Ai-je le droit d’avoir des complexes si je rentre dans les canons de beauté ?

[Poquette]

@Vogel Bien sur, je ne sais pas ce qu'il en est pour elle, mais quand je vois quelqu'un qui a plus de forme que moi ou des traits de visage plus marqués, jamais je ne me suis dit que c'était "moche". Un peu comme si tout le monde était toujours super canons et que j'étais une patate (ou autre chose avec un sex appeal similaire). Ou alors comme si tout le monde portait le même t-shirt (=caractéristiques physiques x ou y) que ça leur va hyper bien et moi pas du tout.

Je compatis pour toi et ton amie et espère sincèrement que les choses s'arrangeront pour le mieux. C'est vrai que c'est un sujet compliqué et sans réponses précises. Cela dit, le fait que des personnes de la santé, genre mon médecin, puissent avoir une réaction aussi catégorique m'a beaucoup choqué et si on ne peux même plus s'adresser à eux en toute confiance ça devient encore plus compliqué, malheureusement.

 

[Lady Stardust]

Je me demande où est la ligne de démarcation entre complexes pour une personne complètement dans les standards de beauté (complexes notamment créés par la société : tu peux jamais vraiment "être belle" vu les tonnes d'injonctions contradictoires en matière de physique, y'a toujours au moins un truc qui "va pas", c'est un "jeu" impossible à gagner) et ce qui a parfois l'air de relever, toujours pour le même type de physique "dans les normes", de problèmes plus "psychologiques", de type dysmorphophobie?

Certains témoignages sur ça (surtout ceux sur le poids) donnent par certains côtés vraiment l'impression que ça "dépasse" la catégorie "complexes", dans les réactions un peu "extrêmes" qu'ils engendrent
Ça n'empêche pas l'empathie dans les deux cas (même si par contre j'ai dû mal avec l'idée de vouloir conforter les gens, par exemple dire "oui tu es grosse" à une personne objectivement mince qui se trouve grosse, dans ce qui est dans tous les cas une fausse image d'eux) mais j'ai l'impression que c'est pas forcément à aborder pareil comme problématique vu que c'est deux choses qui m'ont l'air différentes

 

[Vogel]

@Lady Stardust Après je sais que le terme dysmorphophobie est utilisé un peu trop à tort et à travers selon les psys Je pense qu'on peut plutôt parler d'un manque d'estime de soi très profond qui déforme l'image que l'on se fait de soi.
La ligne de démarcation est sûrement à mettre dans le handicap que ces idées causent. Il y a des femmes qui vont se trouver trop ci, trop ça, mais que ces pensées ne vont pas limiter, et d'autres qui vont se trouver trop ci, trop ça, et éviter de se mettre en maillot, de se trouver un partenaire sexuel, qui vont déprimer sérieusement, en pleurer tous les jours, refuser certains vêtements, être obsédées par la nourriture...
Quand j'étais plus jeune et plus mince (pas vraiment mince, mais presque) j'ai vécu ça, j'avais une vision déformée de moi-même ET ça m'empêchait de faire plein de choses ET ça me déprimait sérieusement.

 

[Nastja]

Je remarque que la majorité des complexes ici se retrouvent dans le poids car c'est celui qui amène le plus de discriminations?
Aussi quand on dit "être dans les canons de beauté" j'ai l'impression qu'on ne prend en compte que l'IMC et pas la forme du corps ou des parties isolées. On peut être mince et avoir un corps assez banal ou pas ce qu'on s'imagine être un corps mince dans l'imaginaire sexy.
Beaucoup de gens n'arrivent pas vraiment à identifier ce qui leur déplaît chez eux alors par automatisme ils disent vouloir perdre du poids et c'est effectivement sans fin.

Disons que les autres défauts physiques ne provoquent pas de la discrimination. Être dans les canons ne veut pas forcément dire être belle, mais j'ai surtout l'impression que ça veut dire "ne pas être grosse ou obèse" car dans notre société c'est être gros qui est le plus préjudiciable.
On se retrouve donc avec des filles qui "sont dans les canons" mais seulement parce que leur IMC est entre 18 et 25.
Culotte de cheval, taille épaisse, seins qui tombent, bras flasques, jambes en poteau... elles se voient plein de défauts et pensent que maigrir va corriger tout ça (alors que c'est rarement le cas, ça sera pareil mais en plus petit). Elles ne sont pas forcément discriminées comme le pourrait l'être quelqu'un de gros mais leur standard à elles ne s'est pas élevé pour autant.

Cela dit je suis pour être polie et correcte et ne pas étaler son mal-être à tout va, surtout à quelqu'un de moins bien loti que soi.
Peut-être essayer d'être plus spécifique sur ce qu'on n'aime pas plutôt que de dire "je suis trop grosse!" à quelqu'un qui l'est vraiment.

 

[AshMakuro]

@Poquette Très sincèrement, j'ai l'impression que si elle avait eu mon corps, elle ne serait plus de ce monde, tellement il est insupportable pour elle d'avoir de la graisse. Et le truc du "c'est elle qui pense ça d'elle-même, elle ne pense pas ça de toi" ben, non, ce n'est pas logique Elle trouve très sûrement mon corps moche et ne voudrais pour rien au monde l'avoir elle.

Comme tu dis, ce n'est pas logique mais pour avoir une amie dans le même cas que la tienne (et que cette amie soit littéralement une bombe donc c'est pas toujours facile pour moi de pas complexer par rapport à elle), elles ne nous trouvent pas moche. C'est comme si les défauts "objectifs" qu'elles se trouvent (au hasard, 5 kg en trop) impactaient x 1000000 leur beauté alors que à nous, ça nous va plutôt bien finalement . Je pense qu'il y'a une dépréciation globale qui fait que si toi tu as un défaut, elle va le trouver insignifiant par rapport à d'autres de tes qualités physiques voir même par rapport à tes autres qualités morales. Mais elle qui est déja tellement moche/nulle/insignifiante, ce défaut lui parait une montagne qui l'enfonce encore plus (alors qu'elle sont pas du tout nulles C'EST TELLEMENT ILLOGIIIIQUE )

Bon courage en tout cas , je suis dans la même situation et défois j'ai envie d'ouvrir son cerveau à la scie pour retirer toutes les absurdités qu'elle se dit à elle même (façon kid-paddle

 

[Jidia Seddicia]

Je suis plutôt dans les canons de beauté, de manière générale j'apprécie plutôt bien mon physique mais parfois j'ai du mal à accepté l'apparition de ma petite bouée à l'approche de la trentaine, ça ne veut pas dire que je vais trouver ça atroce chez les autres.

A vrai dire je suis bisexuelle et j'apprécie les femmes avec des formes (une de mes crush avait ce côté période romantique ) mais aussi les femmes fines voir maigre, une amantes fine, grande, tout petit seins adorable, je la trouve belle aussi (bien qu'elle à du mal à se voir ainsi :'( ). Pour les hommes c'est pareil, je les aimes dans toutes les formes et tailles, plus les années passent et plus je me surprend moi même dans la diversité des personnes que j'aprécie et pourtant parfois un détail sur mon corps pourtant bien dans les normes va m'agacer prodigieusement.

Donc non ce n'est pas parce qu'une femme à un complexe qu'elle va vous trouver moche pour être dans ce complexe, n'oubliez pas qu'on à souvent un regard plus dur sur sois même à ce niveau là.

J'ai parfois lu des sur des pages """body positives"""" qui promouvait la beauté des femmes grosses des commentaires insultants sur les "fil de fer" "planche à pain" "maigre qui s'affame" etc et franchement oui le mouvement body positive devrait être pour tout le monde, bien sûr la question de la discrimination ne doit pas être occultée, mais au delà de ça pour moi le body positive c'est aussi pouvoir s'aimer et aimer les femmes quelque soit leurs formes et leur corps et ça ne se résume pas uniquement à la lutte contre la grossophobie qui est pour moi un sujet à part entière.

Mais bref femmes je vous aime même quand je ne m'aime pas !

 

[Clorinthe]

Je crois que les femmes dans la norme du beau actuel (minces, grandes mais pas trop, avec des formes mais sans cellulite, imberbes, avec un petit nez et le visage harmonieux ) sont assez rares dans le monde réel. Ce qui est assez paradoxal. Du coup quelque soit notre physique, on développe des complexes. Je suis poilue et j’ai un pif pas commun. Je suis aussi assez petite et très très mince. C’est ma morphologie. On voit mes os, je trouve ça moche, je n’aime pas me mettre en maillot... Pendant longtemps je ne me trouvais pas désirable avec mon corps de gamine fragile et sans formes. Pire, j’ai perdu du poids de façon involontaire en faisant du sport et à cause du stress ! J’ai du mal à parler de mes complexes à mes copines plus rondes (elles estiment que je n’ai pas à me plaindre et lèvent les yeux au ciel...). J’ai aussi fait face à des remarques sexistes ou blessantes. Par exemple on met parfois l’adjectif petite avant mon prénom, ça peut paraître anodin, mais je trouve ça assez rabaissant, comme si j’étais encore une enfant. On a aussi suggéré qu’avec un tel corps, je devrais mettre des robes plus souvent, comme si j’étais une jolie poupée qu’on habille pour l’été. Je pense que ça a longtemps joué sur ma confiance en moi. Contrairement aux hommes, nous sommes peut-être trop souvent réduites à notre physique (l’intelligence, le talent, la personnalité au second plan), comme si notre valeur reposait pour beaucoup sur l’apparence. Le problème se situe là aussi.

 

[skippy01]

Contrairement aux hommes, nous sommes peut-être trop souvent réduites à notre physique (l’intelligence, le talent, la personnalité au second plan), comme si notre valeur reposait pour beaucoup sur l’apparence. Le problème se situe là aussi.

Dire ça ici, c'est enfoncer des portes ouvertes.

Plus sérieusement, il faut ajouter à ça que même correspondre au physique "idéal" ne garantit pas une validation sociale, tu es perdante quelle que soit ton apparence.

 

[Clorinthe]

@skippy01

Ha ha tu as raison... c’est enfoncer des portes ouvertes . Mais alors comment faire si on est perdante quelque soit son apparence ? Ne plus chercher de validation sociale ?

 

[skippy01]

Mais alors comment faire si on est perdante quelque soit son apparence ? Ne plus chercher de validation sociale ?

Bah oui, forcément. à quoi bon rechercher quelque chose que tu ne pourras jamais obtenir ?

 

[Carlawn]

Je pense qu'il faut différencier la perception de notre propre corps (où je dirais que 99% de la population mondial a des complexes) et la perception que les autres ont sur notre corps (qui est généralement plus indulgente). On a souvent une vision déformée de notre propre corps, du à nos angoisses. Ça doit être encore plus vrai dans le milieu du mannequinat où le corps est utilisé comme valeur marchande, qu'il faut pouvoir contrôler au millimètre près.

Par exemple, je corresponds plutôt aux normes de beauté (sauf la taille), et pourtant je me trouvais grosse à l'adolescence (je faisais du 38 ), parce que j'avais plus de formes que ma sœur, et surtout parce que ma mère est grossophobe, et faisait toute une montagne dès que je prenais 1 kilo, me saoulant pour que je fasse du sport etc. J'ai eu quelques remarques de mon entourage sur mes poils quand ils ont commencé à pousser, alors j'ai commencé à complexer là-dessus aussi.
Alors maintenant que j'ai davantage confiance en moi, ben c'est vrai que je trouve mon attitude de l'époque débile. Mais en même temps, on pousse tellement les femmes vers une sorte de perfectionnisme physique que ce n'est pas étonnant ce genre de pensée.

 

[Clorinthe]

L’humain est un être social, beaucoup (moi y compris) ressentent le besoin d’être accepté par un groupe (car l’être humain isolé s’expose à plus de danger, cela tient peut-être à un besoin très ancien de sécurité). C’est pour cette raison qu’il est difficile d’assumer une différence physique, surtout à l’adolescence. (On recherche l’adhésion protectrice de ses camarades au moment où l’on quitte le cocon familial). Cela vient aussi peut-être du besoin d’être aimé, c’est pour cette raison que les remarques, voir les moqueries, de nos proches sont si blessantes et peuvent provoquer des complexes sur le long terme et une sensation de rejet, voir d’insécurité. Quand on est enfant, on cherche parfois à faire le bonheur de nos parents en les rendant fiers. On vit nos différences physiques (pilosité, poids) et surtout leurs critiques comme un échec.