@Lullabycrazy Je pense qu'avec les différents événements mondiaux liés aux queerphobies, ce type de coming out devient extrêmement important.
Rien qu'en France, les actes homophobes ont augmentés depuis la loi sur le mariage (et bien sûr, on prétend que la faute appartient au gouvernement et aux LGBTQIAP+), la Manif pour Tous continue de sévir, des personnes sont toujours virées et mises dans la précarité pour leur sexualité (et on ne parle même pas de l'identité de genre), des gynécologues refusent des soins à des femmes lesbiennes, etc.
Pour moi ce coming out est un acte militant, il permet à la fois de dire "je suis LGBTQIAP+, j'existe et nous sommes visibles" et "vos haines ne nous empêcheront pas d'exister".
J'ai grandi avec une haine de moi à cause de mon orientation sexuelle, avec cette idée aussi que je ne pouvais pas savoir qui j'étais, que j'étais même qu'une conne lesbophobe pas capable d'assumer son homosexualité puisque je suis bie/fluide.
J'ai grandi avec des remarques homophobes involontaires de ma famille qui font qu'encore aujourd'hui, à 24 ans, je suis dans le placard. Des propos du type "fais attention à ne pas avoir l'air lesbienne", "tu as l'air lesbienne avec ta copine", "c'est un truc de tapettes", etc.
J'ai grandi avec les remarques homophobes, biphobes, etc. d'amiEs, de camarades, la peur d'être out dans un groupe même quand une personne l'était parce que ça s'était jamais très bien passé.
J'ai grandi avec Internet comme seul lieu pour ne pas me cacher et comme lieu où les remarques biphobes fusaient en MP, sur mes profils, etc. La seule chose dont je sois fière c'est d'avoir reçu un jour un mail d'un jeune homme bisexuel qui s'assumait enfin grâce à mon "activisme" sur un forum. Le reste, c'était que de la haine, de l'incompréhension, du "tu vas changer", des "c'est une mode", des adultes aussi qui venaient m'expliquer que j'étais trop jeune pour savoir ce que je ressentais.
Rien qui ne m'encourageait à m'apprécier, moi. Rien qui ne me permettait de me sentir inclue. Dès le début, la société m'a juste fait comprendre que j'étais une tare et doubelement parce que bie/fluide c'était pire que lesbienne.
Chaque jour j'écoute des propos cishétérosexistes de profs, de camarades, de tout le monde, tout ce qui part du principe que tu es hétéro par défaut, des gens qui distencient les queers du groupe d'étudiantEs qu'iels ont en face d'elleux, des gens qui ne diront jamais que "votre copain", jamais "votre copine", jamais rien non plus pour les asexuelLEs. Chaque jour je supporte ça en fermant ma gueule parce qu'en plus l'homophobie est fréquente dans mon université. Chaque jour je me dis "mais c'est rien, c'est normal qu'iels partent du principe que tout le monde est cishétéro, y a pire".
Mais tout s'accumule.
Et ça, c'est rien à côté de ce que certainEs vivent et je ne peux imaginer à quel point ces coming out publiques peuvent être important pour d'autres que moi.
C'est pas un étalage de sexualité, c'est pas ne voir les gens qu'à travers la sexualité, en tout cas pas pour moi, c'est rendre visible des identités, des sexualités, des groupes qui sont marginalisés et qui en souffrent. C'est tenter de dire au monde qu'on existe et qu'on continuera de refuser de se cacher.
Parce que actuellement ne rien dire c'est être cishétéro.