Comme je te l'ai déjà dit plusieurs fois : si tu fais moins du 34 (ce qui est ton cas apparemment d'après ton dernier message), dans ce cas notre analyse ne porte pas sur toi, tu es un cas particulier et assez marginal (c'est pas une insulte !). On est en train d'analyser le rapport minces / grosses dans la société et d'expliquer pourquoi il faut mieux, socialement, être mince que gros ou même juste normal (le thin privilege), ce qui rend la comparaison entre """""skinny shaming"""""" et grossophobie caduque. Je ne compare pas maigres et grosses, je compare ces deux catégories !
Dans ton cas, je ne vois pas pourquoi tu t'énerves, on n'est simplement pas en train de parler du même problème. C'est comme si on prenait le contre-exemple d'une fille qui souffre d'une maladie grave qui cause sa maigreur pour remettre en cause tout le problème social de la grossophobie ! Ou le contre-exemple d'une fille qui se fait traiter de "cachet d'aspirine" pour remettre en cause l'existence d'un white privilege. Ce sont des problèmes différents.
Un des trucs qui m'a convaincue de l'existence de la grossophobie (comme catégorie plus ou moins indépendante du body shaming), c'est quand une de mes collègues prof m'a dit d'une élève : "Elle est grassouillette, mais vive d'esprit !". Ce "mais" m'a scandalisée. Je n'ai jamais entendu dire d'une élève : "Elle est mince mais vive d'esprit", tout simplement parce que quand tu es gros on considère spontanément que tu es lent d'esprit et peu travailleur (à cause des valeurs qui sont attachées au surpoids), alors que quand tu es mince, on considère que tu es vif d'esprit.
Tu bénéficies de ce privilège, que tu le veuilles ou non.
Ceci ne veut pas dire que tu es heureuse, ou jamais body-shamée. Ceci ne signifie pas non plus que tu ne souffres pas d'autres discriminations (celle appliquée aux individus perçus comme malades, par exemple). Privilégiée ne signifie pas heureux ou préservé !
PS : j'ai bien compris que tu prétends ne pas comparer les souffrances, mais dire par exemple "il n'y a pas à comparer la souffrance des Blancs et des Noirs", en prétendant que "tout le monde souffre et c'est triste", cela revient de fait à "neutraliser" la spécificité du racisme. Donc je ne suis pas en train de t'expliquer que tu ne souffres pas, je suis en train de te demander de ne pas neutraliser la spécificité de la grossophobie.
Mais si tu ne te places pas sur un plan sociologique et uniquement sur le plan personnel de ton expérience perso (qui a parlé d'égocentrisme, tiens ?...), tu ne peux pas comprendre mon propos.
Au passage, ça me désole, dans ce fil de commentaires je trouvais qu'on avait réussi à avancer avec les autres filles, à bien se comprendre mutuellement en faisant des compromis et en précisant notre pensée, et il suffit que n'importe qui se ramène en disant "mais moi aussi je souffre" et reste bloqué sur ses propres traumatismes pour que tout recommence
J'ajouterais que ceci fausse considérablement tes raisonnements. Tu demandes par exemple : "Pourquoi ne trouve-t-on pas de vêtements pour les filles très maigres" (en taille 30 par exemple) et tu analyses ça comme une preuve de haine des maigres par la société. Je te renvoie au graphique que je t'ai montré : les filles qui font un 30/32 sont extrêmement rares en Occident, donc il n'est pas rentable pour les marques de fabriquer des vêtements adultes à cette taille. C'est une logique économique qui préside à ce choix. C'est dommage et un peu triste, d'accord, mais la logique économique n'est pas réputée pour son altruisme. Par contre, il y a beaucoup de femmes qui font, par exemple, du 48/50, et pourtant il est quasiment impossible de trouver des habits de marque courante de cette taille, alors même que ceci représenterait une manne économique. Pourquoi les marques ne fabriquent-elles donc pas des vêtements de cette taille ? Car cela leur donnerait une mauvaise image de "marque pour grosses" (en raison de la grossophobie). Ce n'est donc pas une logique économique mais purement discriminatoire.
PS2 : je me permets de te faire remarquer que tu utilises toi-même des arguments grossophobes sans t'en rendre compte, par exemple quand tu te plains t'être maigre "avec du bide" --> la critique du "bide qui dépasse" est récurrente pour les femmes grosses, c'est un élément caractéristique de la grossophobie. Le "bide" est connoté "grosse"; dans les magazines, on te dit de maigrir pour "perdre votre petit bidon" ; cette injonction s'applique particulièrement aux femmes qui viennent d'accoucher d'ailleurs, qui doivent "perdre les kilos de grossesse et retrouver un ventre plat". Donc en résumé tu te plains d'être maigre mais d'avoir un attribut de grosse ; d'être maigre et de souffrir de la grossophobie ? Cela devrait plutôt t'inciter à lutter contre la grossophobie justement, puisque tu en es toi-même victime... Je ne sais pas si tu te rends compte que ta remarque est un peu choquante, c'est comme si moi je me plaignais d'être Blanche avec les cheveux frisés en disant :"c'est horrible, on me demande si j'ai une ascendance africaine, je me sens vraiment heurtée dans mes sentiments" :-o
Dans ton cas, je ne vois pas pourquoi tu t'énerves, on n'est simplement pas en train de parler du même problème. C'est comme si on prenait le contre-exemple d'une fille qui souffre d'une maladie grave qui cause sa maigreur pour remettre en cause tout le problème social de la grossophobie ! Ou le contre-exemple d'une fille qui se fait traiter de "cachet d'aspirine" pour remettre en cause l'existence d'un white privilege. Ce sont des problèmes différents.
Un des trucs qui m'a convaincue de l'existence de la grossophobie (comme catégorie plus ou moins indépendante du body shaming), c'est quand une de mes collègues prof m'a dit d'une élève : "Elle est grassouillette, mais vive d'esprit !". Ce "mais" m'a scandalisée. Je n'ai jamais entendu dire d'une élève : "Elle est mince mais vive d'esprit", tout simplement parce que quand tu es gros on considère spontanément que tu es lent d'esprit et peu travailleur (à cause des valeurs qui sont attachées au surpoids), alors que quand tu es mince, on considère que tu es vif d'esprit.
Tu bénéficies de ce privilège, que tu le veuilles ou non.
Ceci ne veut pas dire que tu es heureuse, ou jamais body-shamée. Ceci ne signifie pas non plus que tu ne souffres pas d'autres discriminations (celle appliquée aux individus perçus comme malades, par exemple). Privilégiée ne signifie pas heureux ou préservé !
PS : j'ai bien compris que tu prétends ne pas comparer les souffrances, mais dire par exemple "il n'y a pas à comparer la souffrance des Blancs et des Noirs", en prétendant que "tout le monde souffre et c'est triste", cela revient de fait à "neutraliser" la spécificité du racisme. Donc je ne suis pas en train de t'expliquer que tu ne souffres pas, je suis en train de te demander de ne pas neutraliser la spécificité de la grossophobie.
Mais si tu ne te places pas sur un plan sociologique et uniquement sur le plan personnel de ton expérience perso (qui a parlé d'égocentrisme, tiens ?...), tu ne peux pas comprendre mon propos.
Au passage, ça me désole, dans ce fil de commentaires je trouvais qu'on avait réussi à avancer avec les autres filles, à bien se comprendre mutuellement en faisant des compromis et en précisant notre pensée, et il suffit que n'importe qui se ramène en disant "mais moi aussi je souffre" et reste bloqué sur ses propres traumatismes pour que tout recommence

J'ajouterais que ceci fausse considérablement tes raisonnements. Tu demandes par exemple : "Pourquoi ne trouve-t-on pas de vêtements pour les filles très maigres" (en taille 30 par exemple) et tu analyses ça comme une preuve de haine des maigres par la société. Je te renvoie au graphique que je t'ai montré : les filles qui font un 30/32 sont extrêmement rares en Occident, donc il n'est pas rentable pour les marques de fabriquer des vêtements adultes à cette taille. C'est une logique économique qui préside à ce choix. C'est dommage et un peu triste, d'accord, mais la logique économique n'est pas réputée pour son altruisme. Par contre, il y a beaucoup de femmes qui font, par exemple, du 48/50, et pourtant il est quasiment impossible de trouver des habits de marque courante de cette taille, alors même que ceci représenterait une manne économique. Pourquoi les marques ne fabriquent-elles donc pas des vêtements de cette taille ? Car cela leur donnerait une mauvaise image de "marque pour grosses" (en raison de la grossophobie). Ce n'est donc pas une logique économique mais purement discriminatoire.
PS2 : je me permets de te faire remarquer que tu utilises toi-même des arguments grossophobes sans t'en rendre compte, par exemple quand tu te plains t'être maigre "avec du bide" --> la critique du "bide qui dépasse" est récurrente pour les femmes grosses, c'est un élément caractéristique de la grossophobie. Le "bide" est connoté "grosse"; dans les magazines, on te dit de maigrir pour "perdre votre petit bidon" ; cette injonction s'applique particulièrement aux femmes qui viennent d'accoucher d'ailleurs, qui doivent "perdre les kilos de grossesse et retrouver un ventre plat". Donc en résumé tu te plains d'être maigre mais d'avoir un attribut de grosse ; d'être maigre et de souffrir de la grossophobie ? Cela devrait plutôt t'inciter à lutter contre la grossophobie justement, puisque tu en es toi-même victime... Je ne sais pas si tu te rends compte que ta remarque est un peu choquante, c'est comme si moi je me plaignais d'être Blanche avec les cheveux frisés en disant :"c'est horrible, on me demande si j'ai une ascendance africaine, je me sens vraiment heurtée dans mes sentiments" :-o
Dernière édition :
Je ne nie absolument pas ton ressenti personnel ni les choses horribles que les gens peuvent te sortir, je ne fais rien de tout ça. Et lorsque je parle des films, je parle bien évidemment en général, tu dis que la mince peut aussi être, je cite "la pouffiasse de service", sauf qu'il faut déjà que les grosses apparaissent dans les films en tant que personnages principaux sans que le film ne soit basé sur leur poids et on en est loin, très loin. Quand tu dis qu'il n'existe pas d'idéal, permet moi d'en douter. Pourquoi penses-tu que l'on nous enjoint constamment à faire du sport, des régimes, faire attention à ce que l'on mange, ne pas porter certains habits et j'en passe ? Je ne te parle pas ici du ressenti personnel des gens, je te parle d'un sentiment général, d'un idéal que l'on essaye de nous fourrer dans le crâne. Regarde les mannequins et les actrices actuelles, elles sont pour la majeure partie blanche et mince. J'accepte entièrement qu'être mince puisse être vecteur de moqueries, je ne l'ai jamais nié. Le problème c'est que si l'on se dit "Après tout, tout le monde a des problèmes avec qui yel est" on peut pas examiner de près les problématiques sociologiques qui soulèvent les systèmes de domination et tout. Par exemple, dans notre société les hommes subissent également de nombreuses injonctions (ne pas pleurer, être la personne active dans les relations, être dominant, etc
et ça a des conséquences (une grande agressivité, beaucoup de sentiments refoulés, etc.) c'est problématique et grave. Simplement, reconnaître que la souffrance des femmes n'a rien à voir, ce n'est pas nier leur souffrance à eux, ce n'est pas dire "j'ai la monopole de la souffrance", ça veut juste dire que la grossophobie nous est inculquée dès notre plus jeune âge, des tonnes de femmes ont peur d'être trop grosses, mais quasi aucune n'a peur d'être trop maigre, sinon les industries ne se ferait pas autant de beurre sur les régimes, les produits amincissants, etc. Personne ne nie ta souffrance, on dit simplement que ce n'est pas la même chose, je vois pas quoi te dire d'autre. 



