Comment tuer la vocation professorale ?

[clems89]

Ma meilleure amie (en LLCE anglais) se renseigne actuellement pour un Master Enseignement. Elle veut devenir instit' en maternelle. Je serais à sa place, quitte à se taper un Master autant faire prof' en lycée ou à la limite en fac' histoire de gagner un peu + et d'avoir moins de trucs à faire en rentrant le soir!
Et puis franchement, sans vouloir décourager personne, vu l'ambiance qu'il y a en ce moment dans l'éducation nationale....

Moi de mon côté après 2 générations d'instit', j'ai brisé la tradition familiale en étant hôtesse de l'air

 

[Humming]

Dans quel pays est-tu ? Ton système d'études me parle mais j'arrive pas à mettre un nom sur un pays ...

Je suis suissesse...

 

[Sookie]

Cet article et la quasi totalité des commentaires me donnent envie de pleurer, et me met dans une rage folle, je suis actuellement en LLCE Anglais en L1 et j'ai choisi de faire ce parcours car j'aimerais devenir prof au lycée, mais je ne cesse de me poser des questions, je pourrais encore changer de voie puisque je ne suis qu'en L1 mais j'ai toujours pensé à ça, j'arrive pas à envisager autre chose ni à me dire que je devrais passer par un bordel pareil qui ne sert qu'à nous décourager.

 

[Marie Obrigada]

Voilà une des raisons pour laquelle je profite d'avoir la possibilité d'enseigner pour l'instant, sans trop me projeter dans l'avenir, en apprenant autant que possible de cette expérience mais sans trop me prendre la tête (dit celle qui pourri le topic des profs de ces lamentations !)

 

[Clairele]

Je comptais faire une L3 sciences de l'education l'année prochaine, pour faire ce masyer, je crois que j'vais abandonner cette idée ! Juste une question, comment ça se passe pour enseigner le francais a l'étranger ? Je suppose que le concours se passe en France du coup ça doit être le meme bordel non ?

Pour enseigner le français à l'étranger, pas de concours ! Juste un master FLE à faire. Si ta fac en propose, elle propose sûrement aussi des modules de FLE à faire en licence ou des modules de didactique en langues. C'est en général un gros "plus" pour être accepté en master FLE.
Par contre, ce diplôme ne débouche pas sur des métiers très stables... En général un prof de FLE fonctionne au CDD à l'année et si jamais tu veux rentrer en France et y exercer, les places sont chères. Par contre, tu peux exercer face à tout type de public : adultes, enfants, professionnels, analphabètes, primo-arrivants, tu peux même tomber par exemple en Arménie, et te retrouver sans aucune langue en commun avec ton public (ça, c'est du défi ! :-p)

Et sinon, si tu as déjà un pays en tête, tu peux te renseigner sur comment accéder au titre de prof de français dans leur éducation nationale. Par exemple, au Royaume Uni il faut passer les PGCE, parmi d'autres futurs profs de français d'origine anglaise.

Je peux aussi te conseiller de voir avec ta fac si elle propose pas des années d'assistanat de français à l'étranger avec le CIEP. Perso, c'est ce que j'ai fait. Je voulais d'abord être prof de FLE et lors de cette année, je me suis rendu compte que ça me plaisait pas tant que ça, finalement...

 

[Clairele]

Sookie :
Conseil d'une LLCE Anglais, titulaire de sa licence, ayant commencé l'IUFM lors de la dernière rentrée :

Si tu as des doutes sur ton avenir, je te conseille de passer à une filière qui ouvre plus sur le monde du travail. Au départ, j'ai fait LLCE pour devenir prof de lycée en anglais, mais j'ai changé d'avis en cours de route. En fin de Licence, je me suis rendue compte que tous les masters en langues qui m'intéressaient/qui avaient des débouchés sûrs avaient au moins deux langues étrangères de travail ; je me suis donc lancée dans le master MEF (professorat des écoles) par dépit et je me suis rendue compte par moi-même que :

1. C'était pas ma vocation.
2. Les enseignements n'avaient ni queue ni tête,
3. les stages ne donnaient pas une vision réaliste du métier,
4. Le métier s'enlise et il deviendra de plus en plus difficile d'être prof.
(5. en plus, je trouve que c'est très mal payé compte tenu de toutes nos obligations, responsabilités, et l'implication énorme que ça demande...)

Les gens que je connais et qui préparent les concours dans l'enseignement dans le secondaire se plaignent des mêmes problèmes (quoique leurs stages à eux m'ont l'air plus proches de la réalité).

Alors, pour en finir, mon conseil : si tu te sens susceptible de changer de voie, passe en LEA, ou fais un double cursus (avec une autre langue principale, ou carrément un autre domaine d'études...). En LLCE, on acquiert une très grande maîtrise de la langue et une énorme connaissance de la culture porteuse, mais tout ça ne suffit pas à faire un métier. En LEA, certes le niveau en langues est moins élevé (quoique... on leur enseigne plus une langue pratique et professionnelle, et pas d'anglais du Moyen Age qu'ils ne vont jamais réutiliser), mais au moins on peut accéder à des tas de masters, et je suppose qu'avec beaucoup de motivation, on peut devenir prof.

 

[mayajune]

Mon père est prof à l'IUFM et il nous parle tout le temps de ces problèmes, ça fait plaisir de voir que ça touche vraiment des gens et qu'on s'en rende compte :rotate:

 

[Cha_rlène]

Food'Amour

Il faut choisir : pleurer de rire ou pleurer tout court.

 

[Peaudouce]

Big up pour cet article de la part d'une assistante d'éducation qui voit les conditions d'accueil au collège se dégrader sous ses yeux...

Au programme de l'année prochaine, la fusion de direction des deux collèges de la ville où je travaille. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement? Ca signifie que pour les deux collèges, il y aura un seul principal... On a déjà l'impression de ne pas pouvoir assurer pleinement la sécurité des élèves, étant donné que la majorité du temps il n'y a que deux surveillants pour 400 élèves. Vous m'expliquez comment on fait notre travail quand pendant la récréation il faut une personne à la grille, une dans la cour, une au bureau, une dans les toilettes et une dans les couloirs? On se coupe en trois?

Autre chose, les postes de TICE (les surveillants spécialisés dans la maintenance des salles info) vont tous être supprimés dans l'académie l'an prochain. Résultat, on a investi des milliers d'euros pour équiper des salles pupitres et on va se retrouver sans personne pour les gérer ou filer un coup de main aux profs qui n'ont pas forcément ça dans le sang...

Le système éducatif français est mort, c'est un fait, et c'est le résultat de quinze ans de politique libérale. Quel avenir peut espérer un pays qui n'investit rien dans sa jeunesse? Et comment, en étant politicien, peut-on oublier que l'éducation est ce qu'il y a de plus important, parce que TOUT découle de là. Merde alors.

 

[missfreez]

Je suis actuellement en hypokhâgne, j'ai la féroce envie depuis peut-être mes six ans de devenir professeur de lettres. Les métiers de l'enseignement sont des métiers durs, aussi bien en terme d'accès, de formation ou d'application. Mais après tout, what's the hell ? Aujourd'hui c'est une réalité, s'insérer dans la vie professionnelle est devenu un véritable casse-tête, on s'échine à obtenir un diplôme déjà dévalué lorsqu'on déboule à un entretient d'embauche. Malheureusement, université ou pas, professorat ou pas, c'est partout la même merde. Je connais les enjeux, la difficulté, j'en suis consciente, et ce serai hypocrite de les taire, mais puisque la flamme brûle, pourquoi se résigner ? L'angoisse face au monde du travail est commune à l'ensemble de notre génération, je trouve cet article pertinent, car c'est une certitude, il faut en parler, mais surtout il ne faut pas se décourager. Après tout, n'est-ce pas un des plus beaux métiers au monde ?

Oui, je le concède, ce commentaire s'apparente plus à de l'auto-motivation, mais merde, ce serait trop con d'abandonner ces rêves parce qu'ils sont durs à réaliser.

 

[Névralgeek]

Voilà qui doit vous donner du courage...
Je souhaite bonne chance à toutes celles qui sont dans cette filière en tous cas...

 

[Albatros]

Je fais un double post pour poser une question qui n'a rien à voir avec mon message d'au-dessus : dans l'enseignement privé c'est pareil non ? Ma cousine, qui passait normalement pile poil avant la réforme, est allée au CFP l'année dernière (équivalent de l'IUFM pour le privé), n'a pas validé son année, et se retrouve aujourd'hui en master pour pouvoir retenter le concours...
Donc le problème se pose exactement de la même façon, non ?

Dans mon post je parlais du stage qui est différent car cette année on avait un tuteur à plein temps dans le privé (puisqu'on travaillait sur ses heures de cours à lui) et qu'on n'effectuait pas seulement un remplacement, mais pour ce qui est du concours, c'est la même chose/même combat...