Chié, l'ironie
l'article sur les fake news qui transmet des fake news
Effectivement, beaucoup de collègues ont ri jaune en lisant tous ces articles qui se sont empressés de souligner l'incompétence de V. Burggraf, coupable d'avoir mal fait son boulot de journaliste et d'avoir relayé une "fake news". Cette erreur était évidente, c'est vrai. Les mensonges proférés par notre ex-ministre l'étaient beaucoup moins, parce que cela demande d'être "du métier". Les gens ne vont pas s'amuser à analyser dans le détail la réforme et ses conséquences, c'est normal. Par contre, ils peuvent en avoir un exemple dans l'établissement de leur enfant.
Petit exemple d'une communication bien huilée :
Quand NVB s'est exclamée "Mais que croyez-vous que font les professeurs de langues anciennes? Ils enseignent le latin et le grec, comme avant !" , elle passe volontairement et malignement sous silence :
- le fait que le service de la grande majorité des professeurs de lettres classiques comporte SURTOUT des heures de français, puis des heures de latin et/ou de grec ancien si cela existe encore dans l'établissement. Premier mensonge, donc : rares sont les enseignants de lettres classiques qui n'enseignent QUE les langues anciennes.
Pour prendre mon propre exemple, je n'ai que 5h de latin sur un service de 18h.
- le fait que les professeurs de langues anciennes n'existent plus vraiment, puisque le concours a été supprimé il y a quelques années. C'est con, maintenant que "grâce à la réforme, on propose ENFIN du latin à TOUS les élèves" ! Il y a une logique qui doit m'échapper... Non je déconne : ça a permis de faire de maigres économies et de refiler le latin aux enseignants de lettres modernes, absolument pas formés pour ça. "Vous avez appris le latin quand vous étiez au collège, non ? Ben vous êtes capable de l'enseigner, alors." Aaaaah, les économies...
- le fait que la réforme a supprimé des heures d'option latin, ce qui a forcément un impact sur le service des professeurs, sans parler de l'impact sur le contenu des cours.
Avant : l'option latin = 2h en 5e, 3h en 4e, 3h en 3e.
Maintenant = 1h en 5e, 2h en !'e, 2h en 3e.
Une perte de 3 heures sur 8.
Donc non, on n'enseigne pas les langues anciennes "comme avant". Nouveau mensonge.
Quand on te demande de faire en une heure par semaine ce que tu faisais auparavant en deux heures / semaine, tu te rends vraiment compte qu'on se fout de ta gueule. Elle a bon dos, la "démocratisation des langues anciennes".
- le fait, et c'est le plus grave, que ce fameux "EPI langues et cultures de l'Antiquité", qui "permet enfin de proposer du latin à TOUS les collégiens, au lieu de rester cette horrible option élitiste", n'a absolument rien à voir avec un cours de latin.
--> ça n'existe pas dans tous les établissements, c'est un choix du chef : bonjour l'égalité !
--> ça n'est pas forcément enseigné par un professeur de lettres classiques, ni même par un professeur de lettres. Lol. Allez, dès demain je monte un cours de musique. Ben quoi, j'ai appris Si, La, Sol à la flûte à bec en 6e, je suis ultra compétente non ?
--> ça ne doit pas être un cours de latin, mais avoir un vague rapport avec la langue ou l'Antiquité, en mélangeant plusieurs disciplines.
Qui oserait comparer ça à un cours de latin, uniquement consacré à cette discipline ?
C'est comme si on disait : "allez, on supprime le cours de français, c'est devenu trop élitiste. Et de toute façon, tout le monde parle français dans les autres cours. N'importe qui peut faire écrire les élèves en français." Hop, c'est réglé ! Et on peut dire avec un grand sourire que "tout le monde a enfin accès au français et à notre belle littérature".
Conneries.
Et là, si on ose me dire que c'est "un point de vue", et pas une démonstration concrète des mensonges de NVB, je ne sais plus quoi faire.