Moi aussi je suis "montée", comme disent certains, à Paris. Passer du département le plus rural de France à la grande ville fut plutôt enrichissant. J'ai l'impression d'avoir pu prendre le meilleur, les premières années. La vie culturelle sympa, la possibilité de pouvoir voyager partout pour pas cher (coucou paris dublin à 31 euros), les gens issus de milieux différents. J'ai fini par être "incorporée" à cette ville, je suis en couple bi-national avec un parisien pure souche (en vrai il est né à Neuilly, c'est encore pire). A la longue, cette ville est usante et de plus en plus artificielle. Je trouve que les endroits s'uniformisent : tout ce qui était un peu populaire et "pas dans la norme", qu'il s'agisse de bars ou de lieux culturels est en train de disparaitre au profit de lieux "uniformisés". Je me sentais pas à Paris dans mon quartier du XXe arrondissement (pardon je cite les arrondissements, je parle du coin tout à l'est et au nord de Paris, qui est moins cossu que le reste et plus multiple) qui ressemblait à un gros village, avec des vieux, des gosses, le dernier leader price du coin, des gens qui allaient en bas de chez eux boire un verre de vin pas cher etc. Tout ça change malheureusement beaucoup et renforce l'idée que Paris est une ville plutôt hostile, avec une exigence de "savoir être". Il suffit de regarder comment les gens sont habillés, les standards de mode sont quand même très spécifiques, tout le monde est vraiment dans une espèce de "pointe de la mode" perpetuelle qui doit coûter un bras, mais du coup s'habille pareil. Ca devient vraiment usant à la longue de voir cet endroit devenir uniforme, ses habitant devenir uniforme aussi. Ca dit des choses, sociologiquement, sur les grandes villes d'Europe et sur la gentrification, mais oui Paris ne représente plus rien en terme de diversité.
J'ai tellement envie d'aller vivre à Marseille ou les choses sont moins normatives. Je trouve ça difficile de se sentir étranger à Marseille, les gens vivent dans leur ville, s'en emparent, sont heureux. S'habillent comme ils veulent, sortent où ils veulent et ne sont pas mis dans des cas.