Alors je suis hyper sceptique avec le lesbianisme politique. Il y a plein de choses que j'aime, et plein de faits qui sont mis en avant avec le lesbianisme politique :
- Oui, être lesbienne protège des hommes.
- Oui, être lesbienne libère des injonctions au corps, à la beauté, à être "femme", d'une manière que beaucoup d'heteros ne pourraient, il me semble, pas se figurer. Je ne dis pas que les lesbiennes n'ont pas de problème dans leur rapport au corps, hihi coucou j'en ai énormément, mais toute la pression qui est mise sur les femmes à "plaire aux hommes", à l'obligation de performer la féminité, pouf, au revoir.
- Non, être lesbienne ne protège pas des violences conjugales. Je dirais que c'est un bouclier avec des trous. Parce que outre les stats à la con et stigmatisantes qui disent que les lesbiennes sont plus violentes que les hétéro, il n'y a pas vraiment de stats qui démontrent les taux exactes de violences conjugales dans les couples LGBT. elles existent, elles sont moindres mais elles existent, et "devenir lesbienne" pour y échapper n'est pas une solution.
- Par contre, être lesbienne va te donner plus de chances d'avoir un couple égalitaire, avec une bonne communication, pas de charge mentale, une dynamique où il va pas y en avoir une qui va faire le ménage et la cuisine pendant que l'autre regarde le foot en se grattant les... Ovaires
Maintenant, même si les lesbiennes sont des classes politiques qu'il convient d'analyser pour en tirer les conséquences sociales, sociologiques, etc, je n'aime pas vraiment l'idée de fétichisation qui découle du lesbianisme politique. On se retrouve, dans les milieux féministes, avec des meufs heteros qui fantasment les relations lesbiennes, ou même qui s'y prêtent sans l'être à la base, comme
@Calinoursonne ce qui finit par faire des chocapics quand elles se rendent compte que ça ne marche pas. Stigmatiser le fait que l'on nait homosexuel, bi, pan, ou hétéro, ce n'est pas une bonne chose parce que ça met en lumière l'idée que l'on peut changer d'orientation sexuelle comme de chemise et ça met sur un piédestal le fait d'être lesbienne, qui pour moi au contraire devrait être une orientation normalisée. Mais je comprends aussi que le coming out est complexe, que c'est un processus de découverte et que ce n'est pas aussi blanc et noir que "hétéro/Big gay", et que beaucoup de femmes hétérosexuelles morflent tellement dans leurs relations que la misandrie et le lesbianisme politique peuvent être une forme de refuge. Donc ce n'est pas les personnes que je blame, c'est le courant d'idées que je trouve bancal et le fait qu'une femme hétéro puisse "devenir lesbienne".
J'ai l'impression que les lesbiennes sont utilisées de manière très différentes dans les milieux conservateurs et progressistes. D'un côté on a les réacs qui nous infantilisent en nous traitant comme des demoiselles en détresse persécutées par le méchant agenda trans, de l'autre, on a les milieux féministes ou des heteros et des bi trouvent que c'est normal de dire qu'elles sont "plus lesbiennes que nous", ce qui est juste... La définition de la lesbophobie? S'attribuer les vécus et les ressentis d'un groupe dans son propre intérêt ?
Bref, tout ça pour dire que les principes qui en découlent, je les trouve super, et en tant que lesbienne ce mouvement me parle énormément. Ce que je n'aime pas, c'est cette réappropriation de nos vécus et de nos expériences par des femmes qui ne sont pas lesbiennes, ou de cette fétichisation comme une forme de couple idéal et parfait.