Je suis également étonnée par le nombre impressionnant de madz non fumeuses.
Evidemment ce ne peut être que bénéfique pour votre santé donc j'applaudis.
J'applaudis mais je ne renie pas pour autant mon statut de fumeuse. Je ne me considère pas comme dépendante même si, aussi paradoxal soit-il, je peux parfois fumer plus d'un paquet par jour.
Le fait est que (même si je déteste la philosophie existentialiste) j'ai choisi ma condition de fumeuse. On ne me l'a pas imposé. Souvent les pseudos études socio-médicales établissent une corrélation entre les jeunes fumeurs et leurs idoles, j'ai nommé les stars, ou mêmes leur cercle familial.
Evidemment ces statistiques ne sont jamais absolues, puisque ne serait-ce que pour moi, mes parents n'ont jamais fumé, et je n'ai jamais voulu imiter qui que ce soit avec la cigarette.
Les raisons sont plus profondes que cette image superficielle. Je ne revendique pas pour autant mon exclusivité.
C'est pourtant assez troublant puisque l'image véhiculée par la cigarette de nos jours est fabriquée par deux entités opposées.
D'un côté je suis stupéfaite en constatant les "mesures préventives" que l'on retrouve sur les paquets de cigarettes illustrées par de ravissantes et convaincantes photos.
D'un autre côté je reste ébahie par le côté "glamour et hype" qu'une cigarette peut susciter dans l'imaginaire collectif. Il suffit pour cela d'avoir en tête des mannequins célèbres (Kate Moss pour ne citer personne) pour qui la cigarette signe même leur identité de soit disant femme fatale.
En bref l'industrie du tabac porte en elle-même sa propre contradiction.
Et les attitudes d'approbation et de déni sont également des modes suivant les siècles. Il faudra quand même attendre 1950 pour que les premières études prouvent la toxicité du tabac. Avant cela, rappelons nous donc Baudelaire et ses paradis artificiels, ou même encore les Indiens d'Amériques qui utilisaient le tabac comme plante médicinale...
Une véritable psychologie des foules, pour reprendre la terminologie de Gustave Le Bon, produit l'identité même de la cigarette.
(La question n'est pas de savoir si le tabac est nocif pour la santé, je ne suis pas stupide, je sais que oui. Mon propos veut juste souligner l'image catastrophique qui tend de plus en plus à s'imposer, mais comme le dit Ulrich Beck, ce sont les sociétés qui fabriquent la notion même du risque, qu'il soit réel ou non, peu importe. Cf le nucléaire avant Tchernobyl était source de jouissance)
Mais pour sortir de ce macrocosme tabagique et revenir aux raisons qui expliquent ma condition de fumeuse, je dirais qu'elles sont d'ordre affectif et personnel.
J'éprouve non pas un besoin de fumer mais une envie. J'aime avoir ces petits moments de plaisir, je ne saurais expliquer cette délectation, elle survient toujours dans un hic-et-nunc. C'est stimulant et reposant, ça me permet de m'aérer l'esprit.
Mon moment favori pour fumer se révèle être la nuit, sur un fond de musique jazzy,carnet à la main, je trouve cela très poétique...
ça me donne envie d'aller fumer tiens !