A vous: Dans trois mois cela fera un an que je vous ai perdu, et déjà il arrive ce que je redoutais au plus profond de moi: les contours et les détails de votre visage me deviennent flous et j'ai même commencé à perdre la couleur et l'intensité exactes de vos yeux. Je le savais, je le savais bien que cela arriverait, c'est en me souvenant moins de vous que je vais réellement vous perdre, c'est de cela dont j'avais le plus peur, car maintenant c'est par la mémoire et par le souvenir et par ces seuls moyens-là que je vous ai encore près de moi et même eux avec le temps s'amenuisent, même eux disparaissent jusqu'à ne laisser qu'une image inexacte, une sorte d'illusion qu'on refaçonne, qu'on essaye de retranscrire et ce ne sera jamais aussi beau que la réalité, jamais ce ne sera aussi beau que vous l'etiez car ce n'est plus la verité, c'est le pire, c'est vraiment le pire de tout.
Je voudrais aussi dire à cette putain de nouvelle propriétaire que sitôt que j'aurai commencé à payer mon loyer, plus jamais, ô plus jamais, je ne veux subir ses propres folies, plus jamais je ne lui permettrai avec un de ces culots effroyable de me blesser et de m'avoir fait vivre un mois de stress par ses appels incessants, ses crises d'hystérie et ses paranoïas. Madame, je n'ai pas à payer de vos troubles psychologiques, je ne suis pas votre fille, je n'ai rien demandé, je suis votre locataire, je n'ai aucun compte à vous rendre et je n'ai aucune leçon à recevoir de votre part, vous ne faites pas partie de ma famille, ni de mes proches, ni des gens qui partagent mon existence. Laissez-moi enfin tranquille, vous m'avez fatiguée, vous m'avez épuisée, un mois durant, un mois que vous me cassez les couilles et vous m'avez tellement dégoûtée, tellement. Je suis un cas social et je vous emmerde. Bien. C'est un fait. Et du moment que je vous paye le loyer, et surtout, parce que vous avez accepté de me louer, sans que je vous oblige à quoi que ce soit, parce que vous m'avez choisi de plein gré, je vous ai pas mis un couteau sous la gorge, ne vous mêlez plus jamais de ma vie, et de la façon dont je la mène et plus jamais, plus jamais, ne vous insinuez dedans, je ne vous le permettrai pas, plus, vous n'êtes pas ma mère, ni mon psy, ni un contremaître, ni tout ce qui pourrait expliquer votre comportement avec moi, vous êtes mon propriétaire et mon seul et unique lien avec vous demeurera désormais dans le paiement du loyer et dans le versement de l'argent de mon compte au votre, rien d'autre, je ne veux rien d'autre de vous, plus jamais, plus jamais je ne veux entendre ce que vous avez osé me dire.