Coucou,
j'ai trouvé cet article fort intéressant, ainsi que les réponses. Une question cependant me taraude, à quel moment l'homme n'est pas violeur? Car si la culture du viol est mal perçue, j'ai le sentiment que le terme violeur apparaît rapidement, sans réelle nuance.
Je m'explique: une des jeunes filles raconte que son ex a couché avec elle alcoolisée alors que lui était sobre, dans ce cas, je ne peux pas voir autre chose que du viol, mais dans le cas du couple lambda qui entame une partie de jambes en l'air, où finalement la fille ne veut pas, ne le signifie pas et donc l'homme continue, l'homme n'est pas plus responsable que la fille, ou bien?
Je ne veux pas faire l'apologie du viol ou du victim-shaming, j'essaie juste de comprendre où se situent les limites quand l'autre ne les signifie pas clairement.
Le discours de ce texte, très bien fait au demeurant, inclus que l'homme est forcément responsable, mais n'y a t'il pas des situations où aucun des deux n'est "responsable", résultante d'un malentendu prodigieux ou d'un manque de communication?
Enfin, petite question aux filles qui ont été "abusées" par leurs copains, leur avez vous dit, par la suite, que leur acte était inadmissible? Je pense que dire aux mecs quand ils ont abusé, est une bonne chose, car parfois, si la violée n'a pas conscience d'etre violée, l'homme n'a pas conscience d'etre violeur, ce qui engendre un risque de récidive.
Bref, j'espere n'avoir blessé personne, je participe et me questionne et apporterait des précisions si mon propos est mal interprété(je préfère anticiper)
Oui, à l'époque où j'ai été violée par mon petit ami je lui ai dis. En même temps j'avais dis non, donc il en avait conscience. Mais lui dire à je pense, été très important. Il m'a violé emporté par un égoïsme d'adolescent égocentrique (il voulait se venger du fait que j'ai rompu, et perdre son pucelage) mais il n'est pas un sadique psychopathe. En fait il a commencé l'acte, tout à sa sensation d'avoir un dû à prendre, et passé les premières secondes il a réalisé la différence entre l'idée d'être enfin déniaisé et la réalité de ce qu'il était entrain de faire. Dommage qu'il lui ait fallut un coup de rein pour prendre conscience du fait que c'était quelque chose de concret qui était en train de se passer et pas simplement un truc anodin.
Verbaliser ma souffrance, mon traumatisme, m'a permis à moi de me sentir mieux, notamment parce qu'il n'a pas nié les faits et que ça change tout. Mais ça m'a permis aussi de savoir qu'il ne ferait plus jamais la même erreur et ça lui a permis de grandir et de devenir un homme sexuellement responsable.
C'est très triste que nos maturités respectives ait dû se construire là dessus. Mais le fait d'en parler, je considère avec le recul, que c'est un bon moyen de ... comment dire sans ne choquer personne... Disons que ça m'a permis de tourner la page en passant du statut de victime à celui d'agissante.
Ce que je veux dire c'est que verbaliser est une excellente arme non seulement en amont des agressions sexuelles (ex : Est ce que tu veux vraiment coucher avec moi ? Tu es sure que tu ne dis pas ça sous influence de l'alcool ou d'une drogue, je ne voudrais pas que tu regrettes ensuite) mais ça permet aussi de s'éduquer l'un l'autre quand une erreur a été comise. Il peut s'agir de dire quelque chose comme "Je n'ai pas aimé que tu éjacules dans ma bouche" ou carrément "Je n'étais pas consentante lors de ce rapport, c'était un viol".
C'est à dire qu'il faut avoir le courage de débriefé du sexe, d'en parler avant, pendant mais aussi après.
Et petit à petit on se forge une éducation basée sur autre chose que de vagues instincts.
Etre tombé sur une nana qui lui aura dit "tu vois, tu m'as sodomisé dans le feu de l'action, mais moi je n'étais pas consentante" rendra un homme plus vigilant à l'avenir, de même qu'un homme pourra dire "Tu m'as fais une fellation dans mon sommeil et je n'étais pas consentant" permet de s'enlever de la tête qu'un homme est toujours ok.
De toute façon tant qu'on considérera que le sexe est une sorte d'acte magique qu'on apprend en se taisant et en improvisant, en tâtonnant, et qu'il DOIT prioritairement menée à la satisfaction de nos pulsions, ça merdera quelque chose.
La notion d'échange est banalisé par celle du romantisme, alors que nos rapports sexuels modernes entre plan cul, fuck friend, coup d'un soir, ne sont eux pas du tout codifié. Du coup on improvise, et donc on merde.
Pour aborder un point très précis, je suis très embêtée par une question simple de vocabulaire. J'ai un ami proche avec lequel je couche de temps en temps, nous sommes très amis et nous nous respectons mutuellement. Pourtant je ne pourrais pas dire que je « fais l'amour avec lui » et pire, je ne me vois pas du tout lui dire : « j'aimerais qu'on fasse l'amour » alors même que c'est à cette notion de respect et de tendresse que j'aspire, quand bien même nous ne sommes qu'amis. Je dois donc jongler entre « viens on baise » et l'encore plus maladroit « dis, on couche ensemble ? ».
Il n'existe pas, pour nos plans culs, fuck friend, amant, coup d'un soir, un terme approprié, ni enfantin façon "crac crac" ni vulgaire façon « viens jte tronche » qui transcrive l'idée d'un rapport basé sur la tendresse mutuelle entre deux partenaires qui n'ont pas pour autant l'ambition d'être en couple.
Forcément, quand on a pas les mots, on se retrouve coincé tôt ou tard dans la pratique.