Vous me manquez tant. Cet après-midi dans le couloir en attendant de voir le nouvel infirmier, le psychiatre est venu me voir. Je ne pensais pas qu'il viendrait me parler. Sa poignée de main, et son sourire. Le fait qu'il vienne à moi, qu'il prenne du temps pour me demander comment j'allais, quand je le revoyais (il ne le fait pas souvent). Ce n'était pas comme d'habitude. Peut-être a t'il eu vent de mon ressenti de la dernière fois - comme il m'avait blessée par sa froideur, sa lassitude envers moi et son incompréhension. Là, j'ai senti une douceur infinie. J'avais envie de lui dire "Merci. Merci pour votre gentillesse là, maintenant. Merci d'être descendu, merci d'avoir pris du temps pour moi, merci d'être venu me "toucher", me parler". Et surtout, surtout, je voyais dans son regard qu'en me voyant, il pensait à vous et il en était de même pour moi, le voir, c'était Vous, c'était vous revoir. Je sais, et je ne sais pas comment je le sais, qu'à chaque fois qu'il me revoit depuis votre mort, il vous revoit vous, tout comme en le revoyant, je vous revois. Je ressens sa souffrance à chaque fois. Les yeux brillants qu'il avait lorsque nous nous étions vus peu après votre mort. Les larmes intérieures qu'il avait. Je sais, et je l'ai réellement réalisé après, combien il vous aimait, vous appréciait, combien c'était fort, combien vous avez été important pour lui. Nous partageons avec tous ceux qui étaient vos collègues et qui sont mes soignants un pacte secret, implicite, un pacte d'amour, d'estime, pour vous, pour toujours.