Je devais avoir environ 10 ans, ma sœur 7, on dormait ensemble dans mon lit, au moment où l'on commençait à sombrer elle m'a sorti une phrase à peine croyable parlant de notre papi qui lui faisait des choses etc... moi choquée lui demande de répéter, puis elle me dit que non c'est rien, c'est des bêtises... À cet âge ça m'a sûrement arrangé de le croire et j'ai occulté le truc pendant 16 ans.
Je sais que ma sœur a toujours eu des problèmes avec sa sexualité d'adulte, pas de sensations, absence de désir... Il y a tout juste un an, au détour d'une discussion portant là-dessus avec une amie du collège (qu'on a en commun mes sœurs et moi), celle-ci me sort une phrase " bah oui avec l'histoire de ton grand-père maternel... " (pensant sans doute que je suis déjà au courant) et là tout est remonté, la confidence dans le lit quand nous étions enfants, sa honte sans doute à ce moment là devant mon visage et mon air choqué...
Je passe une nuit sans sommeil, à retourner le truc dans tous les sens, comment je vais dire à ma sœur que je sais, lui demander de me confirmer, après tout elle n'a peut-être pas envie d'en parler. Je pleure beaucoup aussi...
Dès le lendemain je passe la voir et me lance un peu stressée (sachant ce que j'allais sans doute découvrir) et elle me confirme que ça a duré jusqu'à ses 10 ans environ, souvent lorsqu'elle allait chez mes grand-parents en sortant de l'école, jusqu'à ce qu'elle dise non !
Elle ne veut pas que ça se sache, elle ne veut pas que mes parents sachent, ma mère serait sans doute détruite d'apprendre la vérité sur son père et mon père trop hors de lui pour pouvoir se contrôler. Elle-même me dit n'y penser que très rarement.
J'ai appris ce secret il y a tout juste un an, des semaines à passer mes nuits à digérer l'histoire, à me dégoûter de pouvoir avoir un lien de sang avec un tel individu (soyons clair, ce n'est plus mon grand-père, juste un connard que j'essaye de voir le moins souvent possible, aux repas de famille auxquels j'essaye au maximum d'éviter, je ne veux tout simplement plus appartenir à cette famille...)
Même si je sais que ce n'est pas une solution, le bilan au bout d'un an est que j'éprouve une très grande colère, contre lui, contre une grand-mère aveugle, contre ma mère elle aussi aveugle, contre moi qui m'impose ce silence par respect pour ma petite sœur, n'ayant pas su entendre ce qu'elle m'avait dit quand nous étions enfants. J'attend avec impatience le soulagement que me procurera la disparition de mes grand-parents, pour le moment, j'ai juste l'impression de retenir mon souffle pour ne pas bouillir à la simple idée de penser à cette histoire.
Ironie de l'histoire, ou morale s'il en faut une, il y a quelques années, stagiaire dans un cabinet d'avocat, j'avais travaillé sur des dossiers de droit pénal, avec des histoires toutes plus sordides les unes que les autres, de pédophilie et d'inceste, je pensais que ça n'arrivait que dans les milieux très défavorisés des campagnes, avec des gens un peu bizarres... En fait non, ça touche tous les milieux et beaucoup plus souvent qu'on ne le croit, c'est un phénomène qui est en fait, tellement abjecte, qu'on ne veut tout simplement pas le voir, encore moins chez soi...
Je sais que ma sœur a toujours eu des problèmes avec sa sexualité d'adulte, pas de sensations, absence de désir... Il y a tout juste un an, au détour d'une discussion portant là-dessus avec une amie du collège (qu'on a en commun mes sœurs et moi), celle-ci me sort une phrase " bah oui avec l'histoire de ton grand-père maternel... " (pensant sans doute que je suis déjà au courant) et là tout est remonté, la confidence dans le lit quand nous étions enfants, sa honte sans doute à ce moment là devant mon visage et mon air choqué...
Je passe une nuit sans sommeil, à retourner le truc dans tous les sens, comment je vais dire à ma sœur que je sais, lui demander de me confirmer, après tout elle n'a peut-être pas envie d'en parler. Je pleure beaucoup aussi...
Dès le lendemain je passe la voir et me lance un peu stressée (sachant ce que j'allais sans doute découvrir) et elle me confirme que ça a duré jusqu'à ses 10 ans environ, souvent lorsqu'elle allait chez mes grand-parents en sortant de l'école, jusqu'à ce qu'elle dise non !
Elle ne veut pas que ça se sache, elle ne veut pas que mes parents sachent, ma mère serait sans doute détruite d'apprendre la vérité sur son père et mon père trop hors de lui pour pouvoir se contrôler. Elle-même me dit n'y penser que très rarement.
J'ai appris ce secret il y a tout juste un an, des semaines à passer mes nuits à digérer l'histoire, à me dégoûter de pouvoir avoir un lien de sang avec un tel individu (soyons clair, ce n'est plus mon grand-père, juste un connard que j'essaye de voir le moins souvent possible, aux repas de famille auxquels j'essaye au maximum d'éviter, je ne veux tout simplement plus appartenir à cette famille...)
Même si je sais que ce n'est pas une solution, le bilan au bout d'un an est que j'éprouve une très grande colère, contre lui, contre une grand-mère aveugle, contre ma mère elle aussi aveugle, contre moi qui m'impose ce silence par respect pour ma petite sœur, n'ayant pas su entendre ce qu'elle m'avait dit quand nous étions enfants. J'attend avec impatience le soulagement que me procurera la disparition de mes grand-parents, pour le moment, j'ai juste l'impression de retenir mon souffle pour ne pas bouillir à la simple idée de penser à cette histoire.
Ironie de l'histoire, ou morale s'il en faut une, il y a quelques années, stagiaire dans un cabinet d'avocat, j'avais travaillé sur des dossiers de droit pénal, avec des histoires toutes plus sordides les unes que les autres, de pédophilie et d'inceste, je pensais que ça n'arrivait que dans les milieux très défavorisés des campagnes, avec des gens un peu bizarres... En fait non, ça touche tous les milieux et beaucoup plus souvent qu'on ne le croit, c'est un phénomène qui est en fait, tellement abjecte, qu'on ne veut tout simplement pas le voir, encore moins chez soi...