@lazaretto
Les deux ne sont pas incompatibles.
Et surtout ceux qui cherchent sur comment rendre la procédure indolore ne sont pas ceux qui travaillent sur la partie sociale/gestion. Donc c'est pas vraiment déshabiller Paul pour habiller Pierre.
Personnellement je me sens extrêmement démunie quand j'ai mal et dans une position de faiblesse angoissante.
A choisir je préfère être "mal accompagnée" (après tout ce ne serait pas le seul endroit) que d'avoir mal, parce qu'avec une douleur même moyennement intense je me sens démunie.
Mais oui autant améliorer tous les aspects de la grossesse.
Je ne suis pas d'accord avec plusieurs points soulevés ici.
Déjà, on ne peut pas séparer la mise en point d'une technologie (ici en l'occurrence, rendre l'accouchement indolore) et les aspects sociaux de cette innovation. Si un dispositif médical est conçu par des chercheurs, ça ne se fait pas indépendamment de différentes question : quelles femmes y auront accès, comment cette innovation va changer les infrastructures médicales, etc. Donc je pense (en fait ce n'est pas vraiment moi qui le pense, c'est un constat mainte fois démontré en sociologie des sciences) qu'il n'y a pas de séparation possible entre le développement d'un traitement en laboratoire et les répercussions sociales dans le "grand monde".
Allouer des financements pour rendre un accouchement indolore, c'est miser sur une forme de solution technologique à un problème d'inégalités sociales et économiques. Personnellement j'ai très mal vécu mes 3 premiers mois de grossesse (fatigue intense, nausées, déprime) mais mon souhait ne serait pas qu'on trouve un remède miracle contre cet état qui peut faire partie de la vie et de la grossesse. Ce que j'aurais aimé, c'est un dispositif qui me permette de me reposer sans culpabiliser vis-à-vis de mon travail et du retard que j'ai pris sur mon projet. Or, il n'existe absolument rien au niveau professionnel pour soutenir les femmes lors du 1er trimestre (moment où on est par dessus le marché censées souffrir en silence pour attendre les fameux 3 mois avant d'annoncer la grossesse...) Bon et je ne parle même pas du reste du monde où même l'accès à la péridurale est compliqué ; soyons honnêtes, si une solution médicale existait pour rendre l'accouchement indolore, elle serait vendue extrêmement chère par les labos pharmaceutiques et seulement les occidentales privilégiées en profiteraient.
Je préfère largement qu'on mette la priorité sur rendre ces moments plus doux, nous permettre de prendre le temps et d'apprendre à gérer/accepter les sensations désagréables, les sautes d'humeur, les douleurs... plutôt que de rendre la grossesse ou l'accouchement "indolores" et qu'en contre-partie (il ne faut pas être naïf) on nous demande les mêmes performances qu'en temps normal.
Et le point où je ne suis pas d'accord non plus (mais pour le coup c'est purement subjectif), c'est que ce soit même souhaitable que l'accouchement soit indolore. Autant qu'on fasse des recherches pour faciliter la vie des personnes ayant des maladies chroniques, des handicaps ou autre, ça me paraît essentiel parce qu'il s'agit de souffrances quotidiennes qu'il faut absolument atténuer pour rendre la vie acceptable. Mais la douleur liée à une maladie ponctuelle, à un accouchement, ce sont des expériences de vie. Les femmes qui choisissent de ne pas prendre la péridurale, ou de la doser au minimum, veulent expérimenter le moment en restant actives, au courant de ce qui se passe dans leur corps et du travail à faire avec le bébé pour le faire naître. Dans d'autres cultures, l'accouchement n'est pas décrit comme un moment de torture absolue comme c'est souvent le cas ici, c'est un moment de vie extrêmement intense comme un marathon par exemple ; les difficultés en font partie mais il faut réussir à avoir une bonne préparation et être bien entourée.
D'ailleurs, beaucoup de sage-femmes disent que certains accouchement qui leur ont paru "difficiles" pour la femme ont après-coup été perçus comme magiques pour cette dernière, quand d'autres plus rapides et moins sportifs ont été perçus comme traumatisants. Ce n'est pas forcément la douleur en elle-même qui est déterminante dans le fait de bien vivre son accouchement...
Désolée j'ai trop écrit mais ce sujet me touche beaucoup. Je n'ose même pas compter l'argent et le temps dépensés dans différents rendez-vous pour me préparer à l'accouchement, et ça me fait de la peine pour toutes les femmes qui n'auront pas la même chance (travail relativement flexible, moyens financiers pour payer toutes les médecines douces non remboursées, mutuelle, entourage sensibilisé à ces questions, etc.)
Pour conclure, je ne pense vraiment pas que la solution soit encore plus de médicalisation de l'accouchement (parce que c'est bien ça qu'impliquerait la recherche d'une solution technologique contre la douleur). Je pense que ça pourrait même être contre-productif et nous revenir à la figure...