J'ai beaucoup aimé cet article parce-qu'il touche du doigt un sujet qui m'intéresse. Ça fait pour ma part plus d'un an que j'enquête sur Aliexpress, que je commande des articles qui me plaisent.
J'ai beau traîner beaucoup sur Instagram, je ne connaissais pas Rouje. Et un jour, j'ai commandé sur Ali une belle robe portefeuille à 30€ arrivée étiquetée Rouje. Je me suis renseignée, et j'ai compris après. Ma robe était en 100% viscose et je l'ai comparée à l'original en magasin et c'est un dupe parfait. Idem pour les robes qui ont suivi, je les ai portées tout l'été et n'ai reçu que des compliments. Dès qu'on met 30€, la qualité est là. Une fois j'ai commandé une robe à 12€ et c'était vraiment pas quali, la matière faisait cheap, je m'en suis rapidement débarrassée.
Sur Ali, on trouve beaucoup de produits de marques connues. Sezane, Des petits hauts, Isabel Marant, Rouje, Sandro, Maje, Claudie Pierlot mais aussi &others stories ou Bash. On trouve aussi des produits de marques inconnues pour lesquels je ne vois pas l'intérêt de copier car difficile à vendre. Et même pour les marques connues, les vendeurs vendent quoi ? 5 - 20 unités ? C'est pas forcément rentable de copier à mon avis, mais je me trompe peut-être (pour un manteau Isabel Marant qui s'est vendu à +200 exemplaires sur Ali, là ça vaut le coup d'y réfléchir). À force d'observer et d'écouter aussi ce que disent les filles qui commandent sur Ali et en parlent sur Instagram, j'en suis arrivée à la conclusion que toutes ces marques font fabriquer une partie de leurs collections en Chine et que certaines font fignoler quelques détails dans des usines européennes (Roumanie, Bulgarie, Portugal) pour prétendre au *made in Europe*. Je pense que les pièces vendues sur Ali sont des surstocks ou présentent des défauts mineurs qui les écartent du marché classique auquel elles sont destinées.
Pour ma part, je n'ai que rarement été déçue en commandant. Alors oui, c'est pas respectueux envers les créateurs de commander sur Ali mais en même temps, on n'a pas tous 180€ à mettre dans une robe en viscose qui ne propose de toute façon pas notre taille (alors que Ali oui bizarrement). Personnellement, il m'arrive de mettre 200€ dans une robe mais qui a une vraie démarche derrière (les Récupérables par exemple), pas simplement qui a "créé" un univers de parisienne chic inspirante.
Aujourd'hui, j'ai mes vendeurs chouchous chez Ali et je commande les pièces qui me plaisent chez eux. J'ai pu payer sur Ali jusqu'à 70€ une robe en soie et j'en ai été très satisfaite. Il m'arrive d'avoir une robe sans marque mais très jolie quelques mois avant la sortie de la collection en France. Et je découvre avec effarerement le prix de vente en boutique (robe achetée 20€ sur Ali l'an dernier et trouvée 2 mois plus tard à 270€ chez Maje), soldée à 90€ environ en fin de saison (marketing marketing).
C'est dur de consommer classiquement après avoir mis le pied dans l'engrenage.
J'ai constaté des choses surprenantes ces derniers mois :
- des influenceuses qui achètent des pièces sur Ali, taguent les marques originales et se font relayer leurs looks par les marques qui n'y voient que du feu ;
- des ventes sur Vinted au prix fort de produits Ali
Sur Ali, ça évolue aussi. Il y a de moins en moins d'utilisation des photos issues des collections des marques. Les vendeurs Ali créent de plus en plus leur propre visuel, ne citent jamais les marques et retirent souvent les étiquettes des vêtements expédiés. Pour en avoir discuté avec une amie spécialisée en propriété intellectuelle, la nuance est dans le type de contrefaçon. Il ne s'agit plus de contrefaçon de marque mais de contrefaçon de modèle.
Bref, le sujet me passionne et j'aimerais beaucoup avoir les moyens de comprendre encore mieux ce qu'il se joue derrière.
Surtout à l'international haha. De plus, la réglementation évolue dans le sens d'une moindre protection des créations. C'est surtout pour les créateurs débutants ou indépendants que c'est un problème, lorsqu'un de leurs designs est copié-collé par un Zara ou autre acteur du même acabit. Mais ça n'a rien de nouveau, c'était le fond de commerce du Sentier dans les années 80-90, et même dans le luxe ça se pratique, de manière plus discrète bien sûr. Au final, la seule question qui importe dans ces affaires, c'est : qui a le pouvoir, qui a suffisamment de tréso et de notoriété pour écraser la vague avant même qu'elle ne se soulève.
