros je pourrais commencer à sérieusement économiser quand j'aurai la trentaine bien tassée.
Alors pourquoi choisir cette voie-là si c'est si difficile ? Franchement je me pose la question tous les jours. Parce qu'à un moment on a eu la possibilité, le choix de le faire, parce qu'on a pensé qu'on pouvait apporter quelque chose à notre champ d'études, parce qu'on aime transmettre ? Je ne regrette pas du tout d'avoir choisi ce chemin, même si je suis bien consciente d'être privilégiée parce que j'ai justement eu le choix. Cependant comme un post précédent disait en avoir marre des cadres qui méprisent les professions ouvrières j'en ai un peu marre aussi que la recherche soit vue comme une planque pour privilégié.e.s qui se la coulent douce. C'est sûrement parfois le cas mais pas toujours.
Oui j'ai peut-être un peu forcé le trait dans mon message précédent. Et oui c'est vrai aussi que les conditions de travail dans le primaire/secondaire et à l'université n'ont pas grand chose à voir mais je voyais plus ça comme un mouvement de revalorisation globale des enseignant.e.s mais sur ce point je me trompe peut-être.
De mon point de vue de jeune doctorante dans une discipline de sciences humaines, réclamer un salaire de 3 000€ à l'embauche pour les maîtres de conférences (ce qui n'est pas le cas actuellement) vient combler une dizaine d'années de précarité - et j'emploie ce mot à dessein - avant la titularisation. Les années de thèse et les années qui suivent sont une période extrêmement difficile. La poignée de financé.e.s comptent sur un petit SMIC pour faire leurs recherches tout en enseignant. L'autre sur la débrouille. Des heures de vacation payées parfois plusieurs mois après, sans chômage parce qu'on est toujours étudiant.e.s, des cours particuliers, des cours dans le secondaire si en parallèle on a réussi à passer les concours, des jobs de pions dans des lycées ou des petits boulots. Et pendant ce temps-là on doit faire notre thèse, publier des articles pour lesquels on est la plupart du temps pas payé.e.s, postuler pour participer à des colloques, organiser des journées d'études pour avoir un profil intéressant quand on postulera pour devenir MCF. Ensuite vient l'après thèse qui peut durer facilement 5/6 ans ou plus, voire ne jamais s'arrêter où on continue les vacations, les petits boulots, les publications tout en passant des concours de recrutement de maîtres de conférences dans toute la France qui peuvent être au nombre de 2, 3 postes selon les disciplines pour une cinquantaine de candidat.e.s ou plus. Et si un jour on obtient le graal on débute à environ 2 100€ brut.
Peut-être et même sûrement que 6000€ est un montant excessif et d'ailleurs je ne demande pas du tout ce salaire, je ne saurais pas quoi en faire. En revanche 3000€ ça ne me semble pas totalement aberrant. Personnellement j'ai un rêve peut-être un peu bourgeois de vivre dans un appartement que j'ai acheté mais l'accession à la propriété est totalement impossible pour moi tant que j'ai des revenus qui me permettent à peine de me loger, me nourrir et de financer mes recherches. Donc en gros je pourrais commencer à sérieusement économiser quand j'aurai la trentaine bien tassée.
Alors pourquoi choisir cette voie-là si c'est si difficile ? Franchement je me pose la question tous les jours. Parce qu'à un moment on a eu la possibilité, le choix de le faire, parce qu'on a pensé qu'on pouvait apporter quelque chose à notre champ d'études, parce qu'on aime transmettre ? Je ne regrette pas du tout d'avoir choisi ce chemin, même si je suis bien consciente d'être privilégiée parce que j'ai justement eu le choix. Cependant comme un post précédent disait en avoir marre des cadres qui méprisent les professions ouvrières j'en ai un peu marre aussi que la recherche soit vue comme une planque pour privilégié.e.s qui se la coulent douce. C'est sûrement parfois le cas mais pas toujours.