J'ai vécu plus ou moins la même chose. J'étais avec mon copain depuis 4 ans, j'avais un grand appart, tous les deux un job pas trop mal. Mais on était (et on ne l'est toujours pas) pas prêts à chambouler notre petit cocon, notre petite vie rien que tous les deux, on est juste trop bien pour l'instant. On veut choisir quand on en aura un, et si on en aura un d'ailleurs.
Mon cycle était tout chamboulé, parce que mon corps n'acceptait plus trop la pilule que je prenais depuis des années. Un oubli, et hop, enceinte. Mais je ne m'en suis pas rendu compte assez vite, seulement quand j'ai eu de grosses nausées, puis un retard qui devenait vraiment très inquiétant. J'avais du mal à croire que c'était ça. J'ai pleuré plusieurs fois. Je n'en ai pas parlé à grand monde. Mon copain m'a soutenue. Mes parents aussi. Ma mère, secrétaire médicale, a tout fait pour m'aider. J'en ai parlé qu'à quelques amies, elles ont compati, mais on n'en a pas parlé plus, sûrement sonnées.
Je n'en ai pas encore parlé à mon groupe de couples d'amis proches, un an après. Je n'ai pas honte, mais je ne sens pas la nécessité de ressasser tout ça.
Je n'ai pas eu à subir le délai de 7 jours, j'étais déjà allée au-delà du délai pour un avortement par médicament, opération obligatoire.
J'étais perdue à la clinique, dans la salle de réanimation, juste avant l'opération, personne ne s'occupait de moi, j'étais éveillée, entourée de dizaines de personnes endormies, c'était assez glauque. C'est le moment qui m'a le plus stressée. Je le classe juste avant l'attente pour la prise de sang (j'étais seule, horrible), et le moment avant l'opération, quand j'ai dû prendre un médoc pour dilater mon col de l'utérus, c'était tellement douloureux, et mon copain était impuissant à côté, c'était dur. J'ai passé deux journées un peu difficiles, maux de ventre, dans les vaps, un peu à fleur de peau. Et puis c'est passé. Je me suis dit que j'avais pris la bonne décision pour moi, pour mon copain, pour ma vie. Je ne suis pas triste, pas heureuse. Un peu blasée en fait. Je crois que j'aimerais bien oublier tout ça, mais je pense que c'est quand même important d'en parler, donc j'apporte ma pierre à l'édifice quand je le peux.
Des bisous à toutes les Madz qui ont vécu ou vivent cette situation