*** Petite réflexion sur l'usage des mots ***
Je suis assez choquée du débat sur la grossiereté, et je trouve que ça renforce encore plus le cliché que les lectrices de Madz font parties des PCS supérieures
Enfin tout ce que vous dites c'est quand même vachement silenciant, humiliant et dévalorisant pour les personnes qui utilisent ce langage de base.
Je vous conseille de lire Ce que parler veut dire de Bourdieu.
Parce que attribuer autant d'importance au niveau de langage et - surtout - estimer que seul un niveau de langage châtié garantisse le professionnalisme ou la valeur d'une source, c'est en fait maintenir un système hierarchique de reproduction des inégalités et des oppressions.
Je suis une gamine de riche mais dans mon enfance l'endroit où je vivais a fait que jusqu'à mes 18 ans mes potes c'était des pauvres, des gamins en échec scolaire ou envoyés dans des filières pro qu'ils n'avaient pas choisi. Depuis mes 18 ans où j'ai fait ma licence à Bordeaux, puis master à l'étranger, forcément je rencontre des gens qui sont bien plus proche de mon milieu d'origine. Et ben oui ils s'expriment différement (que ce soit le choix des mots ou l'attitude) et sont plus "respectés" et écoutés de fait en société, ils se donnent des grands airs en citant Schopenhauer oui c'est sûre que ça marche. Mais sont -ils plus intelligents pour autant ? Non, je ne pense pas. Mes potes d'enfances ont des réflexions super intéressantes, des expériences de vie difficiles qui font qu'ils ont une maturité de fou et je les admire sincérement. Mais je sais que dans la vie quotidienne ils ne seraient jamais vraiment pris au sérieux si ils se risquaient à livrer leur pensées et réflexions (et ça créé un gros complexe d'infériorité d'ailleurs) juste parce qu'ils n'ont pas la parole du bon français standardisé.
Est-ce qu'on peut être professionnel et grossier ? Oui, je pense. Parce que si on pousse le raisonnement inverse ça voudrait dire qu'on trouverait ça "normal" qu'il faille parlé super soutenu pour être dans le gouvernement par exemple, ça rendrait légitimes les critiques sur Poutou qui parle normalement et ne met pas de costume, et moi c'est pas la société que je veux.
Regardez Vice. Alors je sais que c'est un média qui fait énormément débat, mais moi dans mon adolescence ça m'a juste libéré de trouver ce magazine qui parlait d'expériences omniprésentes autour de moi (drogue, sexe, violence) sans tabou, dans mon langage, mais avec un regard plus réfléchi et sage que mes amis, qui étaient les seuls avec qui j'en parlais.
Mais c'était pas non plus les séminaires de sensibilisation aux drogues qu'on avait au collège et au lycée et que personne ne prenait au sérieux tant ils étaient moralisateurs et éloignés de notre réalité.
Voilà, je pense m'être un peu perdue en route, mais moi je n'ai AUCUN problème avec la grossiereté, voir ça me parle plus qu'un vocabulaire trop "standardisé" qui me semble forcé ou alors me donne l'impression que je parle avec ma mère.
Je suis assez choquée du débat sur la grossiereté, et je trouve que ça renforce encore plus le cliché que les lectrices de Madz font parties des PCS supérieures
Enfin tout ce que vous dites c'est quand même vachement silenciant, humiliant et dévalorisant pour les personnes qui utilisent ce langage de base.
Je vous conseille de lire Ce que parler veut dire de Bourdieu.
Parce que attribuer autant d'importance au niveau de langage et - surtout - estimer que seul un niveau de langage châtié garantisse le professionnalisme ou la valeur d'une source, c'est en fait maintenir un système hierarchique de reproduction des inégalités et des oppressions.
Je suis une gamine de riche mais dans mon enfance l'endroit où je vivais a fait que jusqu'à mes 18 ans mes potes c'était des pauvres, des gamins en échec scolaire ou envoyés dans des filières pro qu'ils n'avaient pas choisi. Depuis mes 18 ans où j'ai fait ma licence à Bordeaux, puis master à l'étranger, forcément je rencontre des gens qui sont bien plus proche de mon milieu d'origine. Et ben oui ils s'expriment différement (que ce soit le choix des mots ou l'attitude) et sont plus "respectés" et écoutés de fait en société, ils se donnent des grands airs en citant Schopenhauer oui c'est sûre que ça marche. Mais sont -ils plus intelligents pour autant ? Non, je ne pense pas. Mes potes d'enfances ont des réflexions super intéressantes, des expériences de vie difficiles qui font qu'ils ont une maturité de fou et je les admire sincérement. Mais je sais que dans la vie quotidienne ils ne seraient jamais vraiment pris au sérieux si ils se risquaient à livrer leur pensées et réflexions (et ça créé un gros complexe d'infériorité d'ailleurs) juste parce qu'ils n'ont pas la parole du bon français standardisé.
Est-ce qu'on peut être professionnel et grossier ? Oui, je pense. Parce que si on pousse le raisonnement inverse ça voudrait dire qu'on trouverait ça "normal" qu'il faille parlé super soutenu pour être dans le gouvernement par exemple, ça rendrait légitimes les critiques sur Poutou qui parle normalement et ne met pas de costume, et moi c'est pas la société que je veux.
Regardez Vice. Alors je sais que c'est un média qui fait énormément débat, mais moi dans mon adolescence ça m'a juste libéré de trouver ce magazine qui parlait d'expériences omniprésentes autour de moi (drogue, sexe, violence) sans tabou, dans mon langage, mais avec un regard plus réfléchi et sage que mes amis, qui étaient les seuls avec qui j'en parlais.
Mais c'était pas non plus les séminaires de sensibilisation aux drogues qu'on avait au collège et au lycée et que personne ne prenait au sérieux tant ils étaient moralisateurs et éloignés de notre réalité.
Voilà, je pense m'être un peu perdue en route, mais moi je n'ai AUCUN problème avec la grossiereté, voir ça me parle plus qu'un vocabulaire trop "standardisé" qui me semble forcé ou alors me donne l'impression que je parle avec ma mère.