J'aimerais ajouter un témoignage assez personnel à l'affaire, assez différent.
Je dois admettre que ça me pousse à me poser quelques questions. Face à un "non", je me suis toujours rebutée, bien entendu. Mais il y a eu cette personne, quelque peu indécise, qui me faisait le "oui mais pas ce soir". J'ai quelque peu insisté, voyant l'indécision et elle m'a invité chez elle où nous avons bu une (excellente) tequila avant de passer à l'acte, plutôt de son initiative. Si nous avons passé, je le crois, une assez bonne soirée, on s'est vite brouillées. Bon, je me suis laissée porter par ma libido (c'est l'histoire de ma vie cette phrase tiens), j'ai commencé à me dire récemment que mon insistance était peut être inappropriée. Une de mes amies pense que, puisque la personne était hésitante, il était normal que je tente ma chance et que, si elle a accepté grâce à mon insistance...Bon, autant dire que je commence à me poser quelques questions, culture du viol tout ça. Enfin voilà, encore cette foutue "zone grise". Un peu plus tard, j'ai appris que la personne avait, à cette période, quelques soucis (dépressions et anxiété apparemment) et franchement il y a une certaine culpabilité derrière. A se dire "Attends, est-ce que, sans le savoir, je l'aurais violée ? Enfin, elle était consentante, mais seulement après que j'aie insisté. Et puis, psychologiquement, elle était peut être pas vraiment en état de..."
Bon, un an après, on s'est expliquées, elle et moi et je dois admettre avoir été quelque peu rassurée.
Mais pourquoi nous racontes-tu ça Tezcat, me direz vous ? J'arrête tout de suite : Ce n'est certainement pas pour défendre le violeur de ce post. Un "non" est un "non". Une fois que ce mot est prononcé c'est "stop, rhabilles-toi". Seulement, on vit dans un contexte de culture du viol, on a toutes (et tous, ne discriminons pas) reçu une éducation sexuelle mineure ou inexistante pour les plus mal loties. Je ne dis pas que je comprends le collègue, mais je comprends le contexte derrière. On vit dans une société qui, sexuellement, nous pousse à ne pas réfléchir. Et pour moi, qui me suis toujours crue irréprochable sur ce point là (mégalomanie bonjour), quand la vague panique du "suis-je allée trop loin" s'est emparée de moi, j'étais totalement désemparée.
Bref, je vois que je me laisse aisément emportée, ce que je voulais dire, c'est : Il serait peut être temps qu'on arrive à changer nos habitudes sexuelles. A mieux exprimer les choses. Y'a certes une différence énorme entre un collègue avec une position d'autorité qui ne sait pas reconnaître le non-consentement et une fille qui a eu une bonne soirée qui doute quelques jours plus tard d'un consentement qui était néanmoins présent, mais c'est la même racine du problème, non ?