Comme j'ai fait ma scolarité dans un secteur très chic où sont concentrées beaucoup d'excellentes écoles publiques, j'ai toujours eu cette vision de l'école publique française de très grande qualité et de l'école privée beaucoup plus discutable.
Dans mon secteur, il fallait soit avoir un enfant avec de gros problèmes (échec scolaire, comportement...) et être prêt à passer à la caisse pour le caser dans une école près de chez lui, soit être bien conservateur et bien à droite. Pour rivaliser avec les écoles publiques déjà prisées des gens à gros portefeuille, les écoles privées devaient proposer un programme "élitiste" spécifique type vieille France en gros, avec catholicisime de familles nobles et autre, ou promettre monts et merveilles à des parents dont l'enfant ne réussissait pas comme ils l'espéraient dans l'école publique.
J'ai réalisé notamment en lisant des topics ici que dans certaines régions, on a limite la vision inverse de l'école. Une de mes amies est allée à l'école privée, je lui ai demandé pourquoi et elle a dit qu'elle ne savait pas trop, toutes ses amies étaient allées à l'école privée et les parents s'entrainaient entre eux. Dans sa région, l'école privée était plus prestigieuse, mais je ne suis pas sûre que c'était vraiment fondée.
Mes cousins plus jeunes ont grandi dans un quartier assez mélangé où des gens très aisés vivaient dans de belles maisons et quelques rues plus loin, il y avait des logements populaires. Les écoles des environs avaient mauvaise réputation parmi les classes aisées, donc les enfants de ces catégories allaient dans les écoles privées catholiques du quartier et les enfants moins aisés dans les écoles publiques mal notées.
Ma tante est très hostile à la religion et complètement athée, donc c'était quand même un peu surprenant de voir qu'elle mettait ses enfants là. Mais elle m'assurait que non, en vrai la religion n'est pas importante dans cette école! Les enfants ont le choix de leur foi! Le catéchisme est obligatoire oui, mais c'est comme un cours de philosophie religieuse, c'est bien pour leur épanouissement psychique! L'équipe pédagogique est très ouverte d'esprit et accepte tout le monde! Au final, ce n'est qu'un détail que ce soit une école catholique!
Quelques années après, je suis devenue nounou après l'école d'enfants de la même école catholique, avec un peu près le même profil : leurs parents n'étaient pas hostiles à la religion mais ils s'en foutaient complètement de tout ce qui est lié à la foi, ne connaissent probablement pas grand-chose sur le message du Christ, et voulait juste une bonne école et un bon environnement pour leurs enfants. Hé bien j'ai d'abord commencé par être assez perplexe de voir toutes ces poussettes et ces cartables couverts d'autocollants de la Manif Pour Tous à base "une famille = un papa + une maman". Puis j'ai franchement déchantée quand non seulement le fils aîné (qui avait seulement 8 ans) se transformait en petit dévôt au fil de l'année scolaire car très bon élève qui veut plaire aux adultes, il suivait assidûment le catéchisme, donc clairement on lui enseignait que c'était ça qu'il fallait croire, pas à trouver sa voie. Et puis surtout quand il a commencé à me répéter des trucs antisémites qu'on lui racontait au catéchisme, bon voilà quoi.
Et ça évidemment hein, ce n'est absolument pas du tout l'image que l'école dépeignait à ma tante ou aux parents du gamin. Bien sûr qu'ils savaient comment vendre l'école à des parents pas spécialement intéressés par Jésus.
Pour les écoles hors contrat de mon secteur, c'était un peu pareil. Franchement, le nombre d'amies envoyées dans ces écoles super chères parce qu'on leur promettait des résultats miracles et un environnement scolaire incroyable alors que ça se passait bof pour elle dans les lycées publics chicos, pour que finalement elles se retrouvent avec un enseignement nul, un laissez-faire stupéfiant sauf pour slut-shamer les adolescentes sur leurs tenues, des résultats scolaires gonflés artificiellement...
Bref, je pense que le risque principal avec l'école privée, c'est que la promesse ne correspondait pas forcément à la réalité. Les écoles privées doivent recruter des élèves, ce qui pour beaucoup d'entre elles passent par une opération séduction des parents, les écoles publiques n'ont pas ce problème. Mais bien sûr, certaines écoles privées sont aussi évidemment une bonne solution, surtout quand ça ne se passe pas bien dans l'école publique du secteur.
Je pense simplement qu'avant de supposer ce dont l'enfant a besoin en se disant que l'école privée d'à côté le fournit mieux, il faudrait peut-être voir si ça ne colle vraiment pas si bien que ça dans l'école publique locale avant d'en être sûr. Déjà, je pense que des enfants de Maternelle qui harcèlent (et j'ai été victime de harcèlement scolaire important), la solution ce n'est pas de retirer l'enfant du groupe en espérant qu'un autre groupe l'acceptera mieux mais plutôt de mobiliser les adultes pour que le harcèlement cesse. Enfin, c'est quand même pas normal d'être dans une situation où on a peur du harcèlement en CP (et je parle bien de la situation qui n’est pas normale, pas des peurs de la maman!). On ne parle pas de préados difficiles à gérer qui font leurs coups en douce mais d'un âge où les enfants sont beaucoup plus contrôlables et pas assez matures pour filouter sur ce qu'ils font sur le long terme. Si le harcèlement existe et qu'il n'est pas géré, c'est clairement un problème du côté des adultes mais rien ne dit que ce problème ne sera pas géré en CP!
Même si je pense que c'est une profonde erreur voire grave de vouloir "endurcir" un enfant, je pense que le père n'a pas forcément tort de ne pas vouloir régler le problème en simplement changeant les camarades de classe. A cet âge-là, il y a quand même d'autres solutions et je me doute bien que la Madz ne va pas donner cette raison-là à son enfant mais ce n'est pas forcément la meilleure des leçons à mon sens que de se dire : bon, les camarades de classe de mon fils ne sont pas très sympas, donc je change les enfants autour de lui. Surtout que rien ne prouve que le problème ne se reproduira pas dans une autre école et la distinction publique/privée ne change rien sur ce plan-là.
Pour la taille des classes, je pense aussi qu'on ne peut pas forcément comparer le comportement d'un enfant pendant les activités extra-scolaires, par essence plus informelles, et le comportement d'un enfant dans un environnement de classe. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si certains élèves dissipés ou désintéressés par l'école ont de bons rapports avec leur prof de sport ou d'arts plastiques mais pas leur prof de maths : ce n'est pas le même cadre, la participation n'est donc pas la même.
Enfin, je ne sais pas si c'est vrai partout mais le problème que mes cousins ont eu c'est qu'une fois rentré dans le système privé (même sous contrat), c'était vraiment compliqué pour eux de retourner dans le système public. Ma cousine voulait vraiment aller au collège public et elle n'a pas réussi à se faire accepter, elle a réessayé au lycée, même problème, donc elle a été contrainte de poursuivre sa scolarité dans le privé jusqu'au bout. Le passage public vers le privé est beaucoup moins compliqué.
Bref, je pense que ça peut valoir le coup de tenter le public si un des parents y tient, et si vraiment ça ne colle, de voir si ça irait mieux dans le privé ensuite.