@Pelleas Merci beaucoup pour ta réponse!
Je trouve ton point de vue sur la vulgarité intéressant. Si je comprends bien, tu conçois la vulgarité comme une forme de subversion qui n'est ni plus ni moins légitime qu'une autre. Effectivement, de fait, la vulgarité permet de transgresser et force une réaction donc un débat. Peut-être que je vais te prêter une opinion qui n'est pas la tienne (n'hésite pas à me corriger si c'est le cas), mais j'ai le sentiment que tu considères la vulgarité presque comme une arme de lutte sociale parce qu'elle serait la seule accessible à ceux qui n'ont pas les moyens de transgresser autrement. En d'autres termes, la vulgarité serait accessible à tous et la disqualifier reviendrait à priver de subversion les plus démunis (économiquement et culturellement).
Je considère que, plutôt que de promouvoir la vulgarité comme émancipation accessible à tous, il vaut mieux rendre accessible à tous ce qui ne relève pas de la vulgarité. Peut-être même que tu es d'accord mais que tu considères ça utopique ou que tu considères la vulgarité comme une solution transitoire en attendant que tout le monde ait les moyens de s'exprimer autrement. En l'occurrence, je trouve dommage de mettre en avant ce clip qui conforte dans l'idée que la vulgarité est une subversion comme une autre. Le fait de faire polémique ne peut pas être une fin en soi.
Concernant tes questions sur l'Art, évidemment c'est un sujet trop vaste pour l'aborder en quelques commentaires, néanmoins si je devais résumer ce que je pense, je le dirais ainsi: Ça ne me plaît pas que, dans l'Art, l'idée précède le Beau. Plus exactement, je trouve toujours dommage que, dans le commentaire d'une œuvre, on se préoccupe davantage des idées, des revendications, des messages portés par l’œuvre que de sa valeur esthétique intrinsèque. Quand on parle d'une chanson, on ne parle plus de l'écriture des paroles, de la rythmique, de la composition musicale: on ne parle que du message véhiculé, de ce qu'il dit de l'époque, des idées politiques portées par le texte. La réflexion peut s'élargir à d'autres arts. Quand un film sort, on parle peu de la photographie, du mixage, de la lumière, des plans, de la réalisation: on ne parle que de ce que le film dénonce, du portrait fait de l'époque. Il suffit de voir la dernière cérémonie des César et les commentaires qui en ont été faits: on a parlé de tout, sauf de Cinéma.
J'ai le sentiment que le Beau est devenu secondaire dans l'Art alors que c'était selon moi sa fonction première. Le problème, c'est que ceci a été assimilé par des artistes qui sont souvent davantage préoccupés par le message qu'ils veulent faire passer que par le désir de réaliser quelque chose de beau, de transcendant, d'esthétique. Pour moi la chanson commentée dans l'article s'inscrit dans dans cette dérive: il faut faire passer un message sur la sexualité, sur la libération sexuelle, sur le féminisme, sur l'empouvoirement...mais finalement, le produit obtenu est-il beau? Est-ce que l'esthétisme a vraiment été une préoccupation? Ce n'est pas mon impression.
En résumé, selon moi, le Beau doit être une fin et non un moyen. Les idées sont au service du Beau, et pas l'inverse.