Voilà un texte très personnel , vous comprendrez en le lisant. Je ne suis pas satisfaite à 100% et certaines expressions québécoises peuvent vous échapper.
Une salope. Une pute. C'est comme ça que tu m'as appelée. J'étais une salope, pour le simple crime d'en avoir désiré d'autres avant toi. Ce que tu ne savais pas, c’est que j’en désirerai d’autres, toujours plus fort, je serai toujours plus insatiable. Ces désirs qui avaient assaillis ma peau par le passé, l’assaillaient et l’assailliraient encore. Ces désirs, je me mourrais de les consumer. Une peau contre la mienne, milles peaux pour effacer l’odeur de la tienne sur mon corps. Le dégoût de soi, je le voyais dans tes yeux, ce dédain. Je l’ai avalé tout rond et en ai fait le mien. Ce jour-là, quand tu m’as jeté ces mots imprégnés de mépris au visage, la colère a inondé mon corps, a crispé ma mâchoire. J'étais furie, j'étais humiliation. Nous étions dans la rue, nous allions au dépanneur. Des gens ont entendu, j’ai acheté le paquet de croustilles que je désirais tant et je te les ai explosés au visage. J'aurais dû te foutre mon poing dans la gueule. J'ai crié, j'ai hurlé. Une hystérique, une crisse de folle. J'ai hurlé avant de déguerpir à toute vitesse, enfourchant mon vélo comme si ma vie en dépendait. J’aimerais pouvoir dire que je ne suis pas revenue, que je ne t'ai pas cru. Une idiote, dis-je. J’aimerais pouvoir dire aussi que c'était la première fois que j'aurais mieux fait de partir. C'était au moins la centième fois. La première fois, je ne sais plus c'était quand. J'aime mieux ne pas savoir. Ces disputes au milieu de la nuit où je pensais réellement que l'un de nous allait tuer l'autre. Et pourtant je restais, je restais dormir parce que je ne voulais pas que mes proches devinent ma faiblesse, qu'ils veuillent m’aider, qu'Ils soupçonnent ma souffrance. Tant qu’ils croyaient encore que j’étais cette fille, la file forte, la fille heureuse. Celle qui a le don de voir la lumière dans l’obscurité, celle qui écoute et soutient mais se tient toujours debout. J’ose croire que cette fille-là, malgré tout, j’ai su l’être, grâce à eux, grâce à leurs rires, à leurs sourires. J’ai su danser dans la nuit quand tu ne me regardais pas, je savourais mon bonheur loin de ton regard. Un coquillage, gris et terne avec toi, ta présence jetait un voile sur mon nacre qui accrochait la lumière loin de ton ombre. Je ne parviens pas à comprendre comment j’ai pu ne pas le remarquer. La fois où tu m'as saisie par les cheveux. La fois où j'étais une pute pour avoir embrassé une fille et ne pas te l'avoir dit, avant de te rencontrer. Ces fois-là ressortaient du lot, le gros lot de toutes les fois où tu me disais de me taire, où tu me disais que j'étais conne. La fois où on était tous au restaurant, où tu discutais. Où j’ai manifesté mon désaccord. Où tu m’as dit TA GUEULE, devant tout le monde. Où tu m'as dit que tu ne t’adressais pas à moi, que personne n’en avait rien à foutre de mon opinion. Ces fois-là ont ouvert la boite de Pandore. Toute la noirceur du monde a entaché mon esprit innocent, tu m’as fait voir la laideur de mon âme, la faiblesse qui m’habitait. J’ai vu mon échine se courber. J’ai rencontré ma peur insurmontable, la solitude qui m’a maintenue attachée à toi. J’ai vu mon indépendance et ma fierté se terrer en moi, n’ayant plus d’espace où fleurir. J’ai ressenti la colère sèche. La colère a toujours été entremêlée de tristesse chez moi, là où jaillissaient les cris s’écoulaient les larmes. La colère sèche, elle, m’était inconnue. Celle qui enflamme les regards, qui rigidifie les membres, les mâchoires. La violence qui anime les membres, qui donnent la force et la volonté de tout casser. La honte et l’humiliation. La honte de rester malgré l’humiliation. La honte des regards curieux, la honte des disputes incessantes, la honte de toujours revenir malgré tout. La honte de ne pas avoir la force. La honte d’être victime. La fin de notre relation a été l’antithèse de tout ce qu’elle n’avait jamais été. Je me souviens bien, c’était un lundi. J’étais calme et sereine et j’ai écouté une de ces pensées qui s’agitaient en moi comme une flamme depuis des mois et que je tentais d’étouffer à coup de souffle d’espoir. Je l’ai écoutée et je me suis dit que je l’écouterais chaque jour jusqu’au lundi suivant. Que ce lundi, si chaque jour cette pensée demeurait la même, je partirais. Chaque jour, la flamme s’est épanouie. Le jeudi, un feu bienveillant jaillissait en moi, c’était fini. Dès le que feu s’est embrasé, les démons se sont tapis. La fille que j’étais dans le noir est revenue en pleine lumière. Plus forte et plus fière que jamais d’avoir su combattre le monstre sous le lit, le monstre dans le lit. Une fois ouverte, la boite de Pandore ne se referme pas. Le feu brûle et la fille danse, pendant que