@Vango Ce n'est pas aussi simple que ça : si ça se termine en "sa parole contre la sienne", dans notre société, on aura tendance à la traiter comme "celle qui aura voulu porter plainte contre son boss", et malheureusement, oui, dans une carrière ça peut mettre du plomb dans l'aile. C'est injuste, mais c'est malheureusement la réalité. De plus, pour porter plainte, il va falloir faire face aux policiers qui ont de forte chance de t'infantiliser, te culpabiliser, te faire croire qu'au fond "tu le voulais" ... Enfin, il va falloir "faire face" aux regards de ses proches : certains peuvent réagir de manière surprenante et violente, alors que la victime, c'est toi, et tu ne demandes qu'à être écoutée et comprise. On vit dans une société qui voit encore le viol comme "un truc qui arrive aux autres" et pas à 1 femme sur 3, qui pense que quand une femme porte plainte pour viol contre quelqu'un de connu/haut placé/avec une quelconque autorité sur elle c'est qu'elle ment pour se faire valoir/connaître/je ne sais quelle autre idiotie, et que de toutes façons, dans la majorité des cas, selon son comportement et son attitude, "elle l'avait bien cherché".
C'est effrayant de voir le nombre de ce genre de témoignages, et le nombre de personnes qui se reconnaissent dedans ... Mais aussi de voir le nombre de personnes qui "se rendent compte" que, bah non, un viol c'est pas forcément un inconnu fou en pleine nuit sous la menace d'une arme : on oublie qu'il peut il y avoir des menaces psychologiques, une pression quelconque qui amène la victime à douter de ce qu'il se passe, et qu'on n'est pas obligée de se débattre et hurler comme des furies pour "prouver que l'on est une victime".
Ce qui est aussi inquiétant, c'est que cet homme (qui n'est pas un cas isolé, je suppose, il en existe plein des comme ça en pleine nature !) a déjà "une réputation". Il y a-t-il d'autres femmes qui ont subit la même chose ? Est-ce qu'il est conscient de ce qu'il fait ?
Et encore, le pire, c'est que quelque soit l'agresseur, on se pose encore la question "est-ce qu'il est conscient" ... mais on ne devrait pas avoir à se la poser ! Un "non" est sensé suffire, pas la peine de faire 3 avertissements, des pancartes et des manif's normalement : "non" bon sang, c'est pas compliqué ! Mais on en est toujours au même point, cette sempiternelle question des "signaux" qu'on a pu envoyé, qui font culpabiliser beaucoup de victimes - moi y compris - et qui fait tomber dans une spirale immonde, on se demande si on a agit correctement, si on n'a pas été trop "aguicheuse" ou je ne sais quelle idiotie, si on a été assez clair, si au moment des faits on a été assez violente pour se débattre ... 90% des violeurs ne sont pas inquiétés pour avoir meurtri un autre être humain parce qu'à cause de ça, beaucoup de victimes culpabilisent/ont honte/ont peur du regard des autres ... Alors qu'il n'y a aucune raison rationnelle de se laisser pourrir de l'intérieur et de se torturer pour des ordures pareilles.
Un "non", même marmonné, devrait être entendu et respecté, au lieu de marquer au fer rouge des millions (milliards ?) de victimes ...
Je fais partie des victimes, j'ai été violée deux fois, il n'y avait aucun rapport hiérarchique avec mes violeurs certes, mais je ne peux que comprendre parfaitement ce que ressent cette femme et je ne peux que compatir et la soutenir de loin.
Avant, je ne comprenais pas pourquoi on appelait les victimes de viols des "survivantes". J'aurais préféré ne jamais le comprendre.