@copaulette : Le problème c'est que selon quel type de recherche on fait, on en pourrait même pas le faire sur des humains. Par exemple, si on veut tester un médicament pour une maladie rare, pour savoir s'il est efficace, on devrait le tester sur des gens déjà malades. Et y'a pas forcément assez de gens malades (sans compter le fait qu'ils ne seraient pas tous d'accord pour un traitement expérimental) pour tester plein de molécules à la fois, ou même une seule. Donc, on testerait maximum un type de traitement à la fois, ça ralentirait le processus pour obtenir le traitement final alors qu'avec les animaux plusieurs équipes peuvent travailler en même temps sur des stratégies différentes. Y'avait eu ce problème pendant l'épidémie d'Ebola par exemple, j'avais écrit un essai là dessus. Au final aucun essai clinique humain n'était véritablement valable car fait à des échelles trop petites.
Ou alors si on veut travailler sur un traitement préventif, c'est plus compliqué aussi. Je vais parler de l'arthrite parce que j'ai eu une conf dessus récemment (
) mais c'est valable pour plein d'autres maladies. Pour l'instant, les chercheurs ont a leur disposition des lignées de souris destinées à déclarer la maladie à un certain point de leur vie, dans des proportions similaires pour toutes les souris (par contre je sais pas si c'est quelque chose qui a été introduit chez elles ou si c'est une population qui a eu ce problème naturellement
). Donc, ils peuvent donner différentes molécules à la souris, et voir si l'arthrite apparait, et dans quelles proportions par rapport aux souris qui n'ont pas de traitement, pour voir si le préventif est utile ou non. Chez des humains ce serait plus difficile d'évaluer ça, parce qu'on a pas encore de méthode pour dire si une personne aura de l'arthrite ou non, et à quel point elle sera atteinte (enfin, je crois pas, si quelqu'un a plus d'infos je suis preneuse
), donc même si on donnait un traitement préventif à une partie de la population, ce serait plus difficile de savoir si y'a vraiment un effet, à part en comparant l'incidence d'arthrite dans la population globale et dans le groupe testé, mais ça ne permettrait pas forcément d'évaluer si le traitement permet une diminution de "l'intensité" de la maladie, parce qu'on ne sait pas à quel point cette personne aurait été atteinte sans le traitement. Alors que les souris de labo sont génétiquement assez homogènes, et leur environnement est identique, donc on peut vraiment comparer la souris 1 à la souris 2, alors que dans un essai clinique, on peut pas vraiment comparer personne 1 et personne 2 parce qu'elles sont très différentes. Je sais pas si je suis très claire.
Mais si j'ai bien compris ton point de vue, même ces raisons là ne seront pour toi pas une justification à l'expérimentation animale non ?
(Je dis ça sans moquerie hein
J'arrive pas à formuler ma phrase sans que ça aie l'air d'un reproche ou d'un truc insultant. J'essaie juste de comprendre ton raisonnement.
)
Après, y'a des solutions qui commencent à émerger, par exemple maintenant on arrive à re-différencier des cellules, donc pour la recherche sur la myopathie par exemple ça peut être super intéressant. Au lieu d'utiliser des animaux génétiquement modifiés pour être atteint de myopathie, on peut prélever des cellules de gens malades (genre de la peau, ou un truc facile à obtenir et pas trop douloureux), puis les manipuler en laboratoire pour les "transformer" en cellules musculaires. Bam, on a directement un modèle humain, atteint de la forme exacte de la maladie qu'on cherche à soigner ! (parce que des fois, les modèles animaux sont un peu trop "simplifiés" par rapport à la vraie maladie, d'où certains échecs observés en phase clinique alors que la phase pré-clinique avait l'air super prometteuse.) Donc on avance dans le bon sens, et si les législateurs suivent, on pourra peut être se passer totalement d'animaux dans le futur.
@Thihaly : J'aime bien ce site, je le trouve assez objectif et modéré (contrairement à d'autres articles qu'on m'a déjà envoyés à ce sujet et qui étaient plein de bêtises
).
Pour ta question : je ne pense pas qu'un médicament soit re-testé après mise sur le marché, tout simplement parce que les tests, ça coûte cher donc on évite d'en refaire si ça a déjà été validé.
Je sais qu'on demande de nouveaux tests si le médicament semble avoir une autre application thérapeutique et qu'on veut une autorisation pour cette application aussi. Mais dans ce cas là, j'imagine que les résultats de toxicité des précédents tests sont toujours valables et qu'on passe directement à l'efficacité, donc peut être directement en phase clinique ?
Par contre, si le fabricant propose une nouvelle insuline un peu modifiée, on repasse par la case départ, donc par tous les tests oui.
Et c'est souvent le cas, parce qu'au bout d'un certain temps le brevet tombe dans le domaine public, donc les big pharma vont ressortir une molécule qui ressemble un peu mais pas tout à fait, donc obtenir un nouveau brevet et ensuite clamer partout que cette nouvelle molécule est meilleure que l'ancienne pour augmenter les ventes. (Bon si c'est pas le cas normalement elles ont pas l'autorisation de mise sur le marché, on est censé pouvoir prouver que le nouveau traitement apporte un bénéfice par rapport à ce qui est déjà disponible. Dans les faits je sais pas comment ça marche exactement). Et dans le cas de l'insuline, les brevets sont assez importants, le diabète et autres maladies chroniques et fréquentes comme celles là, c'est la mine d'or des boites pharmaceutiques, donc quand une boite perd un gros brevet comme ça elle va chercher à compenser très vite avec une nouvelle molécule.