C’est la première fois que je prend connaissance du lesbianisme politique. Et j’avoue que j’ai du mal avec le concept. Je me suis, comme d’autres madz, que ça entrait en conflit avec le combat à faire reconnaître que l’orientation sexuelle n’est pas un choix, et aussi, après avoir lu certains commentaires, que ça semble idéaliser les relations amoureuses entre femmes, comme s’il n’y avait jamais de violence, de contrôle ou d’inégalités chez les couples lesbiens. Tout ce que je peux imaginer, c’est qu’en étant de même genre, lorsque ces comportements problématiques surviennent, ils ne sont pas liés à un rapport de force lié au genre inculqué par l’éducation et la société, mais peut-être à autre chose.
Autrement dit, ça me semble être un peu l’idée de base que l’herbe est plus verte chez le voisin mêlée à celle d’éviter le problème plutôt que d’essayer de le régler.
Dans l’article, il est question aussi des lesbiennes qui se sont tut pendant les grandes luttes féministes, parce qu’elles ne vivaient pas les mêmes problèmes que les hétéros. Et j’ai lu un commentaire d’une madz disant qu’elle était hétéro et, bien qu’ayant vécu des problèmes d’abus de la part de différents hommes pendant sa vie, quelque chose qu’elle qualifiait d’assez classique en terme de vécu de femme, elle ne se voyait pas éviter de côtoyer des hommes. Et ça m’a fait me sentir peut-être un peu comme ces lesbiennes qui ne se retrouvaient pas dans les revendications féministes d’autrefois : je n’ai jamais vécu le moindre abus de la part d’un homme parce que j’étais une femme. Pas de violence dans le foyer familial, pas d’employeur ou collègue à la main baladeuse, pas de petit copain contrôlant ou abusif de quelque façon que ce soit (je suis d’ailleurs mariée dans le plus grand des bonheurs à celui que je considère comme mon meilleur ami), pas d’harcèlement de rue (là où je vis, c’est déjà plus anecdotique qu’en France comme problème). Seulement quelques fois, des « monsieur » qui m’ont parlé comme à une gamine, visiblement parce qu’ils me considéraient comme pas trop intelligente, parce que je suis blonde et femme et que j’occupe un emploi en service clientèle; et des inégalités du type code vestimentaire à l’école. Alors quand je lis que pour une personne, le fait de ne pas se mettre en couple avec un homme signifie ne pas subir de violence, de viol conjugal et risquer de se faire tuer, même si je sais que ces problèmes existent (pas plus tard que la semaine dernière, au Québec, une jeune femme de 28 ans et sa mère de 60 ans, ont été battues à mort à coup de hache par l’ex conjoint de la jeune femme, la cousine d’une amie de mon mari, elle avait un jeune enfant) je ne peux m’empêcher de penser que c’est de la généralisation biaisée, comme ça l’est quand on a des préjugés qu’on applique à l’ensemble d’une culture et qu’on utilise pour éviter de les côtoyer, et dans ce cas, ça s’appelle du racisme. Donc, il me vient dans l’idée que le lesbianisme politique est du sexisme (comme pour le racisme qui peut être appliqué à toute races, mais dont seulement le racisme envers les personnes non-blanches est systémique; je pense que le sexisme peut s’appliquer à tous les genres, mais seul le sexisme envers les personnes non-genrées homme est systémique), et de la discrimination positive concernant le lesbianisme.
Et si certaines se sont intéressées au masculinisme, on y retrouve entre autres, les MGTOW ou Men Going Their Own Way. À la base, tu te dis que si ces hommes vivent mieux sans se mettre en couple avec des femmes, on se dit, ben pourquoi pas? Si tu es plus heureux comme ça et le couple, ça ne marche pas pour tout le monde. Sauf que ce n’est pas ça, le MGTOWisme (je sais pas si ça dit, mais ça faisait une phrase plus harmonieuse) découle de relations problématiques où l’homme s’est senti lésé ou abusé et en veut maintenant à toutes les femmes et se dit qu’elles agissent toutes de la même façon en couple avec un homme. Ils vont souvent parler de l’aspect vénal des femmes qui ne seraient là que pour pomper les ressources de l’homme. Le parallèle avec le lesbianisme politique n’est pas direct, évidemment, les milieux masculinistes semblant assez souvent être homophobes, et les MGTOW semblant plus être prétexte à se plaindre dans des chambres à écho, alors que le lesbianisme politique est définitivement dans la sphère militante. Mais le constat, pour moi, est qu’on a deux groupes qui décident de ne plus se fréquenter mutuellement à cause de problèmes relationnels qui découlent en partie de clivages entre hommes et femmes, parfois, en partie de problèmes psychologiques, et parfois, en partie de problèmes de communication, de compatibilité et même de maturité. Alors si le sexisme systémique est une grande cause des violences et inégalités au sein des couples hétérosexuels, on s’entend que le problème n’est pas le couple, mais le sexisme. C’est comme cet organisme au Québec, Polytechnique se souvient (6 décembre 1989 : fusillade de masse à l’école polytechnique visant en exclusivité des femmes, le tireur était un misogyne affirmé qui avait une liste de femmes connues à tuer après cette tuerie), qui s’acharne depuis 30 ans à militer pour plus de restrictions sur le droit de possession des armes à feu au lieu de militer contre la cause de la tuerie : la misogynie. Dans le cas du lesbianisme politique, je peux comprendre qu’il s’agit d’un outil qu’on agite pour dire « vous nous traitez mal, alors on se barre », ce qui me fait penser à une grève du sexe à plus grande échelle, et au final, moi, je veux que les hommes me respectent pour ce que je suis, pas pour obtenir quelque chose de moi, ce que certains pourraient penser face au lesbianisme politique. Et même temps, je connais des femmes qui ont réussi à faire en sorte que leur conjoint se mette à s’occuper de la maison et des enfants en menaçant de se tirer, alors... c’est un débat pas évident quoi!