@Poquette Alors, vraiment, je suis de l'avis de plein de commentaires au-dessus et je crois qu'aucun n'a dit que ce genre de détresse n'était pas réel et d'ailleurs je te souhaite d'aller vraiment mieux, sincèrement
Pour t'expliquer la pensée générale que je crois avoir comprise par un exemple : j'ai une amie qui fait ce qui peut s'apparenter à de l'anorexie par périodes (je ne dis pas que c'est ton cas je donne juste un exemple), je dis vraiment s'apparenter car elle ne l'est pas, elle a juste quelques mécanismes de pensée qui y ressemblent. Elle se trouve trop grosse alors qu'elle fait moins de 50 kg et en souffre beaucoup. Quand elle m'en parle, je me montre toujours compatissante, car bien sûr que sa douleur est réelle, et bien sûr qu'en tant qu'amie j'ai envie qu'elle aille mieux. En fait, il me serait impossible de ne pas comprendre sa détresse.
Mais moi, tu vois, je fais le double de son poids... Vraiment, je pèse deux personnes comme elle. Et quand elle me parle de son horreur d'être trop grosse, je conclue très logiquement que ce que je représente lui fait horreur. Très sincèrement, j'ai l'impression que si elle avait eu mon corps, elle ne serait plus de ce monde, tellement il est insupportable pour elle d'avoir de la graisse. Et le truc du "c'est elle qui pense ça d'elle-même, elle ne pense pas ça de toi" ben, non, ce n'est pas logique
Elle trouve très sûrement mon corps moche et ne voudrais pour rien au monde l'avoir elle.
Par contre, je comprends cette difficulté à trouver un interlocuteur qui accepte d'entendre les complexes d'une personne dite belle. Mon amie se montre toujours un peu sur la défensive à ce sujet, et c'est bien pour ça que, malgré la douleur que ses doutes provoquent en moi, je l'écoute en ne disant rien. Ce qui me fait chier, c'est qu'elle ne trouve pas quelqu'un d'autre car les gens manquent d'empathie avec elle, et qu'elle se trouve obligée de trouver quelqu'un comme moi qui sait ce que c'est de se sentir moche car elle est vraiment considérée moche par pas mal de monde. Je pense que les gens savent que la majorité des personnes grosses ont déjà fait un chemin d'acceptation qui leur a permis d'acquérir une certaine ouverture d'esprit et une certaine empathie. Je n'ai en tout cas moi-même jamais trouvé un niveau de compréhension de ces problématiques aussi développé que dans les gens qui sont ou ont été gros eux-mêmes.
Du coup, il n'est pas question de ne pas avoir le droit de se plaindre à part si on est la femme la plus laide du monde, mais plutôt de savoir vers qui se plaindre, ce qui est bien sûr dur quand on voit comme les gens sont hermétiques à ce genre de discussion. Elle ravive sûrement des insécurités personnelles.
C'est un sujet à propos duquel il est difficile de tirer des conclusions qui satisferont tout le monde. À vrai dire je n'ai pas vraiment de conclusions sur ce qu'il faudrait faire, juste le constat que je me sens une victime collatérale de toutes ces filles minces qui se pensent trop grosses, alors que je les comprends réellement et que j'aurais envie qu'elles aillent mieux.