Je seconde ce que dit
@Dounei, et les commentaires qui vont dans ce sens.
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que la culture est politique, tout comme l'attribution des subventions quelles qu'elles soient. C'est le jeu : les conseils départementaux, les présidents de région, etc, vont toujours subventionner des projets qui vont dans le sens de leur ligne politique, et retirer des fonds à ceux qui ne le font pas. Et tout ceux qui travaillent dans le secteur culturel le savent : si tu ne fais pas rentrer ton projet dans les cases que privilégient les politiques du moment, ben tu peux t'asseoir sur tes subventions...Ca fait des décennies que c'est comme ça, je comprends pas pourquoi certains ont l'air de le découvrir.
Au passage, les routes, les hôpitaux, etc, ça n'a rien à voir car ce sont des compétences qui relèvent de l'Etat (directement ou via les collectivités territoriales) : on ne peut donc pas parler de subventions mais de budgets internes, et oui, ça fait une différence profonde. L'Etat ne risque pas de "désubventionner" à tour de bras les routes, les hôpitaux, les écoles, tout simplement parce qu'il a la charge directe de ces équipements (il peut baisser les budgets et les délabrer grandement, hein, je dis pas le contraire, mais c'est pas le même processus).
Enfin, dernier point qu'il me semble intéressant d'aborder, c'est le point de vue des organisateurs de festivals (parce qu'on a beaucoup parlé des points de vue des instances politiques, des perpignanais, des habitants, des festivaliers potentiels, et c'est cool, mais soyons exhausti.ves dans la réflexion).
Déjà, principe de base : l'organisateur du festival, c'est son bébé à lui, c'est encore donc à lui, il me semble, de prendre la décision de la localisation du festival.
Décision qui sera influencée par plusieurs facteurs : capacités d'accueil, infrastructures présentes, contraintes logistiques...et, bien évidemment, la thune. La politique, aussi, parce que les festivals sont des objets culturels politiques.
Mais surtout : les festivals ont des modèles économiques extrêmement FRAGILES (encore plus depuis la crise sanitaire). Ils dépendent à des degrés divers des financements publics, et certains ne peuvent pas se permettre de perdre des subventions ou des partenariats, quels qu'ils soient. Ou alors il faut que cela ait été mûrement réfléchi en amont, et très clairement, pour la saison 2023, c'est trop tard, l'heure n'est plus à ces réflexions.
Et au-delà des subventions, ils sont extrêmement dépendants des recettes de billetterie : les marges sont tellement faibles que, pour rentrer dans leurs frais et arriver à l'équilibre budgétaire, les festivals DOIVENT faire le plein. Sinon, déficit et cata assurée (au passage, c'est pour ça que vous voyez toujours les mêmes têtes d'affiche sur les gros festivals estivaux : pour assurer un remplissage maximal).
Partant de ce postulat, si les organisateurs voulaient sauver :
- leur programmation de têtes d'affiches drainant un max de monde (Indo et Louise Attaque correspondent, je crois, et sans doute que d'autres artistes les auraient rejoints par la suite )
- Leur fréquentation qui assure l'équilibre budgétaire en évitant des boycotts de potentiels festivaliers
- Leur image publique et politique (ce genre de polémiques ça peut laisser des traces et être très dommageable à une image de marque et auprès des publics)
- Et potentiellement leur budget s'ils sont très dépendants des subventions publiques (ou si des partenaires privés venaient à se désolidariser d"eux suite à cette histoire)
Ben ils avaient pas le choix, en fait. Leur décision de ne finalement pas le faire à Perpignan est on ne peut plus logique et rationnelle.
Sans même rentrer dans des considérations politiques, elle est juste logique.