Il y a quelques jours un ami ex plan cul m'a confié que je l'avais violé. J'ai pris du temps pour me souvenir de cette soirée, il était venu à poil dans mon lit après une déception avec une autre conquête et m'avait chauffé pour me réclamer une pipe. Nous nous cherchions depuis plusieurs années de façon plus qu'intensive et explicite, je suis montée sur lui et j'ai fais ce que je pensais que l'on voulait faire tout les deux. Il m'a dit récemment qu'il n'avait eu envie que d'une pipe et pas de plus mais qu'il m'avait laissé faire pour que je le laisse dormir chez moi et qu'on reste bon amis. (chose que je ne lui aurais jamais refusé mais il fonctionne énormément comme ça, se faisait notamment héberger à l'étranger à travers de fausse relation de couple avec des femmes dont il n'a absolument pas envie aussi il a dû adopter ça comme comportement plus général - je le dis pour qu'on ne pense pas que j'aurais refusé l'hébergement à un ami sans retour sexuel ça me ferait bien mal au popotin d'être ce genre de personne, encore que visiblement on peut se surprendre à avoir des défauts qu'on ne s'imaginait pas).
Ca m'a beaucoup perturbé, je me suis évidement excusée mais jamais je n'avais perçu cet acte comme un viol. Il n'avait pas manifesté de refus face à l'acte, avec le recul je me souviens qu'il avait juste fais attention à ce que nos amis n'entendent rien et avait montré au final peu d'entrain. Et surtout par la suite il est régulièrement revenu vers moi pour qu'on fasse l'amour. Aussi je n'avais pas du tout ce regard là sur cette soirée là.
Cet ami est plutôt vicelard et toxique, et surtout jaloux de ma nouvelle relation, aussi il est possible qu'il ait dit ça pour me déstabiliser. Dans ma tête le viol reste malgré tout déjà une pénétration, ensuite surtout la jouissance d'un refus, la conscience de transgresser une limite, or je le croyant réellement consentant et même en recherche de réconfort après son refus par une autre nana.
OUI MAIS.
Mais là n'est pas la question, je ne veux pas être comme tout ces gars qui fuient et se cherche des excuses et ma demande de pardon a été sans condition et acceptée. Je n'ai pas cherché à discuter avec lui du comment du pourquoi du "oui mais…".
Ce que je veux dire, en lien avec ce témoignage, c'est que le point de départ du viol c'est, quelque soit les conditions à quelques malades mentaux près, ce que j'avais ignoré posséder moi même en moi : l'égoïsme.
Qu'il s'agisse ou non d'un viol ne compte pas tellement, ce qui compte c'est que ce rapport sexuel était guidé par l'égoïsme et la minoration des désirs de l'autre. J'étais une grande "jouisseuse" qui pensait que le sexe pouvait aller de pair avec un certain égoïsme, des inconnus en soirée etc… Je me rend compte que ça ne m'intéresse plus, que le sexe reste, à quelque degré que ce soit, dans un couple ou dans un plan cul, un échange. C'est la qualité de cet échange qui faire la qualité du rapport sexuel qui va suivre.
Je ne sais pas si j'ai violé cet homme, cette révélation est encore fraiche et travaille beaucoup ma conscience féministe et la définition que je me fais du viol mais je n'ai pas attendu de le savoir pour être désolé de lui avoir laissé ce souvenir là, mais je sais que j'ai été égoïste et que j'aurais pu faire preuve de plus de respect et pour lui et pour moi. Je refuse catégoriquement l'idée de faire à nouveau l'amour avec un homme qui n'en a pas pleinement envie et pleinement exprimé le désir.
Je parle pas de l'égoïsme qui nous fait prendre la dernière glace au congélo, je parle bien de l'égoïsme crasse, proche de l'instinct de survie si on le rapproche de la pulsion de vie à la Freud, la pulsion sexuelle étant intimement liée à la pulsion de vie, cette pulsion qui fait qu'en cas d'attaque de zombie on tuerait pour survivre. Cet égoïsme crasse qui écrase nos valeurs et notre éducation parce qu'on a notre petit égo à faire vivre et que Yolo on a qu'une vie. L'égoisme du collabo, du violeur, du traitre, du cocufieur…. Quand on se dit "je vaux mieux que l'autre, pas que toi, que tout les autres en général" et bien sûr j'ai honte, honte au dernier et premier degrés, une honte intégrale, d'avoir eu cette pensée cet égoïsme mais je me rend compte qu'on l'a tous, qu'on est tous des violeurs potentiel si on a pas les bonnes barrières, des limites suffisamment fortes, suffisamment marquée au fer rouge. Une prévention intelligente du viol doit s'adresse à tout le monde, même à moi...
Ton ex copain et ses amis ont été des montres d'égoïsme niant ton individualité, si aujourd'hui je me rend compte que cela peut arriver à tout le monde, qu'il n'y a pas de "méchant violeur" mais une zone de gris dans laquelle même une femme est susceptible de plonger ça renforce en moi l'impérieuse nécessité de l'éducation sexuelle passant par l'apprentissage du respect pour l'autre car sans le rappel de certaines valeurs on peut être tenté de croire que la liberté sexuelle passe par la trop grande considération qu'on porte à ses propres désirs, au dépend de ceux des autres. Education dont nous sommes totalement dépourvus malheureusement.