Pour ma part, j'éprouve le besoin d'une structure pour lutter efficacement contre la montée du fascisme lepenien ( quoi qu'en pense des madz, il s'agit bel et bien de fascisme et le nier participe à normaliser le FN) donc je pense militer au PC. Mais si un grand mouvement ecolo se créé, j'hésite.
Sais-tu où je peux trouver des infos (et aussi, si je n'abuse pas, comment est perçu la lutte anti capitaliste chez EELV par rapport au PC? C'est quelque chose qui me semble nécessaire et qui orientera mon choix).
Alors je ne sais pas quel genre d'infos tu recherches précisément mais sur la lutte anti-capitaliste chez EELV, je m'autociter par rapport à un message que j'avais posté sur la veille démocratie politique parce que j'essayais d'expliquer le principe de l'écologie politique :
Quand on parle d'écologie, on parle souvent de "gestes" ou de "comportements". Par exemple, trier ses déchets, cultiver bio, utiliser du biocarburant, réduire sa consommation de viande etc. En revanche, l'écologie politique est un système politique qui place les questions écologiques au coeur de tous les choix de société. C'est-à-dire que TOUTE l'organisation politique et sociale doit découler en gros de la prise en compte des enjeux environnementaux. La plupart des partis écologistes de gauche du monde s'appuient sur l'écologie politique pour faire leur programme. Contrairement à ce qu'on croit, ce n'est pas une série de mesures de protection de l'environnement collées sur une programme de gauche. Non, en fait, la coloration à gauche découle LOGIQUEMENT de la vision écologiste du monde.
En autre chose, l'écologie politique fait le constat que le système capitaliste nuit à la planète et qu'il doit donc être abandonné. L'humain est aussi au coeur du programme d'écologie politique parce qu'il fait partie intégrante de la planète et parce qu'en règle générale, les inégalités sociales participent à la destruction de l'environnement autant qu'elles détruisent l'humain. Par exemple, la pollution détruit la planète mais aussi la santé, les atteintes aux droits humains découlent de luttes de pouvoir qui sont très nocives pour l'environnement etc.
Certaines ONG environnementales comme disons WWF ont une approche traditionnellement assez sectorielle de l'écologie (bien que ça évolue, notamment pour WWF!). C'est à dire qu'on défend les forêts et les pandas tandis que l'humain est souvent vu comme un "ennemi" potentiel. Les ONG environnementales qui semblent plutôt attachées à l'écologie politique comme Greenpeace ne perçoivent pas l'humain comme un ennemi potentiel mais le système politique et social comme cet ennemi, et donc la progéniture de ce système comme la menace (les grandes entreprises, les pouvoirs autoritaires etc.) . C'est pourquoi Greenpeace juge que la lutte pour l'environnement ne doit jamais se faire au détriment des droits humains parce que les deux sont intimement liés, et qu'une lutte environnementale qui ignore les droits humains ne pourra pas durer ou être efficace, alors que d'autres organisations peuvent estimer que la privation de certains droits est une conséquence collatérale de la préservation de l'environnement.
A titre d'exemple, Greenpeace s'oppose à créer des zones naturelles protégées sur les territoires indigènes si ceux-ci sont dépossédés de leurs droits sur ce territoire, et elle n'exigera jamais la protection totale d'une espèce animale si elle constitue la source principale de nourriture d'une population locale alors que d'autres organisations estiment que la préservation du lieu et de l'animal prime sur la souverainté des peuples indigènes.
C'est en partie grâce à la réflexion de l'écologie politique que la notion de "droits environnementaux" est devenue un enjeu des droits humains, parce que l'écologie politique démontre que la préservation de l'environnement sert les droits à la santé, au logement et à la vie des êtres humains.
Donc l'écologie politique est par essence anti-colonialiste, anti-capitaliste, anti-discrimination, pro-féministe etc. Elle remet en cause le rapport au travail, à l'éducation, à la famille ou autre parce que toute ces organisations actuelles ne sont pas nécessairement adaptées à l'équilibre environnemental, ou n'ont tout simplement pas nécessairement de sens dans son système de pensée.
L'écologie politique est également un mouvement qui conçoit la planète dans sa globalité. C'est logique car les crises écologiques, les tempêtes, les océans, le climat, sont des questions qui ne concernent pas chaque peuple individuellement mais tout le monde sur terre. Dans la logique de l'écologie politique, nous sommes tous liés et tous responsables les uns des autres, car nos actions et nos choix impactent tout le monde d'un point de vue environnemental, ce qui explique des positions généralement pro-immigration et pro-intervention de l'Etat, parce que la solidarité est nécessaire à la préservation de l'environnement.
L'extrême-gauche a des tendances nationalistes pour simplifier parce qu'elle estime qu'il y a un rapport de force entre les pays. Les pays les plus puissants veulent dominer les autres, les pays moyens veulent gagner en puissance et les pays les plus petits luttent pour leur survie. Le nationalisme permet de se préserver des influences extérieures, de défendre les acquis et donc les avantages de son propre pays, de ne pas tomber sous la coupe impérialiste d'autres pays et d'user de ses propres ressources de manière selon son propre intérêt. Elle a tendance à s'opposer aux grands traités et aux alliances comme l'Union Européenne car elle craint que les intérêts des autres lui soient imposés et ne lui causent du tort.
L'écologie politique a tendance à penser que le nationalisme est impossible parce qu'on vit tous sur la même planète et qu'on a des responsabilités communes. Donc les grandes alliances et les traités sont indispensables pour préserver ensemble l'environnement. Si un pays prend des mesures très progressistes pour protéger son environnement mais que son voisin ne le fait pas, le voisin polluera les rivières, l'air, la santé du pays souverain. Le voisin doit donc accepter de sacrifier certains de ses intérêts au service de l'intérêt mondial, et ce type d'accords passe nécessairement par des organisations internationales ou des accords internationaux. C'est pour ça que les écologistes ont tendance à être très pro-européen. Ils y voient un outil pour prendre des décisions communes et garantir la survie de l'environnement.
De même, l'écologie politique a conscience de la diversité de l'environnement, donc elle a conscience que certains pays manquent de certaines ressources, que la saisonnalité ou les aléas climatiques peuvent rendre certaines zones moins hospitalières que d'autres. Elle reconnait donc la nécessité du partage des ressources, sous la forme d'échanges ou non, et de l'accueil d'autres populations.
Bref, l'extrême-gauche a raison dans le sens où, dans le monde actuel, il y a bien un rapport de force et les grandes alliances internationales ont tendance à imposer l'intérêt des uns sur celle des autres. Mais dans l'absolu et d'un point de vue théorique, je me reconnais beaucoup plus dans le transnationalisme de l'écologie politique que dans le nationalisme protectionnisme de certaines gauches.
Après, l'écologie politique ne nie pas non plus les particularités régionales puisqu'elle promeut le respect de la diversité. Du coup, elle a tendance à avoir une approche fédérale plus que centralisée, une approche qui ressemble à celle (théoriquement) de l'Union Européenne. En gros, on prend les grandes mesures d'intérêt général ensemble de manière globales puis elles sont déclinées en fonction des particularités locales. Dans l'Union Européenne c'est dysfonctionnel et détourné au profit de certains intérêt, mais l'idée de base c'est bien le respect des particularités locales. Ce qui explique encore une fois pour les partis écologistes se retrouvent dans l'UE, contrairement à certains partis d'extrême-gauche.
Donc voilà, tout ça pour dire que l'écologie reste de gauche et partage donc beaucoup d'idées en commun avec l'extrême-gauche mais sur certains points comme le nationalisme, elle a une position différente. Par exemple, elle rejoint ta position sur le régionalisme MAIS elle part du principe que les décisions régionales sont forcément dépendantes à un certain degré de ce qui se passe à l'autre bout du monde, pas pour servir l'intérêt d'une poignée comme dans le capitalisme mais pour préserver ou partager raisonnablement l'environnement, l'équilibre entre les peuples et les ressources. Pour reprendre ton exemple de Madagascar, l'écologie politique imposerait aux entreprises occidentales de respecter la diversité locale et interdirait certaines pratiques minières, elle obligerait d'assurer des conditions de travail décentes aux populations (qui respectent leur santé notamment), elle interdirait aussi d'exporter certaines ressources si cette exportation dépossède les populations locales ou déséquilibre l'environnement etc. Même si je suis d'accord qu'un mouvement nationaliste dans l'état actuel des choses parait bien plus efficace et réaliste, le mouvement nationaliste n'a pas forcément une volonté égalitariste et non-discriminante... Quoique je ne sais même pas si mon exemple est pertinent parce qu'il reste très concret en fait. Théoriquement, j'imagine que dans l'écologie politique à son paroxysme, ça n'est pas forcément pertinent qu'il y ait des entreprises étrangères? A ce stade, je ne sais pas trop, c'est un peut trop théorique. J'imagine que ça peut l'être si ces entreprises ont des compétences ou des outils dont ne dispose pas le pays local, ou si leurs activités n'intéressent pas les locaux alors qu'elle est nécessaire à leur pays d'origine et que les locaux sont ok pour qu'ils l'exercent chez eux etc.
Et il s'agit bien de transnationalisme pour l'écologie politique (aka certaines questions transcendent les nations) plutôt que de mondialisation (aka on applique les mêmes règles au monde entier pour mieux développer le système mis en place par certaines nations).
En bref, comme tu peux le voir dans ce message, l'écologie politique (un courant auquel appartient EELV) n'est pas compatible avec le capitalisme car le capitalisme charrie beaucoup de choses que l'écologie politique combat - et dans l'absolu, l'écologie politique aspirerait au remplacement du système capitaliste par un système qui permettrait de préserver l'environnement et l'humain sur le long terme.
Cependant, à la différence des mouvements "d'extrême"-gauche comme le Parti communiste, le NPA ou Lutte Ouvrière, la lutte contre le capitalisme n'est pas le fondement de l'écologie politique. Les autres partis très à gauche se définissent souvent par rapport à leur positionnement anti-capitaliste. Ce n'est pas le cas de l'écologie politique. L'écologie politique fait le
constat que le capitalisme n'est pas compatible avec son objectif de préservation de l'environnement. Son rejet du capitalisme découle donc d'autres engagements alors que le rejet du capitalisme est au coeur de l'engagement des communistes par exemple.
Le but premier des partis écologistes n'étant pas la fin du capitalisme dans l'absolu, il peut leur arriver de prendre des décisions que ne prendraient pas les partis purement anti-capitaliste. Mais bon, là on a une distinction très fine et discutable qu'il n'y a pas tant de mesures que ça qui soit compatibles avec l'écologie politique et capitaliste.
Par ailleurs, l'écologie politique en France a une approche moins radicale de la lutte politique que d'autres mouvements de gauche. C'est un mouvement fédéraliste, il est donc ouvert à certains compromis et à certaines négociations. Il est prêt à miser sur une évolution progressive du système pour atteindre peu à peu son but, c'est la technique de l'avancée à petit pas plutôt que pas d'avancée du tout, alors que d'autres mouvements de gauche ont du mal à s'engager dans les compromis parce qu'ils estiment que leur doctrine forme un tout absolument indissoluble dans le système actuel.
Mais tout ça n'empêche pas l'écologie politique d'être capable de faire preuve de fermeté sur ses positions hein! Bref, à EELV, tu trouveras une sincère position anti-capitaliste mais cette position est une conclusion de la réflexion écologiste et non pas la base de cette réflexion. C'est très théorique et philosophique tout ça car au final beaucoup de positions se rejoignent que l'anti-capitalisme soit la base ou la conclusion d'une réflexion, mais tu trouveras surtout la marque de cette différence dans le discours général des partis ou dans leur approche de certaines questions.
Pour prendre un exemple concret avec le TAFTA : le parti communiste va plutôt mettre l'accent sur la menace que ce traité représente pour les droits sociaux et les
droits des travailleurs alors qu'EELV va insister sur l'aspect environnemental et le
bien-être des salariés. Les positions sont plutôt proches MAIS il y a quand même une différence car l'angle du bien-être s'intéresse à des questions légèrement différentes de celles soulevées par l'approche "lutte des classes" (pour caricaturer). Rechercher le bien-être, c'est plutôt la santé, l'équilibre vie privée/vie pro, l'épanouissement professionnel, il y a moins de focus sur les rapports de pouvoir au sein de l'entreprise, les inégalités de salaire ou les profits par exemple. Cela ne veut pas dire que ces questions ne sont pas traitées mais elles vont être traitées sous l'angle du bien-être ou du respect de l'humain : est-ce que l'inégalité de salaire affecte le bien-être des salariés ou pas par exemple? est-ce que les profits des actionnaires ont des conséquences négatives?
Enfin bref, ce sont des nuances donc c'est difficile à expliquer clairement mais j'espère que tu comprends où je veux en venir
En tout cas, si tu cherches un parti dont l'ennemi premier est le capitalisme, va plutôt au parti communiste. En revanche, si ton ennemi est le capitalisme car il te parait détruire la nature ou le bien-être humain, ça vaut le coup d'examiner les approches!
Edit : tu parlais à juste titre de la médiocrité de la campagne.
As-tu vu cette longue itw de Macron par la rédac de Médiapart vendredi dernier ?
C'est passionnant !
@Karamelle avait posté la vidéo sur le topic du second tour et effectivement, je trouve cette interview super intéressante! C'est à cette vidéo que je me référais dans mon message sur la philosophie politique de Macron.
Qu'on soit d'accord ou pas avec Macron, les journalistes ont fait du très bon boulot pour mettre en lumière sa pensée tout en restant professionnels et en posant des questions sans concession. C'est franchement un interview rare pour cette campagne, surtout pour sa campagne à lui qui est restée dans le flou et la complaisance pendant longtemps. Macron s'est plutôt bien prêté au jeu (je trouve d'ailleurs que c'est assez à son honneur d'avoir choisi Médiapart pour sa dernière intervention de la campagne) et ça m'a bien éclairé sur son programme, à l'écart de tous les clichés qu'on a pu entendre de partout. J'ai bien apprécié aussi que les journalistes insistent quand ça ne leur semblait pas cohérent, on n'a pas toujours eu droit à ça malheureusement...
J'aurais vraiment aimé qu'on ait plus de moments comme ça avec les candidats, et je conseille à tous celles qui se posent des questions sur Macron de regarder cette vidéo!
Et qu'il va pointer Valls du doigt aussi. Qu'il ne va pas le rejeter uniquement à cause dune candidate déjà présente en circonscription mais à cause de ce qu'il a fait.
Autant je me réjouis de la débâcle de Manuel Valls et j'espère qu'il se fera snobber par Macron (qui d'ailleurs je pense gagnerait en popularité à gauche en faisant ça
), autant ce ne serait pas sage de le rejeter ouvertement en pointant du doigt ses erreurs. Macron est très jeune sur la scène politique, il n'est même pas sûr d'avoir les soutiens suffisants pour une majorité parlementaire. Il n'a surtout pas intérêt à se mettre sur le dos un des derniers premiers ministres, surtout que Valls semble particulièrement rancunnier et qu'il a déjà prouvé son pouvoir de nuisance avec Hamon. Et ce n'est pas juste par rapport à Valls mais je pense que ça enverrait un signal effrayant à certains vieux de la politique de voir une figure proéminente se faire humilier ouvertement par un nouveau venu, et qu'ils pourraient vouloir se retourner contre Macron pour se protéger.
Bref, Macron aurait plutôt intérêt à jouer la carte "malheureusement nous avons déjà une candidate à Evry, trop dommage
" pour laisser l'illusion que ce n'est pas contre Valls.
Ceci dit, je n'ai pas vu le documentaire
Les coulisses d'une victoire diffusé lundi sur TF1 mais les journaliste rapportent qu'on y voit Macron déclarer à ses équipes : "S'il y a un traître et quelqu'un qui a flingué Hollande, là, c'est Valls". Donc je pense qu'on peut dire sans s'avancer que Macron ne fait pas trop trop confiance à Valls