Moi je l'ai déjà dit sur l'autre topic, mais je ne comprends pas qu'on puisse reprocher à cette série son manque de réalisme, surtout en tant que Parisien. On regarde justement ce genre de série parce qu'elle fait REVER et qu'elle ne représente pas notre réalité! Peut-être qu'il y a un public pour qui serait prêt à passer des heures à regarder un gars se lever à 6h du mat pour prendre le RER B bondé, aller travailler dans un job chiant de consultant à La Défense et revenir à 21h chez lui en regardant Netflix avec un Deliveroo parce qu'il est trop claqué pour faire autre chose, mais perso, à la limite, je préfère sortir de mon appart pour être témoin de tout ça que de le regarder à la télé

Je suis née et j'ai grandi à Paris, et malgré tout, je trouve que cette série représente des vrais bouts de Paris (je n'ai vu que 2 épisodes ceci dit), qui sont parfois mon quotidien, parfois pas du tout, parfois complètement exagrés, parfois pas tant que ça, mais à la limite j'aime bien voir une représentation de Paris hyper glossy et bonbon, ça change du métro justement. Et je trouve que l'esprit de Paris est là.
Quand j'étais au lycée, j'avais vu
Paris je t'aime, un film composé de plein de petits courts-métrages, dont plusieurs américains que j'avais trouvé le film bourré de clichés : ça m'énervait cette vision américaine et puis tout à coup, il y avait eu un court métrage sur une touriste américaine banale à Paris qui semble chercher un Paris qui n'existait pas à mes yeux et à ma grande surprise pourtant, ce court-métrage m'avait profondément émue parce que je réalisais que ma ville voulait dire quelque chose de complètement différent pour cette étrangère mais que son expérience était pourtant tout aussi réelle que la mienne.
D'ailleurs, je l'ai revu pour poster le lien ici et ça me fait toujours pleurer comme une madeleine en regardant ce court-métrage alors que ce n'est pas triste, mais l'émotion de l'étranger à Paris, même si ça ne reflète pas mon expérience de la ville, je la respecte et elle m'émeut en retour. Après le film, j'avais dit à ma mère, elle aussi Parisienne dès sa jeunesse, que je ne comprenais pas l'intérêt de mettre les courts-métrages d'Américains dans un film se présentant comme une lettre d'amour à Paris. Elle m'avait répondu "Mais Paris, c'est aussi ça, c'est aussi une ville d'étrangers!". Et ça m'avait marquée parce qu'elle avait raison. Paris c'est AUSSI une ville de touristes et d'expatriés avec leurs rêves et leurs idéalisations, leurs frustrations et leurs incompréhensions qui peuvent sembler ridicule, comme c'est une ville de SDF, de gens pauvres qui vivent dans des tentes, et on a tous notre vision de la ville, notre rapport à la ville, un attachement unique à la ville. Paris, comme beaucoup de capitales, a justement la particularité de ne pas appartenir aux gens qui y sont nés et de ne jamais s'être définie comme une ville de natifs mais justement comme une ville construite par des millions de passants, d'étrangers, d'habitants de banlieue qui y transitent, de personnes qui y consacrent une partie de leur jeunesse avant de partir ailleurs en France, et de gens qui y ont toujours vécu. Tous ces regards sont justes et vrais, et celui d'Emily est un regard que des gens posent vraiment quand ils arrivent à Paris, et il est aussi vrai que le mien parce que Paris leur appartient aussi et leur expérience de Paris existe en dehors de mon quotidien. Alors bien sûr, on ne voit pas les migrants qui crèvent de froid dans nos rues et ça n'est pas réaliste, et on devrait en parler plus, mais c'est une série feel-good, on la regarde pour s'évader, pas pour revivre la tristesse et la douleur de notre quotidien.
Le créateur d'
Emily in Paris, c'est le créateur de
Sex in the City mais aussi le créateur de
Younger, une série beaucoup plus récente que j'adore et qui raconte l'histoire d'une femme de 40 ans qui se fait passer avec succès pour une nana de 25 ans afin de trouver un poste dans l'édition. Elle se fait des potes de 25 ans, elle a un mec de 25 ans qui ne se doute de rien, elle se fait embaucher dans une énorme maison d'édition sans que personne ne vérifie rien. Ce n'est pas réaliste. Mais justement! L'héroïne de Younger vit ce que je ne vivrai jamais et en même temps, elle a des préoccupations qui me parlent! Je venais d'avoir 30 ans quand j'ai commencé à regarder et j'angoissais de voir passer la vie trop vite. L'idée de pouvoir faire semblant d'avoir une décennie de moins pour reprendre tout à zéro comme une deuxième chance, bah ça me parlait même si la "solution" à mes angoisses n'était pas réaliste.
Et tous les
Gossip Girl, les
Dynasty, les
Jane the Virgin, je les regarde avec passion parce que tous ces décors glossy, glamour, plein de tenues splendides et de palaces improbables avec des intrigues limitées politiquement, bah ça me détend. C'est pour ça qu'on regarde une rom-com, on veut des paillettes, des belles robes, des beaux décors!
Bref, moi j'ai vraiment aimé les 2 premiers épisodes, mais je n'ai jamais cherché un chef d'oeuvre dans cette série ni un documentaire cru sur Paris, juste de quoi me détendre et sourire et franchement, je trouve ça réussi pour ce début de série.