Être la « meuf bonne » de mon école de commerce a fini par me gâcher la vie

30 Novembre 2015
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@Januhairy
Non mais dans le fond, quand tu dis "Quelle idée d'aller en école de commerce aussi!", tu ne pourrais pas plutôt penser "Quelle société pourrie puante de sexisme, culture du viol..?" à la place? Pourquoi plutôt pas faire une remarque sur les responsables plutôt sur celles qui n'ont pas d'autres choix d'aller en école de commerce... pour faire un métier dans le commerce?
On a qu'a toutes faire des études qui ne nous plaisent pas et gâcher notre vie à cause d'oppressions sexistes? Bah moi, je le refuse, ça me met plutôt en colère.
 

Pochemuchka-Lilou

anciennement Lilou la licorne
31 Octobre 2014
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En fait, je pense surtout que ce que tu dis "ne pas oublier le sexisme", "rester dans la sororité", ça peut peut-être paraitre limpide pour quelqu'un de sensibilisé au féminisme comme toi, mais pour une femme de 20 ans sociabilisée dans un milieu hyper masculin (parce que j'imagine qu'entre la prépa et la 1ère/Terminale S, elle n'était pas entourée d'un nombre écrasant de filles depuis au moins ses 16 ans), c'est loin d'être des choses qu'on se dit spontanément dans une société patriarcale qui encourage les femmes à se détester entre elles et chercher l'approbation des hommes.
Bah en fait on ne sait pas du tout quel bac et quelle prépa elle a faits : elle est en école de commerce, c'est son pote qui est en école d'ingé. Donc on ne sait pas, peut-être qu'au moment de son entrée dans l'univers des grandes écoles (je parle au pluriel puisqu'elle a fréquenté sa propre école de commerce ET qu'elle est allée en soirées d'école d'ingé) elle avait plein de copines, y compris féministes et tout.


... ce qui ne m'amènerait pas à la blâmer pour autant. Je ne vais pas mentir cela dit, ce témoignage me déprime. En fait il m'a rappelé le moment où justement mes meilleures copines sont toutes arrivées en école de commerce (chacune dans une différente) en même temps (moi j'ai suivi une autre voie).

Eh ben pendant quelques années j'ai beaucoup pris sur moi pour supporter les conversations à ce sujet, j'avais vraiment l'impression (ça va sonner dur et jugeant mais c'est vraiment comme ça que je le voyais) qu'on leur avait lavé le cerveau : ça parlait d'OB (open bar pour les profanes), d'asso, du journal de l'école, de popularité, de qui a chopé qui, des chants sexistes hurlés dans le car pour aller en soirée, des nobod (les pouilleux qui ne sont pas en asso), de l'élection de la salope du mois, des défis lancés aux meufs qui devaient enlever leur soutien-gorge... (jamais des cours hein). Et je tiens à préciser qu'une de ces copines était à l'époque de notre rencontre (2 ans avant) bieeeen plus féministe que moi, bien plus renseignée et convaincue sur les questions de sexisme. Ça ne l'a pas empêchée de sombrer dans cette logique assez merdique de ragots où on débriefe les OB, qui a chopé qui, où on jauge la réputation d'unetelle (les mecs sont globalement jugés bieeeeen moins sévèrement). Et je le répète c'étaient des écoles de commerce, donc pas du tout un contexte de prédominance masculine qu'on peut avoir en école d'ingé.
Cela dit je pense qu'il faut analyser les écoles de commerce pas uniquement avec le prisme du genre : c'est aussi des milieux, assez souvent, d'entre-soi bourgeois où ce qui est important, c'est la popularité et le réseau (ce qui se fait forcément au détriment d'autrui, par une logique purement concurrentielle) et où les mecs en particulier, globalement assez privilégiés, ont l'habitude de l'impunité, j'en suis assez convaincue. Et c'est entretenu par le fonctionnement pseudo-campus américain souvent cultivé par les écoles de ce genre, où on fait en sorte que l'école soit toute la vie des étudiants pour qu'ils oublient le reste du monde. Ce qui fait que si en tant que meuf tu t'ériges contre l'atroce sexisme qui y règne, c'est toute ta vie qui est affectée : tes études, tes soirées, ta vie sociale, sentimentale et sexuelle...

Et je dis que j'ai pris sur moi, ouais. Parce que je voyais bien que ça avait marché, cet entre-soi, que ce truc là avait pris une importance (démesurée à mes yeux) dans leur vie. Parce que c'était tout un univers extrêmement rigide dont elles devaient acquérir les codes Et parce que si elles avaient refusé de jouer le jeu elles l'auraient sûrement payé cher. Toujours est-il que ça me faisait mal de les entendre adopter (en partie seulement, mais c'était déjà beaucoup) ces codes et ce discours, elles manquaient honnêtement beaucoup de recul dessus. Je crois que c'est ça aussi qui me rendait ouf : qu'elles jouent le jeu dans ce milieu-là, je le comprenais, c'est de la survie, mais ça venait déborder dans d'autres sphères, dans nos conversations entre nous, entre filles, etc. Ça m'inquiétait beaucoup pour elles.
J'ai vraiment été hyper soulagée quand elles sont sorties de leurs écoles respectives, elles m'ont vraiment donné l'impression de retrouver un peu plus le sens des réalités. Maintenant elles parlent de ces expériences avec beaucoup plus de recul.
 
Dernière édition :
20 Janvier 2014
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Cat town
J'ai lu les commentaires facebook avant de lire l'article et je n'ai au final pas trouvé cet article si "prétentieux" et "mal écris" que ça.

J'ai trouvé cela plutôt intéressant et les mécanismes de sexismes intériorisés et de défense ont été très bien expliqués dans les commentaire avant moi.

J'aimerais juste réagir par rapport aux nombres de commentaires qui balaye d'un revers de main l'empouvoirement par la sexualité et le physique parce que ce serait forcément faire le jeu du patriarcat je ne suis pas complètement d'accord.

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En conclusion pour moi c'est ma capacité à être dans la sexualité et la sensualité ou non qui est source d'empouvoirement.

Le problème vient quand on le fait malgrès nous de manière inconsciente et que l'on se résume uniquement à cela et que les autres nous résument à cette caractéristique.

Que cela devient une obligation, un fondement de notre identité. Que l'on ne peut plus se décider à sortir sans maquillage et apprétée de A à Z.

On peut être sexy et ne pas hésiter à remettre les autres à leurs place quand ils ont des remarques ou des blagues déplacées. Refuser qu'on nous résume à une petite chose fragile et jolie. C'est aussi une question de placement.
Quand je me fait belle ou classe je le fait avant tout pour moi mais ça n'autorise pas pour autant les autres à empiéter sur mon espace physique ou disserter sur ma 'moralité'.

Bien s'entourer au niveau amical également, on peut choisir de nouer des relations amicales et plus avec des personnes qui partagent nos valeurs et qui ne nous résumeront pas à notre physique et nos apprèts, et deviendront d'éventuels soutiens.

D'ailleurs je pense que l'on peut être sexy de bien des manières et pas seulement dans l'espace que nous donne le patriarcat.
Jouer sur les normes de genre peut aussi être éminemment sexy.
Je trouve une femme nue avec des poils sous les bras absolument sensuel.
Une femme peut être sexy qu'elle soit maigre, mince ou grosse.

Bref je pense qu'une femme peux s'empouvoirer à travers son physique et sa sexualité à partir du moment où elle en est réellement maîtresse.
 
19 Mai 2014
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Euh attendez, c’est pas parce que @Januhairy parle de l’intérêt des grandes écoles qu’elle dit que c’est la faute des filles si elles se retrouvent piégées dans des mécanismes sexistes, restons calmes. Lui faites pas dire ce qu’elle a pas dit :happy:

C’est quand même un environnement très particulier, les grandes écoles...effectivement on peut questionner leur existence en premier lieu, que ce soit dans leur manière de reproduire des élites, leur programme orienté « fonctionnel et entreprise » (j’avoue j’suis plutôt d’accord avec Januhairy haha)... même si c’est pas vraiment l’endroit pour le faire ici.

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En tout cas, comme évoqué par de nombreuses Madz, c’est difficile d’évoluer dans de tels milieux. Espérons seulement qu’avec le temps les mœurs évoluent...
 

Pochemuchka-Lilou

anciennement Lilou la licorne
31 Octobre 2014
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Ouais, la formulation de @Januhairy était trop cash vu que :
- la madz qui témoigne a été victime de sexisme, c'est pas le moment de lui dire ce qu'elle aurait dû faire et ne pas faire
- et qu'elle l'a été aussi dans un contexte d'école d'ingé, donc le problème ne se résume pas aux écoles de commerce.

MAIS :
- si elle a accepté le sexisme de l'école d'ingé de son pote, c'est peut-être parce qu'elle-même évoluait dans une école de commerce, donc un milieu comparable? Peut-être qu'elle aurait réagi différemment si elle était ancrée dans un contexte totalement différent : elle aurait sans doute perçu avec plus de recul le sexisme de ces charmants étudiants ingénieurs.
- on peut quand même remettre en question le fonctionnement des écoles de commerce, leur existence même ? des pompes à fric qui comme le dit @Akarui reproduisent des élites alors que parfois les cours sont d'une indigence affolante (je connais très bien des anciens élèves ET des profs d'école de commerce) ?
 
23 Décembre 2012
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20anspasses.wordpress.com
Et je le répète c'étaient des écoles de commerce, donc pas du tout un contexte de prédominance masculine qu'on peut avoir en école d'ingé.
Cela dit je pense qu'il faut analyser les écoles de commerce pas uniquement avec le prisme du genre : c'est aussi des milieux, assez souvent, d'entre-soi bourgeois où ce qui est important, c'est la popularité et le réseau (ce qui se fait forcément au détriment d'autrui, par une logique purement concurrentielle) et où les mecs en particulier, globalement assez privilégiés, ont l'habitude de l'impunité, j'en suis assez convaincue. Et c'est entretenu par le fonctionnement pseudo-campus américain souvent cultivé par les écoles de ce genre, où on fait en sorte que l'école soit toute la vie des étudiants pour qu'ils oublient le reste du monde. Ce qui fait que si en tant que meuf tu t'ériges contre l'atroce sexisme qui y règne, c'est toute ta vie qui est affectée : tes études, tes soirées, ta vie sociale, sentimentale et sexuelle...
Oui en terminant l'article, j'étais restée sur la mention de l'école d'ingénieur en tête, donc je commentais en pensant qu'elle étudiais elle-même dans une école d'ingé, je me suis trompée! Alors qu'en plus, en vrai, les écoles de commerce sont 100 fois pire dans le trash que les écoles d'ingé :yawn: Je me suis rendu compte que c'était une école de commerce en lisant le commentaire de @Januhairy!

Par contre, même si le déséquilibre filles/garçons n'est pas aussi flagrant, la question du genre reste valable en école de commerce à mon sens. Les filles sont en minorité en prépa CPGE (43-45%) et même si officiellement, l'ensemble de TOUTES les écoles de commerce affiche une parité parfaite de 50/50 avec certaines écoles dépassant les 50% de filles, plus l'école est prestigieuse, plus le taux de filles chute pour atteindre 42-45% en moyenne à HEC, l'ESSEC et l'ESCP par exemple. Et selon les spécialisations et les chaires, le taux de filles chute encore plus.
Bref, pour moi, dans un contexte patriarcale avec un environnement bourgeois où les hommes on l'habitude de l'impunité comme tu dis, même une parité parfaite favorise la dominance masculine. A mon sens, malheureusement, quand les hommes sont en nombre équivalent aux femmes, ils se sentent quand même en situation de prédominance et il faut vraiment un déséquilibre en faveur des femmes pour qu'ils sentent leur dominance un peu contestée et fassent un peu plus profil bas.
Donc pour moi, une prépa ou une école HEC avec 42% de filles, ça en fait quand même un environnement globalement masculin, avec le message subliminal envoyé aux filles que plus elles sont ambitieuses (en matière de salaire, de prestige social, etc.), plus elles vont fréquenter des milieux dominés par les hommes et doivent donc intégrer leurs codes.
Même si du coup, l'idée du milieu à large prédominance masculine dont je parlais en pensant qu'il s'agissait d'une école d'ingé n'est pas valable pour le cas de cette fille, ça reste quand même un environnement de domination masculine, y compris par le nombre, et cette domination masculine prend d'autant plus d'importance que comme tu le dis, la sociabilisation est un élément central du cursus (et en fait souvent l'un des principaux intérêts qu'il y a à passer par une école de commerce plutôt que par la fac de gestion ou autre Master à dominante commerciale à l'université). Or, pour les femmes, cette sociabilisation dépend beaucoup des hommes qui les entourent.
 

Pochemuchka-Lilou

anciennement Lilou la licorne
31 Octobre 2014
6 269
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@MorganeGirly Ah oui oui, j'ai dit 1) que ce n'étaient pas du tout les mêmes proportions qu'en école d'ingé et 2) qu'il fallait intégrer d'autres grilles d'analyse (classe), mais je ne nie pas du tout la pertinence du prisme du genre dans la compréhension du fonctionnement des écoles de commerce, ni la domination masculine qu'on peut y constater.
Cela dit, je pense que la variation des proportions entre ingé et commerce affecte la manière dont cette domination masculine s'exprime.
En école d'ingé, les filles sont très très peu nombreuses (et déjà en prépa) donc elles vont être marginalisées.
En école de commerce, les filles sont quand même significativement plus nombreuses, donc elles seront moins marginalisées, plus "intégrées", mais le sexisme va davantage faire jouer la concurrence entre elles, d'où l'importance de la réputation par exemple.
Bref, je schématise, et je ne pense pas qu'un type d'école soit plus sexiste que l'autre, simplement la configuration est très différente et ça va se répercuter sur l'expression du sexisme qu'on y trouve.
 

Ju-

3 Décembre 2013
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Ca me parait un peu décallé par rapport à mon expérience en ESC, ce genre d'article.

J'ai l'impression qu'en effet, quand on rentre dans ces écoles, nous sommes martelées par le message "le réseau est trèèès important, il faut donc participer à fond à la vie de l'école !!".
Du coup tout le monde s'y met histoire de rentabiliser le prix de l'école, même si la plupart y sont mal à l'aises.

Sauf qu'en fait, je trouve que ça ne représente pas du tout la réalité. Je ne connais personne dont la carrière a décollé parce qu'il ou elle a participé à toute les soirées, ou parce qu'il était dans le bureau des étudiants !
Pour ma part c'était pas trop mon truc, du coup j'ai passé ma scolarité avec quelques copines. Je suis allée à très peu d'évèntements de l'école, et mon asso faisait du tutorat scolaire, donc pas un truc très fétard...

Par contre j'ai misé à mort sur
1/ Les partenariats à l'étranger. C'est là bas que j'ai fais de réels efforts d'intégration, en me mettant dans des assos, en essayant de rencontrer un maximum de personnes.
2/ Le carnet d'adresse des anciens diplomés, ainsi que les offres de stage spécifique pour l'école. Et franchement pas besoin d'avoir fait la fête avec les gens pour qu'ils te filent un tuyeau sur leurs anciens stages.
3/ Les cours que j'ai trouvé globalement intéressants, et qui m'ont ouverts sur plein de choses. J'ai particulièrement misé sur le mémoire de dernière année pour me documenter à fond sur le secteur qui m'intéressait.

Et au final ma carrière après a bien décollé.

Franchement, est ce que quelqu'un a déjà trouvé un super boulot parce qu'il avait joué à fond le jeu de sociabilisation des premières années d'ESC ? Ca peut arriver mais c'est loin d'être un passage obligé.

J'ai surtout vu des gens très jeunes oublier d'utiliser les cours, les partenariats à l'étranger et les stages comme des opportunités, pour privilégier exclusivement la vie associative de l'école.

J'aimerai bien qu'on arrête de matraquer cette idée de réseau entre étudiants comme essentiel. Si vous voulez vous y investir, faites le par plaisir, plus par pression !!
 
K

Kurmad

Guest
Au vue de tous les commentaires qui ont précédé, je me sens obligée de préciser que ce n'est absolument pas systématique, quand on est en grande école, d'être forcément dans un milieu aussi toxique et sexiste que ce qui est décrit dans l'article.

J'ai très bien vécu mon école d'ingé en évitant les événements dont on savait qu'ils étaient ultra-sexistes (ex : les fêtes organisées par l'asso rugby). Je n'ai pas été marginalisée ni slut-shamée ni quoi que ce soit. Je me suis juste entourée de gens comme moi, gars comme filles, et il y en avait plein ! Pour rappel, tous les mecs en grande école ne sont pas non plus des grosses brutes hyper-sexualisées qui ne pensent qu'à pécho. Il y en a aussi qui ont des complexes sur leur physique, qui sont timides, gays, qui préfèrent des relations (amicales et amoureuses) sincères et cérébrales que physiques, d'autres que le sexe n'intéresse pas, des gens en couple longue durée et respectueux...

Si j'en crois mes copines qui sont allées dans d'autres écoles (d'ingé), je ne suis pas la seule à avoir réussi à sociabiliser sans tomber dans l'hyper-sexualisation, loin de là.
Alors c'est sûr que si j'étais allée aux soirées sexistes, je me serais mal intégrée. Mais j'avais pas envie d'y aller, et je ne me suis jamais sentie forcée.

Je ne dis pas ça pour remettre en cause les commentaires des personnes qui ont commenté. Simplement au cas où ces commentaires dissuaderaient une lycéenne de s'inscrire en grande école parce qu'elle a peur de ne pas supporter l'ambiance.
 
23 Mars 2016
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Ailleurs
@AnnaKN je pense que les deux derniers témoignages tendent plutôt à montrer que la sociabilisation en grande école et la réussite professionnelle n'est pas nécessairement liée à une implication dans les sphères où s'exprime le sexisme de manière décomplexée.
Après, les stratégies d'évitement, je dirais que c'est aussi le cas dans la vie hors des études, on évite les situations où on se sait mal à l'aise ou en danger. Et là encore, les occasions festives (une soirée d'école ou un bal de village ou une sortie en boîte) sont particulièrement propices à l'expression du sexisme. C'est malheureux, mais je pense que c'est l'extension de ce qu'on connaît de manière générale dans la société, le vase clos de l'école ne fait qu'accentuer cela.

Personnellement mon expérience recoupe un peu ça. J'ai traversé ma scolarité en grande école complètement à l'écart de ce type d'interrelation (les soirées, les coucheries, les dramas des couples qui se font et se défont...). Et ça ne m'a pas empêchée de réussir l'école, de trouver un boulot ensuite, de m'y faire quelques amis que je fréquente encore, des connaissances avec qui je reste en contact de manière continue.
On me foutait la paix parce que je ne jouais pas le jeu. En revanche, celles et ceux qui jouaient le jeu étaient soumis à des contraintes et des pratiques très dures.

@Jidia Seddicia je me sens concernée par ce que tu dis parce que j'ai écrit un message très définitif sur la sexualisation comme facteur d'empouvoirement.
En fait, ce que tu décris comme ta situation personnelle, je ne le perçois pas comme une sexualisation. A mon sens (mais je conçois que d'autres aient une définition différentes), la sexualisation, c'est le fait de marquer de sexualité l'individu en dehors de circonstances le justifiant (par exemple, en dehors de l'acte sexuel).
Dans les exemples que j'ai pu lire dans tous les commentaires :
- considérer une joueuse de JV comme devant forcément être "bonne"
- lui assigner un "petit ami" parmi les membres masculin du groupe sur des critères qui ne lui appartiennent pas
- s'adresser à une personne sur le mode de la plaisanterie graveleuse quasi-systématiquement
- ramener toutes les activités festives de cette personne à l'expression de sa sexualité (notamment la boisson, la danse, les "chahuts" dans certaines écoles...)
- considérer systématiquement qu'une femme est dans l'échange de bons procédés lorsqu'elle interagit avec des hommes.
Il y a plein d'exemples.

Pour te rejoindre, l'amour de soi et de son corps, la sexualité, la sensualité sont des facteurs d'empouvoirement. Mais je ne les range pas dans la sexualisation. La sexualisation c'est plus une grille de lecture qu'on vient plaquer sur une situation.
 
Dernière édition :

KittyKiller

Vieux chat.
21 Juin 2008
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Paris
C'est tout à fait vrai ce que dit @Kurmad, je pense par exemple qu'une bonne partie de ma promo est passée à côté de tout ça. Néanmoins le discours dominant, celui qui détermine une ambiance, ce n'est pas forcément celui de la majorité, mais celui de ceux qui gueulent le plus fort, et ceux qui entretiennent ça sont particulièrement vocaux. Et d'autre part, même si on ne souhaite pas rentrer dans le jeu, il peut arriver qu'on nous y mette sans nous demander notre avis, c'est un peu comme ça que je l'ai vécu en tout cas -
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Oui, heureusement tout le monde n'était pas là-dedans, je me suis d'ailleurs rapidement trouvé un cercle en marge de cet état d'esprit (dont certains membres étaient pourtant des dragueurs invétérés, mais qui ont été infiniment plus respectueux avec moi que d'autres mecs soit-disant "bien" qui cachaient bien leur machisme et leur jeu), et du point de vue de l'amitié ça a été de très bonnes années pour moi... mais j'ai quand même souffert de cette ambiance, de la stigmatisation sur le physique, des ragots délirants et du slut-shaming - même si au bout d'un moment je ne voyais plus quoi faire d'autre que m'en fiche et me mettre au-dessus de tout ça (carapace).

Mais tu as raison d'apporter une expérience contrastée aux lycéennes qui pourraient hésiter à faire une prépa alors qu'elles sont intéressées par la physique ou la technologie. Il faut savoir à quoi s'attendre, ce sont des milieux à culture forte par rapport à beaucoup d'universités, et cette culture perpétue une certaine violence ; ce n'est cependant pas forcément annihilateur, dieu merci !
 
K

Kurmad

Guest
@AnnaKN Je te réponds directement car tu m'as mentionné, mais le commentaire de Gabelote au-dessus résume très bien mon parcours.

Non, je n'ai pas du mettre en place une stratégie d'évitement. Ca serait aussi ridicule que de dire que j'ai mis une stratégie d'évitement en place pour ne pas aller aux soirées League of Legend. Il y en avait plein (genre vraiment, y'avait un tournoi interne dans l'école, plusieurs teams, etc.). Je n'aimais pas ça. Je ne me suis même pas posé la question d'y aller. Je n'ai pas ressenti de frustration quelconque ni d'ostracisation. Je n'ai pas non plus participé aux événements "battle de rap". Bref, y'a plein d'exemple de trucs que j'ai pas fait à l'école, les soirées sexistes en sont, parmi d'autres.

Edit : Et je me sens obligée de préciser que j'ai vraiment vraiment adoré mon école et son ambiance. Aujourd'hui encore, je suis encore très corporate, avec l'affection "familiale" et tout.

Edit 2 : J'ai relu ton commentaire et je dois répondre à ça aussi :
ton témoignage, intéressant, prouve tout de même qu'il y a une acceptation tacite du sexisme dans ces sphères qui peut-être ressentie violemment, même sans exposition directe.
C'est justement l'inverse que j'essaye de dire !!! Simplement, dans une école avec 3500 élèves sur place, oui, dans le lot, il y en a qui sont sexistes. C'est obligé, on vit dans un monde sexiste, et en arrivant à 18 ans, tout le monde ne s'est pas encore déconstruit. Oui, il y avait certains groupes qui gueulaient bien fort qu'ils étaient sexistes, en se la jouant soirée étudiante de films américains. Non, je n'acceptais pas cette ambiance et je n'étais pas la seule. Mais NON, je ne m'étais pas investie pendant mes études de la sainte mission d'aller leur répéter à chaque fois qu'ils étaient relou. De la même manière que je ne le fais pas systématiquement dans la rue, et ça ne veut pas dire que j'accepte tacitement le harcèlement de rue. J'avais juste pas d'énergie à dépenser à tenter de les éduquer alors que ça n'aurait servi à rien. Par contre, montrer qu'il y a d'autres moyens de sociabiliser, ça, c'était carrément utile pour moi et pour les autres. Mais j'ai jamais eu besoin de le faire consciemment, c'était pas une stratégie de survie.
Enfin, je ne sais pas pourquoi je me sens obligée de me justifier comme ça. Ce n'est pas parce qu'il y avait des personnes sexistes à l'école que c'était tacitement accepté par tout le monde.
 
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