Pour ma part, ça me choque toujours de lire que certaines tâches basiques (au moins un peu de cuisine, d'entretien du logement et du linge, de responsabilisation générale) ne sont toujours pas des acquis à un âge aussi avancé que 23 ans. Sauf handicap, trouble ou barrière de compréhension quelconque qui justifie qu'il en soit autrement, bien sûr.
Mon conjoint avait déjà son propre logement quand on a commencé à cohabiter, il gérait très bien son quotidien seul et j'avoue que, même si j'avais tout juste 18 ans, c'est l'un des aspects qui a pesé dans la balance. J'ai très peu de tolérance sur ce point, sans doute lié en partie à mon éducation, et je n'aurais pas eu la patience de devoir faire de la pédagogie à un ado attardé sur des trucs aussi simplistes, en plus de ne pas trouver ça attirant. C'est inévitable de déconstruire certains schémas quand on est avec un mec cishét blanc valide dans une société patriarcale, mais ça, ça aurait vraiment été un no go pour moi (à l'inverse, d'autres auraient sans doute fui pour certains trucs qui, en comparaison, m'ont paru "moins graves" sur ma propre échelle de tolérance alors qu'ils l'étaient sans doute tout autant, sinon plus, objectivement).
J'ai conscience que je juge assez sèchement et j'aimerais clarifier dans la foulée pour ne blesser personne. J'ai du mal à parler de cette catégorie de cismecs sans condescendance, c'est épidermique, ça me révolte (les Rockies s'en souviennent peut-être). Ce n'est en revanche pas du tout un jugement envers les personnes qui vivent avec eux. Au passage, beaucoup de soutien à celles qui sont dans cette situation et qui lisent ces commentaires. J'admire les conjointes/conjoint•e•s qui sont capables de suffisamment d'amour, de générosité et d'abnégation (ce n'est pas ironique) pour dédier autant d'énergie à faire évoluer un peu leur Pokemon. C'est plus de ces personnes dont on devrait parler/vanter les mérites que des "fabuleux pères qui donnent le biberon" ou des "fabuleux conjoints qui font la vaisselle".
Pour en revenir vraiment au témoignage, ce n'est pas un fonctionnement que j'aurais apprécié (sans surprise, donc). Je pense que l'argent ne suffit pas à racheter en profondeur le manque de participation du conjoint. C'est encore un moyen pour lui de se dédouaner, de s'imaginer que les comptes sont bons, de ne pas fournir d'effort, de contourner sa part de responsabilité. Disons que c'est un peu moins compliqué et un peu moins énergivore de sortir l'argent à 50/50 que de daigner prendre la charge mentale du couple à 50/50
(à peu près, parce que ça semble difficile à quantifier avec précision et ça peut être flexible selon les périodes ou les aléas). Bref, pour moi, la transaction est toujours trop en sa faveur. Il est trop gagnant. C'est déjà mieux que rien, mais ce n'est nettement pas assez.
Néanmoins, j'ai trouvé ce témoignage intéressant. Le titre interpelle, la lecture de l'article refroidit un peu (le fait que la MadZ ait en fait 2 logements à charge, le mariage, la résignation qu'on lit entre les lignes pour cette organisation par défaut qui ne lui convient pas sincèrement,...), mais ça fait réfléchir aussi. C'est flippant de constater qu'on en arrive à ce genre de transactions financières parce qu'une quantité d'hommes décide de se cacher derrière leur éducation/leur socialisation ad vitam eternam plutôt que de se prendre en main. C'est chouette de parler de ce genre de transactions financières parce que c'est un son de cloche qu'on entend peu, dont on peut facilement faire un tabou et que ce sera peut-être une piste pour certaines lectrices.
Je suis souvent perplexe sur la ligne edito, je n'aime pas spécialement non plus cette série d'articles (j'ai du mal avec le concept "tout le monde peut commenter/juger la situation financière et les dépenses de la personne qui témoigne"), mais pour le coup j'ai beaucoup aimé celui-ci. Pas dans le sens où j'aime ce qu'il dit, on a compris que non, mais dans le sens où il donne un éclairage intéressant et inédit sur la problématique de la répartition des tâches.
Edit : coquille