Alors, j'arrive en plein milieu du débat, ce sujet me touche particulièrement, et je suis très contente de le voir abordé d'une telle manière sur un forum dont ce n'est pas le thème principal. Pour la simple et bonne raison que je ne me retrouve pas toujours dans les propos de certains vegans. J'ai donc envie de partager ma petite expérience avec Aero-Stole et avec les autres personnes qui se posent des questions !
Je n'ai pas encore eu le temps ni le courage de lire l'intégrale des commentaires, désolée donc si je répète certaines choses ou que je repose certaines problématiques déjà abordées ... je ne ferai que donner mon avis ! Et comme c'est mon premier message, il sera sans doute un peu déstructuré, mais j'apporterais volontiers plus d'explications sur certains points si vous le souhaitez !
Dans ma famille, on a toujours mangé de la viande, et personne ne se posait vraiment de questions. Si on voyait un reportage sur les abattoirs et la condition animale, cela chagrinait beaucoup mes parents, mais ça n'a jamais été une cause de remise en question. Mais, j'ai tout de même été sensibilisée à la cause animale depuis toute petite : chasse, fourrure, animaux abandonnés, cirques ... autant de thèmes et de comportements que l'on ne supporte pas autour de moi. Du coup, je n'ai jamais pu accepter que l'on fasse du mal aux animaux, même beaucoup plus tard en lisant les arguments des "pro-chasse" etc.
Bref, je faisais tranquillement ma vie d'omnivore jusqu'à cette période où, n'ayant aucune autre activité que celle de trainer sur internet du matin au soir, j'ai commencé à me renseigner sur ce qu'il y avait dans mon assiette. Vous dire exactement quand j'ai eu le déclic et pourquoi m'est impossible, je pense que c'est une réflexion qui a pris du temps, au fil de mes recherches et de mes larmes.
Après avoir compris qu'on nous faisait avaler des produits chimiques par tonne, j'ai vu des videos abordant la condition animale dans les élevages, de la cruauté des hommes envers eux, de leur exploitation. J'ai lu, et je lis encore, des articles ou des livres traitants du sujet. Par exemple, j'aime beaucoup
L'Ethique Animale de Jean-Baptiste Jeangène Vilmer parce qu'il ne veut pas nous convaincre, mais nous faire réfléchir sur tout un tas de concepts. Ce que j'apprécie particulièrement car, comme la plupart des personnes, je n'aime pas qu'on me force la main, qu'on m'oblige à prendre des décisions qui risquent de changer ma vie et mes relations d'une manière presque irréversible.
Au fil de mes recherches donc, j'ai commencé à bannir certains aliments, comme le foie gras. Les bêtes sont clairement torturées et je ne comprends pas comment on peut oser prétendre le contraire. De là, j'ai commencé à comprendre la mauvaise foi (sans mauvais jeu de mot) des éleveurs, des industriels, des commerçants, des politiques, et bien entendu de certains consommateurs. J'ai également arrêté de manger des œufs élevés en batterie, uniquement des bios élevés en plein air. Je n'ai plus jamais mis les pieds dans un fast-food non plus.
Je n'étais pas encore totalement convaincue par une alimentation végétarienne, car je me posais tout un tas de questions, notamment sur ma santé. On entend tellement de choses sur les végétariens et vegans que, quelque part, j'avais peur de me mettre en danger. Jusqu'à ce que je découvre une conférence de Gary Yourofsky. Pour les intéressé(e)s, elle se trouve très facilement sur Youtube, elle s'appelle "
Le discours le plus important de votre vie". Et pour le coup, il l'a été pour moi ! C'est ce qui m'a définitivement convaincue d'arrêter de manger de la viande. J'ai été vérifier les sources bien entendu, puis je me suis renseignée sur la valeur nutritive d'autres aliments (légumineuses, soja, quinoa ...) et je me suis rendue compte que devenir végétarien, ce n'était pas si compliqué !
Voilà maintenant un peu plus d'un an que je n'ai pas touché un morceau de viande, et quelques mois que j'ai arrêté le poisson également. Depuis ce temps, je n'ai plus jamais été malade, ce qui peut paraître anodin, mais jusque là je passais mon temps à attraper rhumes, bronchites, maux de ventre et compagnie au moins une fois tous les deux mois, et ça durait au moins 15 jours. Autant dire que je savoure un peu plus la vie ! Question repas, je me régale, et je ne me prive jamais d'un bon burger ou d'un bon plat de lasagnes grâce aux steaks de légumes ou simili-carné. J'aime bien manger et je ne me prive pas, mes plats sont juste un peu moins gras, et moins salés … J'évite la nourriture industrielle, parce qu'ils utilisent des composants animal comme les œufs en batterie par exemple. Je n'ai jamais été une grande amatrice de bonbons, mais je n'en achète plus du tout parce qu'il y a du porc dedans. J'ai tout un tas d'exemples qui font crier mon entourage, haha.
D'ailleurs, c'est ce qu'il y a de plus difficile lorsque l'on devient végé, le regard des autres. Ça commence par tes proches qui te prennent pour une illuminée, qui pensent que ce n'est qu'une « passade ». Puis ils essaient de te faire peur en disant que tu seras carencée. Ensuite ils essaient de te convaincre avec des arguments type : « les hommes sont carnivores, ça a toujours été comme ça, c'est la chaîne alimentaire ». Et enfin, on se moquera de toi en imitant le cri d'une carotte que l'on coupe en rondelles. Et avant de devenir végé, je n'aurais jamais cru que cela puisse limite devenir un « calvaire ». Il faut tout le temps être sur la défensive, comme si nous étions inférieurs aux mangeurs de viande, et encaisser les remarques et les blagues débiles parce que l'on a une alimentation différente. Il faut toujours expliquer ce choix, comme si nous avions à rendre des comptes, et se lancer automatiquement dans des débats qui ne mèneront nulle part sauf à une conclusion de type « j'aime les animaux mais j'aime trop la viande, je ne peux pas m'en passer ». Je me demande si les gens ont conscience de ce qu'ils disent dans ces moments là …
Je reste cependant très nuancée lorsque je parle de cela à des personnes qui semblent sensibles à la cause. Je leur dis de ne pas arrêter totalement leur conso de viande, mais de simplement la ralentir, et de mieux choisir. Parce qu'il n'y a rien de pire que les élevages en batterie, et selon moi c'est ce contre quoi il faut se battre aujourd'hui dans l'agro-alimentaire. Et c'est là que je ne me fais pas d'amis dans le milieu des végés ! Seulement j'ai l'intime conviction que ce n'est pas en « forçant » les gens à consommer différemment que l'on va changer les choses, mieux vaut informer et diffuser largement que d'être agressif envers quelqu'un qui n'a sans doute aucune idée de ce qu'il se passe avant que son steak n'arrive dans son assiette. Ni de ce qu'il se passe dans les coulisses d'un zoo, d'une animalerie, d'un laboratoire de cosmétiques, d'un parc aquatique etc etc … Il y a tellement à faire qu'il peut être parfois compliqué de savoir par où commencer. Des amis sont devenus végétariens suite à ma propre décision, ils étaient curieux et ont vu d'eux-mêmes ... Ne pas être sensible à la souffrance animale, ce n'est pas être humain pour moi. Et je suis catégorique sur ce point, les gens qui s'en foutent de tout mise à part leur petit confort n'ont pas mon respect.
Porter de la fourrure ou continuer d'acheter des marques qui testent sur les animaux lorsqu'on
sait la souffrance et l'horreur que subissent les animaux, c'est soit être complètement insensible ou juste n'en avoir rien à cirer. Dans les deux cas, je ne peux pas rester calme. Autant l'alimentation est un sujet où je suis plus ouverte, de même pour les médicaments où là il faut agir directement auprès des labos en faisant pression et en rejoignant des groupes militants, mais les choses qui ne sont vraiment pas importantes pour vivre comme le maquillage, non, désolée.
Moi je n'en suis qu'aux débuts, et je continue de changer mon alimentation et mes habitudes de consommation (éviter d'acheter du cuir, n'acheter que des cosmétiques cruelty-free par exemple …). Je ne sais pas si je deviendrais vegan un jour, j'avoue que c'est un cap un peu plus difficile à franchir. J'ai rencontré les parents de mon copain il y a peu, il a fallu leur expliquer pourquoi ce choix, et même s'ils n'ont eu aucun mal à l'accepter je n'aurais pas pu dîner avec eux si j'avais été vegan. De ce fait, d'autres témoignages de vegans m'intéressent beaucoup, j'aimerais savoir comment vous gérez ça au quotidien …
Pour terminer, une petite photo d'un artiste vegan, Maxime Ginolin, qui résume pas mal de choses