Veille Permanente Sexisme

[Altahina]

Cet après-midi, j'ai eu une conversation un peu surréaliste avec un pote(un ex crush, la conversation a finit de me convaincre^^ oui je raconte ma vie... ).
Je vous la retranscris parce que sinon ce sera bien trop compliqué. J'ai mis en spoiler par soucis de longueur.

Spoiler

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Enfin voila. ça a continué encore un peu, pas trop longtemps. Il a toujours pas compris. Son argument était "J'ai demandé à un amie elle m'a dit qu'elle trouvait pas ça sexiste et qu'elle aurait pu le dire elle-même."

J'ai pas réussi à lui faire comprendre que même dit avec humour, même sous couvert de second-degré c'était sexiste. (Je crois qu'il a d'ailleurs toujours pas compris que j'avais saisi qu'il disait ça pour plaisanter.)
Après coup je me suis même demandé si c'était vraiment sexiste.
Du coup je venais partager mon énervement, et vous demander un peu votre avis aussi.^^

 

[MamieCaro]

j'essaye de ne pas voir les genres dans mes relations, dans ma vie personnelle, proche, pour ne pas accentuer ces rouages...)

Ben, si... faut bien que tu les voies (c'est-à-dire que tu aies conscience du genre de la personne en face de toi et que tu le gardes à l'esprit pendant tes interactions avec eux) pour ne pas accentuer les clichés existants ?

Il y a une différence entre voir et prendre en considération les genres d'un côté et renforcer les stéréotypes et les rôles genrés de l'autre. Le premier n'implique pas le second.

Prendre en compte le genre, ça peut par exemple être conscient des blocages que certains ont internalisé à cause de leur éducation genrée. Comme quand je dis aux filles ici "arrêtez de vous excuser de parler"... C'est quelque chose que je n'ai jamais eu à dire à des garçons. Avoir conscience du fait que c'est un problème très lié au genre est nécessaire pour le traiter de façon efficace. Si je dis juste "les gens doivent avoir plus confiance en eux", c'est vrai, mais ça masque le vrai problème - en l'occurrence, le fait que les filles soient socialisées dans l'optique d'être polie et silencieuses, et d'écouter plutôt que de parler.

Réciproquement, si tu as un pote dont tu sens qu'il est malheureux mais qu'il n'ose pas se confier, tu peux penser que c'est peut-être la pression sociale ("un mec ça pleure pas", "parler de ses émotions, c'est un truc de gonzesse"), et l'encourager à dépasser ces blocages et à rejeter le rôle d'homme fort qui lui est assigné pour l'amener à se confier sans réticences. (EDIT : et dans ce cas de figure, ne pas lui dire qu'il doit refuser d'être un homme, ou que tu le considères comme agenre, mais bien que parler de ses émotions ne remet pas en question le fait qu'il est un homme - simplement lui ouvrir la panoplie de comportements possibles à l'intérieur de son genre.)

Récemment, une collègue me racontait un cas de harcèlement de rue qu'elle a subi, et disait "c'est dingue comme y a des gens qui se croient tout permis", et je lui ai dit "... tu es consciente que c'est du sexisme ? Que le gars pense qu'il peut t'emmerder parce que tu es une fille ?" et elle n'a pas vraiment relevé - je n'ai pas insisté parce qu'elle avait surtout besoin de parler et de vider son sac, mais elle déconnectait complètement ce qui lui était arrivé d'une histoire de genre. Alors que c'était le cœur du problème.

 

[FautPasPousser]

@MamieCaro et @superoroborus

J'avais zappé cette vidéo, je lui ai envoyé le lien direct du coup ! Merci bien

Le féminisme en couple, fiou, parfois c'est épuisant. Mon copain était plutôt du "bon côté" mais parfois avec de vieilles reflexions ... J'alternais. Parfois, trop flemmarde, je faisais mine de ne rien entendre pour éviter toutes étincelles, parfois je respirais profondément pour me lancer dans un débat argumenté avec calme et sourire, et parfois je m'emballais avec les mains qui tremblent et la voix qui déraille ... Je me souviens une fois d'être parti me cacher pour pleurer dans la salle de bain. Pas tant parce qu'il faisait preuve d'un sexisme virulent, mais parce qu'on discutait de ce qu'est le féminisme pour moi ; il avait du mal à en saisir l'importance. Un peu comme si c'était ma passion du moment, comme les raclettes hivernales.

(Héhé après 3 ans de lectures sous marines, je viens juste pour raconter ma vie )

 

[Taina.]

@nameo : il m'est arrivé la même chose récemment avec un pote.

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(ne pas citer)

 

[Altahina]

@Taina. Ce qui m'énerve le plus c'est quand j'ai l'impression qu'ils refusent ne serait-ce que d'essayer de comprendre en quoi ça pourrait être sexiste et vexant...

 

[Taina.]

Surtout quand tu prends le temps d'expliquer en quoi c'est sexiste, et que les gens restent bloqués sur :" c'est une blague, faut avoir de l'humour, bla bla bla.."

 

[BreakYourself]

J'ai le problème souvent avec mon frère "vous les femmes..." et il ne comprend pas quand je lui dis que d'une part c'est sexiste et d'une autre part c'est général. C'est fou de toujours dire que "toutes les filles aiment le rose" "toutes les filles sont chiantes pendant leur règle"... J'ai l'impression d'être un panier de personne et non UNE personne avec UNE personnalité.

Je voulais aussi soulevé un problème classique du sexisme (et du slut-shaming). Je pense que ça à du être abordé mais je n'ai pas eu le courage de tout lire ayant été absente sur le forum quelque temps (examens !!).
Ce qui me choque c'est que j'ai remarqué chez beaucoup de fille et notamment chez moi aussi, le refus d'être trop féminine, trop maquillée, par peur du regard plein de sous entendu des hommes, et par peur du regard plein de critique des filles qui justement n'assume pas cette féminité. Je ne dis pas que toutes les filles doivent être féminine, loin de là, chacun son style ! Simplement que beaucoup de fille aimerait être plus féminine mais n'ose pas par peut du jugement des hommes mais aussi des autres femmes.
Je ne comprends pas qu'on puisse en arriver là parce qu'une femme porte une jupe ou du maquillage. Ça me dépasse.

 

[MamieCaro]

Je voulais aussi soulevé un problème classique du sexisme (et du slut-shaming). Je pense que ça à du être abordé mais je n'ai pas eu le courage de tout lire ayant été absente sur le forum quelque temps (examens !!).
Ce qui me choque c'est que j'ai remarqué chez beaucoup de fille et notamment chez moi aussi, le refus d'être trop féminine, trop maquillée, par peur du regard plein de sous entendu des hommes, et par peur du regard plein de critique des filles qui justement n'assume pas cette féminité. Je ne dis pas que toutes les filles doivent être féminine, loin de là, chacun son style ! Simplement que beaucoup de fille aimerait être plus féminine mais n'ose pas par peut du jugement des hommes mais aussi des autres femmes.
Je ne comprends pas qu'on puisse en arriver là parce qu'une femme porte une jupe ou du maquillage. Ça me dépasse.

Y a plein de problèmes sous-jacents là-dedans, notamment :

[ol]
[li]L'idée que les femmes sont censées être "en compétition" pour le regard des hommes (et pour tout le reste en fait).[/li]
[li]L'idée qu'une femme "trop" féminine (ah, la joie des injonctions contradictoires : sois sexy mais pas trop) se met elle-même dans une position de vulnérabilité : faut pas s'étonner si elle se prend des remarques déplacées, faut pas s'étonner si elle se fait harceler, etc.[/li]
[/ol]

Pour le point 1, je me fais une joie de faire de temps en temps des compliments aux femmes autour de moi, et même au boulot. Ce qui est un peu contradictoire avec l'idée que les compliments sur le physique ou la façon de s'habiller peuvent être une forme de sexisme (même si je fais de temps en temps des compliments d'ordre vestimentaires à mes collègues masculins aussi), mais d'une part je ne le fais pas trop souvent, et d'autre part, je le fais un peu de façon intentionnelle, je l'avoue : j'envoie ainsi un message "je ne suis pas menacée par le fait que tu sois jolie".

Ça me fait penser à une remarque de la part d'un pote. Je joue dans une troupe de théâtre amateur, et cette année, notre metteur en scène écrit la pièce pour nous. Il s'agit de femmes dans le milieu professionnel qui subissent un team-building, un truc de manipulation abjecte - et à la fin, les femmes déjouent le truc, restent solidaires et se barrent de la boîte. Eh bien un des mecs a trouvé bon de dire qu'il ne trouvait pas ça crédible que des femmes ne profitent pas de la situation pour se marcher dessus. Je l'aurais bouffé.

 

[Saphiah]

@brokenarrow, @mamiecaro : Pour ma part, c'est depuis que j'ai développé mon féminisme et que je ne crains pas de me dire féministe, que j'ose porter tout ce qui est associé au féminin (maquillage, talons hauts, robes, etc.).
Jusque-là, c'était quelque chose qui me plaisait et que je voulais faire, mais je m'auto-censurais : d'une part parce que j'avais peur d'être vue comme superficielle, tentant de jouer de mes charmes plutôt que de mes compétences, et d'autre part, parce que j'avais moi-même assimilé ces idées reçues voulant que féminité (culturellement) équivalait à frivolité.
Bref, pour moi, je devais adopter le modèle culturel masculin (sobriété, pas ou peu de maquillage, surtout pas de robe, etc.) pour être prise au sérieux et pour être du côté de l'égalité homme-femmes. Et je partageais d'ailleurs les opinions d'"amis" de l'époque selon lesquelles il y avait d'un côté les "filles", qui étaient superficielles, obnubilées par leur apparence, la mode, etc., et qui donc jouaient le jeu de l'inégalité hommes-femmes, et de l'autre, les "femmes", qui avaient réussi à dépasser leur rôle genré construit par une société sexiste en rejetant toute marque de "féminité". Du coup, je prenais comme un compliment le fait qu'ils me disent que je n'étais pas comme les autres filles, que j'avais compris le sexisme de la société et et m'y opposait, etc. 
Ce qui m'avait induite en erreur pendant un moment est qu'ils disaient aussi des hommes trop "masculins" la même chose ; or, il s'agissait finalement de classisme : était visé l'archétype du "beauf" aimant le foot, la bière et les voitures.
C'est plus tard que j'ai compris la misogynie, le sexisme et le paternalisme qui se cachaient derrière ces idées : "Ce qui est féminin est superficiel, est contraire à l'intellect, et nous te félicitons d'avoir adopté nos codes culturels masculins, seuls dignes de respect. Nous, grands hommes blanc cis hétéros, te validons et t'admettons dans notre club, habituellement fermé à la masse des filles, que nous méprisons."

 

[Saphiah]

Encore un réveillon où l'on n'a pas pu s'empêcher de me faire passer pour la féministe aigrie et rabat-joie ! 

Voici le diagnostic : je ne serai jamais heureuse si je ne décide pas une bonne fois pour toute qu'on vit dans une société patriarcale, que ce n'est pas prêt de changer et que je dois m'y faire !
On me concède le droit d'analyser le sexisme dans un cadre académique, mais surtout pas en dehors du travail ou des études : il ne faudrait quand même pas que je gâche la joie de tout le monde en relevant tous ces "détails" sexistes ! Pourquoi faut-il toujours que je prenne mon microscope pour analyser au détail près le sexisme de la société ? Ok, ça me saute aux yeux, mais c'est parce que le féminisme m'a bourrée le crâne ! Il faudrait que je m'en défasse un peu et que je rie de bon coeur plutôt que de passer mon temps à faire des leçons de féminisme ! Sinon, je vais me retrouver toute seule, sans amis, à déverser ma haine !
Et puis, il faudrait que j'apprenne à apprécier les hommes et à ne pas leur en vouloir pour tout : chaque femme a besoin d'une présence masculine pour l'épauler. Après tout, on sait bien que les féministes sont de vilaines misandres qui cherchent à installer un matriarcat !
Et surtout, c'est moi qui crée des catégories "femmes" et "hommes" opposées, la société n'y est pour rien, voyons : il faudrait que je commence à me considérer comme un être humain à part entière et non pas comme une femme. Comment ça, les femmes et les hommes sont soumis à des normes différentes dans notre société ? Ok, un peu, mais si je décidais de ne me voir que comme une personne, je ne serais plus victimes de discriminations sexistes ! Evidemment, si je parle tout le temps de féminisme, je vais passer pour l'agressive de service et je n'arriverai à rien comme ça : il faut être douce et diplomate. Je n'ai qu'à prendre exemple sur la directrice générale de Pepsico : il ne tiendrait qu'aux femmes de réussir professionnellement si elles le voulaient, mais elles préfèrent rester à la maison s'occuper des enfants, contrairement aux hommes qui ne supporteraient pas de rester enfermés entre quatre murs ! Et les autres sont bien évidemment rembarrées parce qu'elles dénoncent le sexisme et voit tout en tant que femme : c'est de leur faute !
Et vous savez quoi ? Il est tout à fait normal de demander aux femmes en entretien d'embauche si elles comptent avoir des enfants : c'est pour tester leur réaction être sûr qu'elles ne sont pas trop agressives !
 

 

[MamieCaro]

Big-up général à toutes les madz qui ont/vont essayer de parler sexisme et féminisme en ces périodes familiales !

Pour ma part, j'ai eu une discussion assez intéressante avec le copain de ma sœur, qui essayait vraiment de comprendre mes arguments, et qui même quand il n'était pas d'accord avec moi, m'écoutait vraiment. Il reste sceptique sur le fait que les hommes et les femmes subissent des normes de beauté déséquilibrées, et pense que les normes de beauté imposées aux femmes viennent surtout... des femmes elles-mêmes (journaux féminins, etc). Il reconnaît qu'on vit dans une société égalitaire, mais pense que la société évolue spontanément et que ça va se régler tout seul progressivement. Ce qui m'a fait penser à ceci :

"Les femmes actives (80 % des femmes de 25 à 49 ans) font pour la plupart une double journée, les tâches ménagères, du soin et de l’éducation des enfants étant encore très inégalement réparties (80 % sont prises en charge par les femmes, deux tiers si on ne considère que les femmes actives). Au rythme où ça avance depuis 20 ans, il faudrait attendre encore… 900 ans pour que ce partage soit équitable – à moins qu’il n’atteigne lui aussi un palier, comme l’écart entre les salaires." Source : Pourquoi nous avons besoin du féminisme en France au XXIe siècle

Bref, la discussion était intéressante, il reste sceptique, mais c'était agréable d'être au moins écoutée. Et le reste de la famille écoutait aussi... Je répands doucement la bonne parole !

 

[Pinceau_]

Et vous savez quoi ? Il est tout à fait normal de demander aux femmes en entretien d'embauche si elles comptent avoir des enfants : c'est pour tester leur réaction être sûr qu'elles ne sont pas trop agressives !
 

Cette dernière phrase, c'est vraiment la cerise sur le gâteau !!!

Bah tu sais quoi ? Ton message me fait vachement de bien. Ça résume vraiment ce que la société attend de la femme, et parfois moi-même je me dis que "je pinaille sur des détails", mais te lire comme ça, ça me rappelle que non, ce ne sont pas des détails.

Courage !!!  

Et Courage à toutes les madz qui ont souffert pendant les fêtes, déjà au quotidien c'est pas évident d'être féministe, mais alors que notre propre famille nous mettent des bâtons dans les roues, pff...