Oh mais c'est déjà l'heure du bilan de février !
J'ai beaucoup lu ce mois ci mais surtout beaucoup de petits livres. Tout d'abord un petit rappel des validations de janvier :
J'étais à 10/100 et j'ai lu 17 livres en février ce qui nous fait donc
27/100 ! Ca va donc être une grosse MAJ.
Avec peut être une impression de déjà-vu pour les personnes qui fréquentent Livraddict.
- 93. Un livre avec des plantes sur la couverture : My absolute darling de Gabriel Tallent
Ce livre est dur, cru, il met mal à l’aise, projetant le lecteur au coeur de cette relation totalement abusive. Turtle aime son père, au moins autant qu’elle se déteste elle-même, malgré tout ce qu’il lui fait subir. Et lui de son côté la vénère presque, ce qui augmente encore plus le malaise. Plus le livre avance, plus on réalise à quel point c’est glauque. J’ai plutôt apprécié ma lecture mais ça n’a pas été le coup de poing que j’imaginais, donc un peu déçue. Turtle est un personnage très intéressant mais son caractère est tel que j’ai eu du mal à m’attacher à elle, notamment au début, même si ce n’est pas sa faute. J’ai par contre adoré les personnages secondaires, Brett, Jacob, Cayenne…
- 37. Un roman dont l'histoire est inspirée de faits réels : Sweet Sixteen de Annelise Heurtier
Ce livre raconte l’arrivée de 9 adolescents noirs dans un lycée huppé d’Arkansas à la fin des années 1950 juste après l’abolition de la ségrégation dans les établissements scolaires publics. Le personnage principal, Molly, est basée sur l’une de ces neuf adolescents, Melba Pattillo et sur les mémoires qu’elle a publiés. Ces lycéens subissent un déferlement de haine inimaginable de la part de toute la ville et des autres élèves dans l’indifférence de l'administration, nécessitant même l’intervention de l’armée pour assurer quotidiennement leur sécurité au sein de l’établissement. C’est un roman court, très intense, qui broie le coeur, d’autant plus quand on pense que tout ceci s’est réellement passé il y a tout juste 60 ans. J’ai dévoré le livre en quelques heures et je pense tenter de lire le témoignage de Melba Pattillo, Warriors don’t cry.
- 63. Un livre du Club de lecture madmoiZelle ou dont tu as entendu parler grâce au forum madmoiZelle : Nous sommes tous des féministes de Chimamanda Ngozi Adichie
J'ai découvert Chumamanda Ngozi Adichie sur Madmoizelle et ça faisait très longtemps que ce petit ouvrage était dans ma PAL mais j’hésitais à me lancer en craignant qu’un texte aussi court ne reste en surface et ne m’apporte pas grand chose. Forcément, vu la longueur, ce n’est pas un essai révolutionnaire dès lors que l’on s’est déjà intéressé au féminisme mais il a le mérite d’être concis, très accessible, avec des exemples évocateurs et peut donc constituer une formidable porte d’entrée vers le féminisme pour les personnes qui pensent encore que c’est bon, l’égalité est atteinte et qu’on se plaint vraiment pour rien. (Même si j’imagine bien des mecs français objecter que tout ça, ça se passe au Nigéria et que ce n’est pas du tout pareil chez nous…
). J’ai en plus beaucoup aimé la plume de Chimamanda Ngozi Adichie qui est très fluide et la nouvelle qui suit le texte (Les Marieuses) a achevé de me convaincre de lire Américanah qui est aussi dans ma PAL depuis des lustres. C’est donc une jolie découverte mais juste, pourquoi ce titre en français ?
- 25. Un essai féministe : Chère Ijeawele, : Un manifeste pour une éducation féministe de Chimamanda Ngozi Adichie
Du coup, j’en ai profité pour enchaîner sur cet autre petit essai qui est la retranscription remaniée d’une lettre que l’auteure a envoyée à l’une de ses amies sur demande de celle-ci après la naissance de sa fille pour savoir comment l’éduquer de façon féministe. Il s’agit donc d’une liste détaillée de conseils. Encore une fois, c’est fluide et hyper agréable à lire. Ces conseils sont simples (du moins dans l’idée, le monde dans lequel on vit rend malheureusement la pratique plus compliquée, sinon on n’aurait pas besoin de textes comme ça), plein de bon sens et ils respirent la bienveillance. J’ai ressenti une énorme bouffée d’amour pour l’auteure en lisant ses mots. Je crois que je suis définitivement conquise !
- 91. Un roman graphique : Economix. La première histoire de l’économie en BD de Michael Goodwin et Dan E. Burr
Comme son nom l’indique, les auteurs nous offrent ici une histoire de l’économie, des physiocrates à nos jours, en BD. C’est vraiment très bien fait, les grands concepts, auteurs et enjeux sont simplifiés mais pas simplistes, le ton léger même si le propos reste sérieux. Je l’ai trouvé abordable mais il faut préciser que j’avais déjà étudié il y a quelques années la majorité des choses exposées ici. Même si, malgré ça, je ne sais pas ce que je serai capable d’en retenir sur le long terme, ça reste une lecture très intéressante !
- 64. Un livre que tu as honte de ne pas avoir lu : Passion arabe de Gilles Kepel
Ma mère m’avait offert cet ouvrage l’année de ma Terminale alors que je passais le concours pour intégrer le cursus que son auteur avait fondé à Menton. Je n’avais pas lu le livre à ce moment là (ce dont j'avais un peut honte parce que ce n'était pas si souvent que mes parents m'achetaient spontanément des livres sans que je ne les demande) et je n’ai pas eu le concours, pas sûre qu’il y ait une relation entre les deux mais j’avais mis le livre de côté. Cinq ans après, j’ai enfin lu ce journal de voyage de l’auteur à travers le monde arabe entre 2011 et 2013 à la rencontre de personnalités et d’anonymes, acteurs ou non du Printemps arabe en train de bouleverser les équilibres de la région. C’était très intéressant à lire pour (re)découvrir le contexte de ces révolutions, de l’installation des régimes actuels ainsi que des racines des guerres en cours, notamment en Syrie et au Yémen. J’ai été régulièrement un peu perdue face à la profusion des personnes rencontrées, à leurs noms, leurs fonctions, leurs allégeances (pouvant avoir un sens un peu différent selon le pays concerné) mais je sors quand même de cette lecture avec une vision beaucoup plus claire des différentes branches de l’islamisme (des djihadistes aux partisans d’un islamisme politique à la manière des chrétiens-démocrates européens), pas toujours étanches par ailleurs, de leurs relations et de leurs dissensions (entre Frères musulmans et salafistes par exemple) et des enjeux qu’elles sous-tendent. Ce fut donc une lecture très intéressante malgré des digressions qui m’ont parfois laissée un peu perplexe.
- 36. Un livre dont le titre contient un prénom : Idiss de Robert Badinter
J’ai eu un petit coup de coeur pour ce livre.
Robert Badinter raconte sa grand-mère, femme juive ayant grandi en Bessarabie, province de l’Empire russe, et qui a, comme beaucoup de juifs russes, émigré en France en 1912 avec sa famille pour fuir l’antisémitisme et les pogroms de la Russie tsariste. Il raconte aussi ses parents, sa mère Chifra (puis Charlotte) arrivée en France à 12 ans, et son père Simon originaire de la même région mais rencontré à Paris, leur amour de la France qui les a accueillis et leur foi dans la République française et ses principes. Il raconte enfin son enfance heureuse puis la peur face à la montée du nazisme et finalement au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. A travers une plume très sobre, Robert Badinter réussit à faire passer beaucoup d’émotions et toute la tendresse qu’il ressent pour sa famille et notamment sa grand-mère, Idiss, à qui est dédié cet hommage touchant. C’est un magnifique témoignage qui dit à mots couverts les horreurs de la haine de l’autre et d’un passé qu’on ne doit pas oublier. Ca m’a donné très envie de découvrir d’autres ouvrages de ce monsieur, notamment L’abolition.
- 23. Un livre publié dans les années 2000 : Où on va, Papa ? de Jean-Louis Fournier
Petit ouvrage autobiographique dédié aux deux fils handicapés de l’auteur, très rythmé avec des chapitres très courts mais intenses. Le ton de l’auteur est vraiment cynique, parfois dérangeant, peut être même choquant, mais j’ai justement énormément aimé. C’est celui d’un homme dépassé par ce destin qui lui a donné non pas un mais deux enfants « pas comme les autres » qu’il doit regarder grandir et souffrir sans voir d’évolutions et sans pouvoir créer de réels liens avec eux. Ayant une soeur handicapée, c’est un sujet qui me touche énormément et je m’attendais à pleurer, mais si j’ai eu en effet les larmes aux yeux, j’ai aussi éclaté de rire à plusieurs reprises.
- 97. Un livre parlant de livres : Les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui
Un magnifique hommage tant au pouvoir des mots et de la littérature qu’à ces jeunes gens avides de liberté et de démocratie. A travers Ahmad, Shadi, Hussam, Omar, Ustez… et leurs paroles, ce livre redonne un visage à ces victimes de la barbarie, tuées par le régime et anonymisées par les extrémistes religieux et organisations djihadistes, ces voleurs de la révolution qui ont semblé cristalliser la guerre civile syrienne autour de deux camps : les terroristes et le régime de Bachar al-Assad, en laissant dans l’oubli tous les Syriens qui se sont soulevés et continuent de se battre contre le pouvoir dictatorial pour la liberté et la justice puis simplement pour leur droit à vivre. Une très belle lecture.
- 60. Un livre publié avant 2000 : Le féminisme au masculin de Benoîte Groult
J’avoue qu’avant de lire ce livre, j’étais aussi intriguée qu’un peu réticente (genre pourquoi parler encore des hommes, même dans le féminisme, alors qu’on en parle partout ailleurs ?). Mais ces réticences se sont évaporées dès les premières pages. La plume de Benoîte Groult est très agréable à lire et j’ai beaucoup aimé plonger dans l’Histoire à la découverte de ces premiers féministes, certains que je ne connaissais que vite fait de nom (Poullain de la Barre, Fourier) et d’autres que j’ai redécouverts sous un nouveau jour (Stuart Mill, Condorcet). J’ai aussi beaucoup apprécié la dénonciation par l’auteure de ces faux féministes qui « adorent LaFâme » (tant qu’elle reste à sa place évidemment), ceux qu’elle appelle les « féminôlatres ».
- 26. Un livre dont l'auteur.ice a les mêmes initiales que toi (les deux ou juste une) : Nos vies en l’air de Manon Fargetton
Un petit roman YA sur la rencontre de deux lycéens sur le toit de l’immeuble duquel chacun d’eux avait prévu de se suicider. Ils se donnent la nuit, ensemble, pour décider de sauter ou non. C’est une jolie lecture que j’ai avalée d’une traite et qui aborde de nombreux thèmes difficiles tels que le harcèlement scolaire, le deuil, l’auto-mutilation… J’ai cependant été un peu frustrée par la fin.
- 38. Un livre dont le personnage principal est une femme que tu trouves inspirante : Espionnes de Dalila Kerchouche
Des années que je voulais lire cette enquête sur les femmes des services de renseignement français malgré quelques aprioris vu que son auteure est journaliste chez Madame Figaro, soit pas vraiment le journal réputé le plus progressiste. Mais j’ai rapidement été rassurée, Dalila Kerchouche évacue dès le début toute potentielle tentation essentialiste pour justifier la place des femmes dans le renseignement (la fameuse intuition féminine par exemple) et malgré quelques maladresses qui m’ont fait parfois tiquer, j’ai vraiment aimé ma lecture. A travers les interviews de dizaines de femmes, militaires ou civiles, de tout âge et des sept services de renseignement français, on découvre un petit morceau de cet univers très secret et objet de fantasmes. Chacune à sa façon évoque son parcours, son expérience, le machisme souvent notamment pour les « pionnières », son ressenti suite aux attentats de janvier et novembre 2015, sa vie de couple ou non, ses succès et ambitions… C’est assez grisant de lire tout ça. Mais revient aussi régulièrement l’idée que les femmes ont souvent besoin de se battre deux fois plus que les hommes pour s’imposer dans ce milieu, même si les choses bougent peu à peu. Ces femmes envoient en tout cas un message inspirant aux filles des nouvelles générations.
- 18. Un livre policier ou un thriller : Little monsters de Kara Thomas
Si je suis habituée aux YA, je n’ai pas tellement l’habitude de lire des thrillers et j’ai au final beaucoup aimé ce mix entre les deux. Ce fut une lecture très sympa, difficile à lâcher, avec des personnages intéressants et bien construits.
- 79. Un livre avec un fort message féministe : Les jeunes mortes de Selma Almada
Vingt-cinq ans après, Selma Almada enquête sur trois meurtres d’adolescentes argentines dans les années 80, trois faits divers n’ayant rien à voir les uns avec les autres si ce n’est qu’ils n’ont pas été élucidés et que les victimes étaient des jeunes filles pauvres dans un univers imprégné de culture du viol. L’enquête de Selma Almada ne permet bien sûr pas de trouver les coupables mais à travers ces trois histoires qu’elle croise avec ses propres souvenirs de jeunesse, les récits de sa mère et de sa tante, les histoires des voisines ou encore d’autres assassinats de femmes relayés par la presse ou la mémoire collective, ce livre est une dénonciation glaçante des féminicides et de la culture du viol en Argentine. C’est une lecture assez difficile, parfois perturbante (je me suis parfois perdue entre les histoires des trois jeunes filles assassinées) mais terriblement juste.
- 65. Un livre / essai de philosophie : L’Alchimiste de Paulo Coelho
Je crois que je suis un peu hermétique aux contes philosophiques. Je n’ai pas vraiment compris où l’auteur voulait nous emmener. Malgré ça, j’ai quand même bien aimé l’ambiance du livre qui nous fait voyager en Andalousie puis dans le désert du Sahara.
- 1. Un livre de moins de 150 pages : La Honte de Annie Ernaux
Alors allez savoir pourquoi, j’étais persuadée que ce livre parlait de la honte ressentie par l’auteur lors de ses premières découvertes sexuelles mais en fait PAS DU TOUT.
Il s’agit en réalité d’un thème qui revient souvent chez elle : la prise de conscience du milieu social auquel elle appartient et la honte qui accompagne les comparaisons qu’elle peut effectuer avec les personnes qu’elle fréquente. Cette honte, elle a réussi à me la faire ressentir à travers ses mots et les scènes qu’elle raconte. J’ai trouvé très intéressant cette plongée dans le quotidien d’une petite ville de campagne des années 50. A chaque fois que je lis Annie Ernaux qui est née seulement deux an après ma grand mère, à la campagne aussi, je suis toujours un peu fascinée par ce qu’elle raconte comme si je plongeais aussi un peu dans l’histoire de ma famille.
- 40. Un livre feel-good : J’ai avalé un arc-en-ciel de Erwan Ji
J’avais pas mal entendu parler de ce livre avant de le commencer, en très bien comme en très mal, donc j’étais assez curieuse. Au final, j’ai bien aimé ! C’est un livre très feel good. Puce est franco-américaine et vit aux États-Unis où elle fréquente un lycée très élitiste. J’ai eu un petit passage à vide au milieu du livre où je soupirais fréquemment parce que ça fait quand même vraiment caricature d'école américaine (chaque semaine ou presque, il y a un jour spécial (sans uniforme, mal habillé, St Valentin’s day…)) présentée comme parfaite (genre il n’y a pas de bullying d’après Puce mais une fille est quand même considérée comme la « slut » du lycée...
), le tout dans un univers hyper catholique. Mais une fois tout ça accepté, je me suis à nouveau laissée emporter par la bonne humeur qui se dégage du blog de Puce et j’ai beaucoup aimé ma lecture (tout en reconnaissant que certaines choses sont problématiques). Beaucoup de critiques concernaient l’histoire d’amour et la façon dont elle est présentée mais je l’ai trouvée au contraire bien amenée et toute mignonne ! Je pense que je lirai la suite avec plaisir.
Ce fut un très bon mois niveau lectures ! Quelques petites déceptions mais surtout beaucoup de belles découvertes !
Et j'ai passé le cap du quart du challenge, je crains qu'il ne soit déjà difficile de trouver une catégorie pour chacune de mes prochaines lectures.