Plein de gens se cassent le dos et sont payés une misère. Un docteur en philosophie des religions et en histoire de l'art précolombien en général moins bien payé qu'une personne qui a fait une formation courte en IT. Beaucoup font des métiers ou des études passion sans prendre considération la rémunération attendue derrière, ou la pénibilité, ou les horaires, etc.
C'est vrai, et en même temps, est-ce que c'est normal ? Est-ce que ça correspond à ce que j'attends d'une société ? Pas forcément.
Premièrement, parce que je pense que tout le monde a le droit à un salaire décent, quelque soit le niveau d'études, de qualification, ou d'ancienneté. Donc je ne pense pas qu'il soit légitime de payer qui que ce soit "une misère".
Ensuite, parce que la majorité des grandes découvertes, ou des oeuvres artistiques majeures, ont été faites par des riches ou des gens qui avaient des protecteur.ices financier.es. C'est plus facile de découvrir la gravité quand t'as pas à faire les trois huit, ou de taper la chapelle Sixtine quand ton père est riche. (Je ne dis pas que les grand.es savant.es ou les grand.es artistes ont eu "juste" de la chance, et zéro travail et talent, je me demande juste combien de Leonard de Vinci on a perdus parce que leurs parents étaient pas rentiers)
Aujourd'hui, l'accès à l'éducation pour tou.tes change un peu ça, et encore. On ne va pas dans les mêmes écoles, et on a pas les mêmes priorités si on a des prêts étudiants à rembourser ou si tes parents ont un patrimoine immobilier équivalent à la ville de Niort...
Pour moi, ce qui élève notre société, ce qui la rend digne d'admiration, ce que je valorise chez notre espèce, c'est la capacité à créer, à s'émouvoir du beau, à se poser des questions, à comprendre ce qui nous entoure. Des choses qui demandent un minimum de temps libre et donc de thunes. Je trouve ça scandaleux que les post-docs triment comme des fous pour un salaire de merde, alors que par définition, illes ont écrit une thèse qui apporte un regard nouveau sur quelque chose.
Bref. La logique capitaliste de "si on a besoin de toi, tu seras bien payée" est de toutes façons fausse (bonjour les infirmier.es, les profs, les éboueur.ses, bref, les travailleur.ses essentiel.les, vous faites quoi de la TONNE de thunes que vous recevez, là ? On smet bien ?) : si le capital a besoin de toi pour fructifier ou se justifier, oui, tu auras un joli salaire. Mais je trouve naïf de croire que ça se régule tout seul sur l'offre et la demande : la pénurie de profs à la rentrée de cette année l'a bien montré : leurs conditions de travail sont merdiques, le salaire est humiliant, et on manque de professionnel.les. Dans un secteur particulièrement important...