Ah ouais mais là...
D'accord avec le fait qu'il faut communiquer, établir des bases ensemble, tout ça. Oui. Bien sûr. Mais ça, on ne peut le faire que dans un climat de confiance et de non-jugement, et quant on voit comment évolue la perception de certaines choses (comme l'infidélité), on voit surtout que ce climat n'est pas acquis. Parce que si par défaut, une culture est capable d'inventer des concepts comme la micro-infidélité, ça nous dit deux choses :
1) l'infidélité c'est une horreur, c'est objectivement mal, pas de discussion possible. Ok. Du coup, ça veut dire qu'une personne qui aimerait bien avoir une relation un peu plus libre, mais qui est en couple avec quelqu'un qui réclame la monogamie absolue, doit forcément se soumettre au désir de l'autre ou se barrer, parce que sinon, ça serait demander à l'autre d'accepter de souffrir atrocement. Ca ne s'appelle pas de la négociation. Ca s'appelle imposer des règles.
2) n'importe quelle règle est considérée comme valable par défaut du moment qu'elle est consentie, peace and love et pas de jugement svp, même si la règle consiste à dire "je t'interdis toute vie sociale autre que superficielle en dehors de notre couple"... Ok, mais là on en revient au point 1 : dans une culture où on considère que l'infidélité quelle qu'en soit la forme revient à poignarder quelqu'un dans le dos et à étaler du caca dans la blessure pour que la personne meure dans d'atroces souffrances (QUOI je dramatise, quoi ?
), dire à quelqu'un "désolé-e mais ta vision de la monogamie est un peu rigide pour moi, on ne pourrait pas être un peu plus ouverts?" n'est pas quelque chose qu'on peut faire de manière apaisée (qui veut être soupçonné-e de réclamer une soi-disant ouverture d'esprit pour pouvoir avoir le beurre et l'argent du beurre ?).
Alors oui, dans des conditions comme ça, le mensonge arrive vite. Quand on commence à suggérer qu'il pourrait après tout être acceptable et raisonnable de demander à la personne qui partage notre vie d'arrêter d'être émotionnellement proche de qui que ce soit d'autre, et que ce n'est qu'une question de communication, on peut se retrouver à autoriser les gens à exiger ce genre de trucs. Super si les deux sont d'accord, moins si l'un des deux peut en venir à justifier sa jalousie par "mais il-elle a été micro-infidèle en rigolant plus fort à la blague de quelqu'un d'autre qu'à la mienne !" Aujourd'hui on n'irait pas imaginer qu'il pourrait être acceptable pour un mari de mettre de petites gifles à sa femme si celle-ci a dit qu'elle était d'accord sur le principe. Je propose donc solennellement qu'on garde collectivement un minimum de regard critique sur ce qu'on considère comme une exigence acceptable au sein d'un couple.