Des tas de réactions, c'est chouette, et c'est triste en même temps. J'imagine que derrière ces écrans on est beaucoup, des tas, à se représenter la scène décrite dans ce texte avec nos propres scènes. A revoir chacun-e le-la-les notre-s, ceux-celles qui ont outrepassé notre consentement et qui nous ont tâché à vie.
Moi ça m'a fait tilt le jour où j'ai lu la définition
légale du viol. Je n'avais jamais nié ce qui était arrivé, ma meilleure amie a été au courant très vite. Je n'ai juste jamais parlé de viol. On avait "abusé" de moi, sous-entendu : j'étais un peu crédule, et c'était un peu de ma faute.
Depuis j'ai compris qu'on a beau être crédule, ce n'est pas de notre faute.
Oui, son petit ami sentait mauvais à 3km, et alors. Être un mauvais garçon ne lui donne pas plus de droits qu'à un bon. Et puis, il n'y a pas que les "mauvais" garçons qui violent. Il y a aussi les frères, les pères, les tontons, les copains de classe, les amis des parents, il y a même des femmes. Et on peut avoir 8 ou 35 ans, et être toujours aussi crédule, ça sera pas plus de notre faute.
Maintenant, chapeau bas à la dmoiZelle qui a osé, c'est jamais facile à balancer, mais je crois que tu as bien fait : c'est cathartique.
Moi, ma catharsis, je l'ai trouvée ailleurs. Aujourd'hui j'ai 27 ans, je suis "apprentie-sociologue" et cela fait deux ans que je me suis spécialisée dans les violences basées sur le genre. J'ai essayé de puiser de la force des ces expériences horribles (parce qu'il n'y en a pas eu qu'une..) et de transformer, autant que possible, ma bile et mon amertume en quelque chose de positif. Aujourd'hui, je suis heureuse de me dire que je travaille pour que ces choses-là n'arrivent plus. Parce que oui, ça marque à vie, et que de cela découle un certain nombre de comportements, plus ou moins rejetés (ou pire, ignorés) par la société. L'enfermement ou l’exubérance, l'abus d'alcool ou l'abstinence, les comportements à risque, les tendances suicidaires, la dépression, j'en passe et des meilleures... C'est pour ça, je crois, qu'il faut parler. Pour que les gens comprennent que si l'on est triste du monde c'est parce que nous sommes des victimes étouffées par notre culpabilité, et qu'on crève de parler pour pouvoir enfin reconnaître que ce n'est pas de notre faute, pour avoir l'aval, la condamnation populaire. Cette étape-là fait du bien aux victimes, et c'est aussi en heurtant la conscience des gens
à qui ce n'est pas arrivé et en s'y mettant à tous qu'on a peut-être une chance d'arriver à mettre fin aux violences sexuelles...
ça m'a rendu lyrique vos conneries.
Ptit mot pour les dmoiZelles de la rédac :
keep going girls, you're doing a fiiiine job
PS : s'il y en a des qui veulent en causer un peu, je tends une main. Parce que je sais que c'est pas facile de prendre son téléphone et d'appeler le collectif contre le viol pour chouiner pendant une heure avec une inconnue. Pis ptet parce que c'est plus facile quand c'est d'en face que vient le premier pas. J'ai fini par souvent parler de mes viols, et j'ai malheureusement souvent entendu "
tu sais, moi aussi...". Mais à plus, on est plus fort-e-s.
Love les gonzes