Je suis tombée sur elle par hasard, au détour d'un rayon. Elle ne paye pas de mine, pourtant. On aurait pu ne voir qu'en elle un fruit, des plus banal.
C'est une jolie prune, toute ronde, à la peau presque transparente. Elle est toute douce et ferme, plus grosse que ses cousines, elle pèse dans ma main, elle y existe, elle s'y love.
Elle a la couleur d'un matin de printemps, rose et doré. On dirait une petite lumière dans mon frigo, un petit soleil. Elle me fait penser à un sourire, à une caresse.
J'ai peine à la manger tellement elle est jolie, ma petite prune, mais quand mes dents se plantent, et que son jus coule comme un ruisseau qui chantonne, le goût déposé sur ma langue me projette dans mon passé le plus doux. Elle m'emmène, ma petite prune, du côté du jardin de Papy, là où il fait bon le soir, l'été. Là où mon coeur reste encore, entre les arbres fruitiers.