Je ne pense pas que la velléité des lesbiennes politiques (même si, à nouveau, je peux me tromper) ce soit de présenter ça comme une solution infaillible et universelle. Aucune solution ne l'est. Mais je pense que c'est quand même important d'entendre les arguments des gens qui disent que l'orientation sexuelle est quelque chose qui va beaucoup plus loin que la simple préférence personnelle ou un simple enjeu de "trouver un mec qui nous correspond". Le système veut que les femmes soient hétéro, il veut que les femmes soient au service des hommes, et tu pourras tomber sur un mec qui a des sensibilités féministes et n'a pas sciemment envie de t'oppresser, il n'empêche que tu es une femme et lui un homme et que vous êtes un couple hétérosexuel. C'est une dynamique qui peut s'atténuer mais dont on ne peut jamais se défaire. Je crois au pouvoir de l'amour autant que la première niaise venue, croyez-le bien, mais aucun couple n'est plus fort qu'un système hétéropatriarcal assis sur des siècles d'oppression misogyne.En fait tu tiens la point qui laisse beaucoup de monde dubitatif vis à vis du lesbianisme politique. Cette idéologie est clairement une bonne solution mais qui hélas ne peut s'appliquer qu'a une petite partie des femmes. Celles qui sont ... bah lesbiennes justement. (ou bi/pan). A partir du moment ou l'on a pleinement prise conscience de notre orientation sexuelle. On doit surtout remettre en question la figure du couple traditionnel. Et pour cela on n'a pas spécialement besoin du lesbianisme politique. On peut juste envisager le célibat, se découvrir aro/ace, se tourner vers le polyamours, etc. Ou tout simplement trouver un mec qui nous correspond![]()
La limite entre "elles veulent me forcer à coucher avec des femmes" et "elles veulent que je me force à coucher avec des femmes" je la trouve super ténue, au point que je ne la vois pas vraiment, d'ailleurs. Tu peux trouver que je caricature, moi je trouve que ce sont deux points si proches l'un de l'autre sur le même continuum que je n'avais même pas remarqué qu'il y en avait deux. Je pense que les personnes qui ont dit ça ne pensent pas à mal et envisagent effectivement ça comme une problématique personnelle ("comment JE vais bien pouvoir faire ?") et pas comme une menace de gouine aux canines pointues, ça n'empêche pas de faire attention quand on dit ce genre de chose.Est-ce lesbophobe de dire que les femmes lesbiennes et bisexuelles n'ont pas à servir de réceptacles à des volontés d'expérimentation théoriques ou bien de pureté militante (cf les déclaration de Ti-Grace Atkinson dans l'article comme quoi le "vrai féminisme" passe par le lesbianisme) ? Chacune en sera juge, mais pour ma part je trouve ça un peu gonflant de voir des propos argumentés caricaturés de la sorte (= le cliché de la lesbienne prédatrice alors qu'il me semble pas que quelqu'un ait tenu des propos de cet acabit ici).
Je suis complètement d'accord avec toi sur le "Je suis plus lesbienne que vous" (je ne crois pas que les lesbiennes politiques pensent cela de manière générale, je ne suis même pas sûre que la femme qui a dit ça le pensait sincèrement elle-même) ou sur le fait que les lesbiennes et bies n'ont pas à servir de réceptacles à des volontés d'expérimentation. Je m'y oppose même avec véhémence. Il me semble que personne ici ne revendique cela et certainement pas moi. J'avais même l'impression d'avoir dit exactement l'inverse : aucune lesbienne ne vous pousse à coucher avec personne.
Si on désigne par ce pronom personnel les femmes lesbiennes au sens large, alors effectivement c'est très lesbophobe. Mais j'ai pas l'impression que c'est le cas des participantes de cette discussion, celles qu'on est en train d'avoir. Du reste, pour ma part, je ne comprends même pas le lesbianisme politique comme "elles veulent que je me force à coucher avec des femmes", mais plutôt "inspirée par une théorie qui présente le lesbianisme comme le moyen ultime d'échapper aux rapports de domination patriarcale, JE pourrais me forcer MOI-MÊME à coucher avec des femmes". Du coup les femmes lesbiennes n'auraient rien à voir là-dedans (et même plus, selon moi, elles pourraient même être lésées par un tel mode de pensée, du fait donc de la fétichisation). Je ne sais pas si c'est plus clair, je l'espère en tout cas.
), sont des prédatrices voulant coucher avec des femmes hétéro (side note, si je trouve une meuf canon et que je m'aperçois derrière qu'elle est hétéro, c'est un vrai tue l'amour pour moi). Je parlais surtout des femmes hétéro qui ont été traumatisées par des hommes et qui fantasment sur les relations lesbiennes qu'elles voient comme un idéal féministe. Certaines vont avoir des relations avec des femmes, d'autres non. Et, si cela peut être un processus de découverte pour certaines femmes bi, pan, ou même lesbiennes, cela concerne aussi des femmes hétéro qui voient les lesbiennes comme un back up plan, et qui vont fétichiser nos relations en essayant de s'approprier nos vécus. Et personnellement, non seulement je trouve ça choquant, mais en plus, comme ont dit d'autres concernées, je me sentirais très mal si ma copine était avec moi, pas parce qu'elle est attirée par moi, mais parce qu'elle me voit comme un échappatoire. Donc pour moi ça relève moins de la prédation des lesbiennes que du trauma des femmes hétéro, qui est réel, bien trop répandu, et qu'il faut adresser correctement.
