@Crépuscule Le temps fait son oeuvre, et même si j'ai eu à beaucoup en parler autour de moi (ne serait-ce que professionnellement quand j'échange sur le scénario avec d'autres du métier audiovisuel), on m'a toujours dit qu'on sentait une certaine émotion quand j'évoque tout ça. Mais ça n'est plus douloureux d'en parler ainsi, en partageant cette expérience. (pas de souci, à mon avis lorsque ça avancera je viendrai en parler ici
)
Alors c'est sûr qu'il y a plusieurs options et qu'il faut pouvoir les envisager, mine de rien, ça reste sain d'anticiper un maximum selon le choix qui est fait, ne pas se dire ensuite "tiens si j'avais mieux réfléchi/si j'avais su". On sent que ton côté raisonnable sait ce qu'il veut faire, mais que le côté émotion veut autre chose, et c'est vraiment difficile, je suis passée par là et je compatis 1000 fois.
Ce choix t'appartient et personne n'a à l'influencer, dans un sens ou dans l'autre. Je me permets juste de partager un peu ce que j'ai vécu, et te dire qu'aujourd'hui, je suis vraiment heureuse, et que même si j'ai très mal vécu cette IVG, même si j'ai mis du temps à m'en remettre, même si ça a profondément changé une partie de moi, je sais que j'ai fait le bon choix pour moi. C'était vraiment clair dès le début, si j'avais pu faire la méthode médicamenteuse le jour même où j'ai su que j'étais enceinte, je l'aurais fait sans hésiter. C'est ce délai qui a fait que j'ai fini, malgré moi, par m'investir beaucoup émotionnellement parlant, jusqu'à ne plus vouloir le faire, la veille de l'IVG. Une grosse bataille intérieure, entre ce qui était raisonnable, et ce que mon corps et mes émotions me disaient. Je ne vais pas te mentir : ça a été assez destructeur pour moi. J'ai quand même fait l'IVG pour une raison : mon compagnon de l'époque n'était pas du tout prêt et n'en voulait pas. Je me sentais de bouleverser ma propre vie, mais le fait que cette décision impliquait aussi d'autres vies (pour mon ex, je sais qu'il m'en aurait voulu toute sa vie de lui imposer une paternité, et on se serait séparés j'en suis certaine, pour mes parents puisque je ne vois pas quelle autre option j'avais que celle de retourner vivre chez eux) a agi comme une sorte de "garde fou". Outre le fait que je n'aurais pas pu offrir ce que je voulais à cet enfant (en terme de stabilité familiale, financière, émotionnelle), et que je savais qu'il y aurait plus de perdants qu'autre chose (l'enfant inclu), je ne me voyais pas rajouter des raisons de me culpabiliser et m'auto-flageller (alors que de base je suis déjà pas ma meilleure amie pour faire dans la litote).
J'étais calme et maîtresse de moi-même : j'en suis sortie colérique et assez impulsive. J'ai fait une grosse dépression (que je n'ai pas soignée, j'aurais peut-être dû être accompagnée d'un professionnel), j'ai failli vraiment m'auto-détruire, et puis j'ai commencé à aller mieux quand je me suis rendue compte que mon compagnon de l'époque n'était pas l'homme de ma vie, qu'on ne pouvait pas être heureux ensemble, et que l'IVG n'a fait que révéler des dysfonctionnements déjà présents dans le couple. Je ne sais pas ce qu'il en est du tien (même si vous êtes séparés), je me garderai de tout jugement, mais je pense qu'il faut te fier à ton instinct, et je suis aussi vraiment persuadée que si ce couple est fait pour marcher, il saura se remettre d'une épreuve comme l'IVG. Si ce n'est pas le cas, il ne pourra pas se remettre d'une grossesse menée à terme, et c'est un pari risqué que de se lier pour toujours à quelqu'un, parce qu'une fois que l'enfant est là, il n'y a pas de retour en arrière possible, et ça laisse libre cours à l'amertume et aux rancoeurs, et ce jusqu'à la fin de notre vie. D'où le fait qu'il faut que tu écoutes ton instinct, si tu penses qu'il est possible d'en tirer du bonheur, que le risque vaut la peine d'être pris, ça va pas nécessairement mal se finir. Il faut jauger avec les faits (la grossesse est non prévue donc plus subie qu'autre chose, le couple instable, le fait que tu te sentes pas en sécurité dans ce couple, ton envie d'indépendance et d'aller au bout de tes études, de ne pas dépendre d'autrui) et imaginer les options, et si tu serais en mesure de vivre avec les conséquences, dans le meilleur mais surtout dans le pire des cas. Il est important de rester pragmatique, à mon sens, ça reste mon avis, mais il faut s'imaginer dans 5, 10, 20 ans, et voir si on a envie de mener une vie qui ne correspond pas à ce qu'on voulait de base.
Je suis juste là pour te dire que je suis passée par là, par ce combat intérieur, que j'ai fait le choix de l'IVG, et c'est dur, c'est douloureux, ça change pas mal de choses, mais que 3 ans plus tard, ça ne m'empêche pas d'être heureuse et d'aimer la vie que je mène. Il n'en reste pas moins que c'est ton corps, ta vie, ton choix, et que quelle que soit la décision prise, ce sera forcément la bonne.
J'espère que je ne vais pas trop loin, n'hésite pas à me dire si tu n'as pas envie de lire tout ça, je me dis que personnellement j'aurais bien aimé qu'on me dise ce genre de choses, j'ai passé plusieurs mois à me dire que j'avais pas fait le bon choix et que j'avais fait la pire erreur de toute ma vie, et j'aurais aimé qu'on me dise "tu as fait le bon choix, parce que c'est le choix que tu as fait, et qu
'il n'y a pas de mauvais choix." Parce que c'est ça qui est vrai.
Plein de soutien pour cette période vraiment difficile