En fait, le truc c'est que les systèmes de valeur (la morale ?) ne regardent pas que les individus je crois, c'est justement ce qui permet la vie collective et ils sont choisis en fonction des sensibilités de la majorité (donc oui les sensibilités entrent en compte, mais celles qui sont majoritaires). L'idée qu'on ne doit pas tuer, voler ou se balader tout nu est un choix moral qui est accepté par la majorité mais pas par tous. On garde ces règles justement parce que la majorité est d'accord avec elles, c'est la tyrannie de la majorité (dont sont """victimes""" les pro-vies).
Ce n'est pas faux ce que tu dis mais personnellement je ne considère pas que l'on puisse mettre au même niveau le fait de ne pas tuer avec le fait de ne pas vouloir que sa voisine avorte parce que " dieu à dit c'est mal ". En fait, c'est tout bête mais tuer quelqu'un = attenter à sa liberté, sa liberté de vivre et d'être en sécurité. Et les libertés des uns s'arrêtent là où commencent celles des autres. ( C'est bateau, certes ). Ne pas tuer, ne pas voler.. C'est pour assurer le bon fonctionnement de la société et éviter l'anarchie. En revanche, l'exemple de se balader nu est pertinent
Je voulais juste revenir là dessus mais :
(après je ne suis pas trop d'accord avec cette manière de faire la loi, avec la "tyrannie de la majorité", mais vu qu'on est dans ce système actuellement, je ne vois pas pourquoi les pro-vies ou les croyants devraient en être extraits)
Je ne pense pas qu'on soit totalement dans un système de tyrannie de la majorité. On est pas exactement dans une démocratie. Si c'était la tyrannie de la majorité, la peine de mort existerait toujours, par exemple. En fait j'ai plus l'impression qu'on prend des décisions parce qu'il faut en prendre et qu'il y aura toujours une part plus ou moins importante de la population qui sera insatisfaite
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Du reste, je ne dis pas du tout que les croyants doivent être extraits du débat mais je leur demande d'invoquer des arguments qui ne soient pas directement liés à leur croyance. Par exemple un croyant pro-vie qui dirait : je suis contre l'avortement car il déresponsabilise les couples ( bon, l'argument est
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) mais voilà, c'est un argument. Alors que " C'est Dieu qui a dit que ", c'est sensé avoir quelle valeur pour moi en tant que non croyante ?
Et bien eux te répondront justement que c'est TOI qui impose TON système de valeurs, c'est justement tout l'objet de mon propos. Qu'aurais-tu à leur répondre ? Parce que c'est justement ça qui est intéressant. Pas un "mon corps, mon choix" doctrinal asséné comme une vérité générale indétronable.
Sauf que lorsque moi j'impose " mon " système de valeur, qui est " chacun fait ce qu'il veut " et bien je n'impose rien en fait. Les femmes voulant un enfant peuvent le garder et les femmes n'en voulant pas n'ont pas à subir une grossesse.
Lorsque eux cherchent à imposer leur système de valeur qui est " chaque femme tombant enceinte doit assumer l'enfant peu importe ce qu'elle désire et ce qu'il en coûte " alors qu'il ne s'agit ni de leur enfant, ni de leur corps, ni de leur vie qui va être impactée, c'est imposer quelque chose.
Qu'elles aient tort ou raison, ces personnes sont persuadées au plus profond d'elles-mêmes qu'elles se battent pour sauver la vie d'enfants prêts à être assassinés, je ne pense vraiment pas qu'il soit efficace de leur rétorquer "Mon corps, mon choix" sans autre forme d'explication. Je suis 100% POUR le droit à l'avortement mais cette phrase un peu simpliste ne sert souvent qu'à bloquer le débat sans chercher à argumenter ni convaincre. Et je pense qu'il est primordial de défendre le droit à l'avortement avec des arguments qui tiennent la route et sans insulter le camp d'en face. On ne gagne jamais rien par le mépris et à ranger les gens dans des petites cases. Ca me fait penser aux gens qui disent "les féministes blablabla" pour nous critiquer, comme si on formait un bloc monolithique. Les opposants à l'avortement ne sont pas tous des abrutis rétrogrades et je ne suis pas d'accord pour les caricaturer en bloc. Oui il y a des gens avec lesquels le dialogue est particulièrement difficile. Mais j'en connais d'autres - et même si je ne partage pas du tout leur avis et que je me battrais toujours pour le droit à l'avortement, celles-ci sont des personnes profondément gentilles qui ont de bonnes intentions. Sauf que l'enfer est malheureusement pavé de bonnes intentions, on est bien d'accord.
Ah mais je suis tout à fait d'accord. Des arguments, j'en ai. Dans un débat construit, je peux défendre mon point de vue. Le problème c'est lorsque l'on se dirige sur un terrain de mystification et de croyances et c'est à partir de là qu'on tourne en rond. " Mon Dieu a dit c'est mal " " Oui mais ton Dieu, je m'en fou " " Celles qui avortent iront en enfer " " Je ne crois pas en l'enfer ", etc.. je ne crois pas que croyants et non croyants puissent s'entendre lorsque chacun commence à invoquer ce en quoi il croit ou non, c'est pour ça qu'à mon sens la croyance n'a pas de place dans un tel débat.
Après, on peut également ne pas avoir envie de débattre et être fatigué de ces gens qui croient savoir mieux que vous ce qu'il faut faire de votre corps. Je ne peux pas blâmer les filles qui répondent " mon corps mon choix " et d'ailleurs pour moi c'est déjà un argument en soi, pas simplement un slogan qu'on rabâche et qui ne veut rien dire
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Et évidemment qu'il existe des antichoix très gentils. Comme des gens d'extrême droite qui sont sans doute super sympas et des gens sexistes qui à côté de ça se comportent de façon tout à fait aimable. Je n'ai pas dit et je ne pense pas que l'humain soit binaire, bon ou mauvais, juste qu'à mon sens la position d'antichoix est mauvaise ( simplement car j'ai mes convictions et c'est pareil pour les antichoix ), pas que la personne l'est.
Et j'avais compris que tu te mettais à la place de ces personnes, je me suis juste permis de répondre à ce qu'elles peuvent penser selon toi
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Oui, les femmes ont le droit de disposer de leur corps. Mais prétendre que ce droit est absolu en toute moralité, je ne suis pas d'accord. Si c'était le cas, on pourrait avorter n'importe quand sans aucun problème. Le foetus n'est pas partie intégrante du corps de la femme, il est une sorte de parasite humain qui n'est pas viable avant quoi, au moins 6, 7 mois de grossesse. Pourtant, un foetus de 5 mois ne peut pas être avorté en France.
On ne peut pas avorter d'un fœtus de 5 mois en France parce qu'on a décidé ça comme ça. Dans d'autres pays, le délai pour avorter n'est pas le même. Je ne crois pas que cela réponde à une logique particulière.
J'ajouterai que les catholiques opposés à l'avortement n'ont jamais parlé d'obliger une femme enceinte à élever l'enfant non-désiré et dire le contraire n'est pas juste à leur égard. Il existera toujours la possibilité de le donner à l'adoption - et attention, je ne dis pas du tout que c'est quelque chose de facile ou de juste pour ces femmes et ces enfants, j'essaie juste de rendre à César ce qui est à César. Je ne pense pas que quiconque ait à gagner à déformer les arguments du camp d'en face. Si on débat contre des anti-choix, il vaut mieux avoir des propos et un discours qui tiennent la route.
Certains catholiques opposés à l'avortement n'ont jamais parlé d'obliger une femme enceinte à élever l'enfant non désiré. Vu qu'on veut éviter les généralités, il me semble bon de le préciser
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. Beaucoup de personnes qui sont contre l'avortement considèrent la maternité comme quelque chose de merveilleux et pensent que la femme, dans sa nature profonde de pondeuse se mettra à aimer l'enfant qu'elle a porté. Il leur est inconcevable qu'on ne puisse pas désirer être mère.
Après, pour l'argument de " tu peux toujours accoucher et le donner ".. Oui, enfin on est déjà en surpopulation, où se situe très exactement l'intérêt d'accoucher d'un enfant qui partira déjà lourdement handicapé pour sa vie future ? C'est plus égoïste de faire un môme qu'on lâche dans la nature ou de ne pas en faire du tout ?
La raison pour laquelle le débat sur l'IVG est souvent aussi violent, c'est parce qu'il est assez unique dans le sens où il s'agit de mettre un terme à une vie (presque ?) humaine, ce qui se traduit en l'idée de meurtre pour certains. Je ne comprends pas comment on peut attendre de personnes qui pensent qu'elles empêchent un meurtre de pas se mêler de ça chez les autres et leur dire simplement que c'est "notre choix". Ca n'a pas de sens quand on se met dans leur peau et ça ne convaincra jamais personne (du moins je pense).
Je pense qu'il y a aussi des gens qui ne pourront jamais être convaincus et c'est comme ça
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Dans l'exemple que tu prend par exemple. Une personne qui considère que foetus = humain et que tuer un fœtus c'est un meurtre. Qu'est-ce que tu peux faire dans ce cas là pour la convaincre ? Nos raisonnements sont juste à des années lumières l'un de l'autre. Moi, ce qui m'importe ce n'est pas de convaincre tout le monde. Tant que les lois en faveurs de l'avortement sont conservées, ça me va.
Désolée pour le pavé, j'espère avoir été claire dans mes propos
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