@xHappyTogether, ton message soulève de nombreuses questions que je trouve intéressantes.
Personnellement, je ne crois pas qu'on puisse qualifier tous les malentendus de viol car cela dépend de trop de facteurs. Les circonstances, l'état d'esprit des gens... Chaque situation est unique et malheureusement, je trouve qu'on a tendance à faire beaucoup de généralités lorsqu'il s'agit de débattre sur le viol. Ou alors, on s'inspire trop de nos propres expériences.
Et là, c'est vrai, je parle beaucoup pour moi, car mon vécu m'a plusieurs fois fait remettre en question la définition même de viol.
Pendant longtemps, j'ai vu le viol façon "couteau et ruelle sombre". Puis j'ai entendu parler des viols conjugaux, et les statistiques montrant que de nombreuses femmes connaissent leur agresseur m'ont fait peur.
Un jour, ça a été le gros coup de théâtre : mon compagnon m'a confessé avoir eu l'impression de me violer plusieurs années auparavant. Nous en avons longuement discuté car je ne me souvenais même pas de cette soirée là et ça a été ma première grosse remise en question de la définition du viol. Nous étions chez des amis, ce qui, apparemment, ne m'avait pas rendu très réceptive. Cette révélation avait créé une tension entre nous, car j’avais beau lui dire que je n'ai pas vécu ce rapport de la façon qu'il croit, lui continue de se sentir très mal.
Alors je me suis demandée : peut-on parler de viol si la première concernée ne le voit pas comme tel ? Est-ce que je vais parti de ces femmes qui nient leur propre viol (parce que formée à accepter les désirs de son homme en toute circonstance) ? Pour moi, c'est clairement non, et je ne tolèrerai pas qu'un étranger me dise le contraire.
Avec le recul, forcément, je regrette qu'il n'y ait pas eu de "oui" clair et net. Mais voilà, exprimer son consentement, ou son non consentement, n'est pas si évident qu'il y parait.
J'en ai fait la douloureuse expérience pas plus tard que dimanche dans un bus de voyage. J'étais coincée près de la fenêtre, et le gars à côté à commencé à me peloter. D'abord j'ai cru qu'il ne s'agissait que de frôlements accidentels, et le temps que je réalise qu'il avait vraiment franchi la ligne rouge, j'avais perdu tous mes moyens de le remettre à sa place. A un moment j'ai attrapé sa main pour le repousser, j'ai eu terriblement envie de lui tordre les doigts mais l'idée du monde autour, au lieu de me rassurer, m'en a totalement empêché ! Je n'ai même pas dis "non" de crainte que les gens entendent, je me disais bêtement que le fait de me coller à la vitre, de le repousser ou de serrer mains bras et jambes pour l’empêcher d'atteindre ma poitrine et mon entre-jambe lui ferait comprendre que je ne voulais pas.
Bizarrement, de cette expérience-là non plus je ne me sens pas traumatisée, pourtant, c'était clairement une agression sexuelle (j'ai songé à porter plainte, j’hésite toujours...)
Tout ça pour en arriver à la conclusion que la définition donnée par l'article est sans doute la meilleure, même si pas parfaite non plus. Donner son accord systématiquement à chaque rapport, je trouve que c'est un peu comme de s'arrêter pour enfiler le préservatif : ça la coupe un peu, mais au moins ça évite les problèmes !