L'auteure a beau conclure que son expérience l'a construite et qu'à présent elle profite allègrement des plaisirs de la vie, quelques lignes plus haut elle écrit :
Peu à peu, j’ai appris à prendre en compte mon propre plaisir, à ne coucher avec un homme que si j’ai vraiment envie de lui, à reconnaître ceux qui me dégraderont. Mais le mal est fait. Désormais, je suis incapable d’allier dans mon esprit sexe et sentiments.
Donc pour moi elle met en relation son incapacité à concilier sexe et sentiments avec ce qui lui est arrivé. A partir du moment où un viol détermine sa vie sexuelle, quelle qu'elle soit, c'est qu'il y a un traumatisme et donc que cette sexualité n'est pas si bien vécue que ça...
D'ailleurs je ne vois pas comment on peut bien vivre le fait de ne pas avoir la capacité de tomber amoureuse d'une personne avec laquelle on couche. Dissocier sexe et sentiments ça ne me pose pas de problème, je ne cherche pas à dire que fatalement, l'amour doit nous tomber dessus parce qu'on a du sexe. Mais à la lecture du texte j'ai le sentiment que la Madmoizelle est tout simplement
privée d'une faculté comme on serait privé d'un membre. En fait ce que je veux dire c'est qu'on peut utiliser cette capacité/ce membre ou pas, mais c'est quand même toujours bien d'en être doté, ça ouvre des opportunités, et ne pas en disposer
du tout ça traduit un traumatisme ou du moins une fêlure dans l'histoire de l'individu.