Je ne vois pas comment je pourrais prendre ton paragraphe autrement que personnellement puisqu'il s'arroge des droits à partir de ma peur et me prête le terme "dogmatisme" que je n'ai pas utilisé.
En fait, je parlais surtout de ma petite liste de raisons pour laquelle je peux considérer l'omnivorisme avec les dérives actuelles comme étant du dogmatisme, du coup, c'était maladroit de ma part de dire que c'était le dernier paragraphe alors qu'en effet, tu peux effectivement le prendre personnellement. Par contre, si, tu as utilisé ce mot, ou plutôt, tu as parlé de "dogme antispéciste" ici :
C'est plutôt du prosélytisme si tu préfères : la volonté de convertir des gens, pas forcément par la force, pour qu'ils adoptent les mêmes croyances et les mêmes pratiques que soi - en l'occurrence pour Caron, le dogme antispéciste.
C'est cette phrase qui m'avait fait tiquer mais comme tu as éclairci la façon dont tu voyais le dogmatisme, qui est un mot utilisé de manière très péjoratif habituellement, (donc je me sentais obligé d'intervenir), je fais mon mea culpa.
Par contre, je trouve que ça nous fait un peu passer pour une secte.
A partir du moment où Caron prophétise une société où chacun sera horrifié que l'homme ait un jour pu manger de la viande, et qu'il considère l'antispécisme comme un progrès "indispensable" au même titre que l'égalité démocratique, il ne se contente pas d'émettre une petite opinion personnelle ! Il s'agit d'un projet politique, au sein duquel Caron se définit comme un visionnaire et un guide, et les omni comme une masse d'arriérés voués à disparaître.
Pour le projet politique, je ne peux malheureusement pas te contredire, c'est justement assez clair dans son chapitre sur la "biodémocratie", auquel je n'adhère que très moyennement, si tu ne l'avais pas déjà compris avec ma petite parenthèse dans mon précédent message.
Par contre, je trouve que tu exagères beaucoup ses intentions : il ne se considère pas comme un visionnaire ou un guide... (surtout qu'il y en a eu d'autres avant lui et que je ne pense pas qu'on le retiendra des masses comme un des précurseurs - mais je peux me tromper) De toute manière, je considère ses idéaux (et je pense - j'espère ? - qu'il le sait lui-même) comme étant très radicaux dans le sens où je pense que ce sera impossible à atteindre. Ce n'est pas que je n'y adhère pas à titre tout à fait personnel, mais je ne pense par contre pas que ce sera envisageable pour tout le monde, il restera toujours des gens pour manger de la viande. (et je l'avais déjà expliqué sur l'autre topic me semble-t-il) Je ne suis pas dans sa tête, mais écrire tout ça, qui est donc considéré comme de l'extrémisme par beaucoup, ça permet déjà de faire réfléchir sur des choses plus accessibles qu'on peut accomplir pour le droit des animaux sur le court et moyen terme.
En se plaçant dans la lignée des grands combats humanistes, il en usurpe la légitimité et je trouve pas ça réglo. Comme tu le disais pour son parallèle avec l'esclavage ! C'est scandaleux mais surtout mal ficelé, dans le sens où la lutte contre l'esclavage reposait justement sur l'affirmation d'une unité de l'homme (un autre dogme, auquel j'adhère si ça vous intéresse
) et la négation des schémas évolutionnistes qui postulaient une hiérarchie des races en continuité avec les hominidés, primates et animaux en général (je vous la refais pas mais la grande majorité des abolitionnistes et des humanistes étaient profondément spécistes).
A priori, je n'ai pas grand-chose à redire là-dessus, et cette comparaison ne vient pas que de lui malheureusement. Je pense qu'elle est faisable, dans le sens où là encore, on parle effectivement d'un schéma d'oppression, mais elle est fait de manière très superficielle en général et les deux discriminations sont/ont été fait pour des raisons différentes. (sans compter qu'on parle de discrimations inter et intra-espèces donc la comparaison a carrément ses limites) (je ne m'étalerai pas là-dessus, de toute façon, on a l'air d'accord)
En plus de ses articles, j'ai réussi à regarder une seule émission en entier avec Caron, et je ne trouve pas qu'il soit ouvert à la discussion. Il discute, oui, mais il ne tient pas du tout compte des propos de ses interlocuteurs.
Je trouve qu'il est beaucoup moins intéressant, moins futé, moins modeste et moins ouvert que bien d'autres auteurs antispécistes comme Derrida par exemple (qui parle de post-humanisme pour bien marquer la rupture avec les humanistes justement). D'ailleurs ma copine la plus antispéciste déteste elle aussi Caron - elle adore Singer mais je ne l'ai pas encore lu.
Là encore, il faut voir ce qu'on entend par "il ne tient pas du tout compte des propos de ses interlocuteurs" car il ne va pas soudainement changer d'avis et leur dire amen.
Pour en avoir regardé trois de lui, il argumente juste contre les protestations de ceux qui n'adhèrent pas à l'antispécisme. J'aimerais bien que tu expliques ce qui t'a gêné en fait si tu te souviens à peu près. (sinon, tant pis, on est condamné à en regarder une ensemble un jour
)
(concernant sa "modestie", là encore, je ne peux rien dire, je le trouve un peu pédant parfois et ça ne concerne pas que le végéta*isme et l'antispécisme
- c'est vrai qu'il est très sûr de lui mais il le sera moins quand on va discuter de son chapitre sur... bon ok, j'arrête
) (mais je l'aime bien quand même
)
Et je note Derrida dont je n'ai pas du tout entendu parler, contrairement à Singer, peut-être que si je les lis tous les deux, je verrais mieux en quoi tu considères que Caron impose ses idées car à partir du moment ou tout un chacun écrit sa popotte, c'est aussi exposer ses opinions et vouloir convaincre dont je ne vois pas trop en quoi ces deux auteurs feraient exception
Non. Le fait que je le trouve terrifiant ne te confère pas le droit de considérer que quoi que ce soit.
Je ne sais pas trop quoi te dire.
En fait, je n'arrive pas à voir ce qui t'a blessé, ce qui me perturbe un peu car logiquement, je devrais voir le problème. J'ai cru comprendre que j'avais "joué avec ta peur", c'est ça ? Pour le coup, ce n'était clairement pas mon intention, je voulais juste démontrer qu'on pouvait faire le même raisonnement pour l'inverse... Du coup, je m'excuse, je me rends compte que c'était sûrement maladroit comme approche, désolée.