Déjà, pour moi, il n'y a pas classe, fondamentalement parce que les femmes de différentes origines sociales ne se rencontrent pas. C'est un fait sociologique. Quels intérêts peuvent défendre ensemble une riche parisienne du XVIème et une agricultrice bretonne ? A partir de là, elles ne vivent pas non plus les mêmes réalités matérielles et ça c'est le plus important. Ensuite, c'est absurde de parler de la femme en tant que classe car on peut pas imputer un projet politique fondé uniquement sur le féminisme. Le jour où les féministes réuniront 50% des femmes françaises dans leurs associations, là on pourra voir. A l'heure actuelle, elles sont 10 par manif'...
Ensuite, les gays comme classe c'est exactement le même problème. Déjà, c'est un phénomène purement citadin qui émane des gens dont la position sociale leur permet de faire leur coming-out ou de prendre sous leur aile ceux qui désirent le faire. Mais là encore, un projet politique fondé sur l'homosexualité, j'attends toujours.
Les termes ont un sens, faire croire que toutes les femmes, bref faire reposer quelque convergence d'intérêt qui soit basée sur un critère biologique, physique ou que sais-je encore, c'est faire dévier l'attention des gens des vraies injustices.
Une patronne d'entreprise lorsqu'elle licencie n'en a rien à faire qu'elle licencie des femmes ou des hommes, pour elle ce qui comptera, ce sera de maintenir ses profits : c'est son intérêt. Et peu importe si en licenciant cette femme, elle enlèvera un revenu à la maison, que peut-être à cause des problèmes financiers du couple, le mari deviendra un alcolo et se mettra à taper sur sa femme. Peu importe !
Le féminisme propose une vision erronée de la société, la femme et les "luttes" engagées autour ne forment pas une dynamique. Je suis désolée c'est sûrement plus agréable de penser que c'est en brûlant des soutifs que les femmes ont obtenu le droit de vote mais c'est faux. C'était une exigence de la société de consommation de masse, laquelle repose en partie sur la femme moderne que nous incarnons peut-être toutes aujourd'hui ici. La différence salariale, ça concerne qui ? Ca concerne celle qui ont le niveau de qualification nécessaire pour bosser en entreprise. La femme de chambre immigrée sans-papier, elle, sa différence salariale, vient du fait qu'elle est immigrée justement. Là, il y a concurrence entre elle et la femme de chambre française ou immigrée légale. D'ailleurs, dans les bas revenus, on retrouve souvent des professions féminisées donc il n'y a pas de différence salariale homme-femme dans ce cas.
Isabelle Alonso, le dit d'ailleurs, leur association se borne à monter au créneau lorsque des femmes célèbres sont victimes de sexisme. C'est peut-être parce qu'elle même est consciente des lacunes des idées qu'elle défend, qu'elle limite ses ambitions et refuse d'essayer de constituer une grande association avec des femmes de tous milieux.
A mon sens, imputer tous les maux de la terre au manque de féminisme c'est manquer de courage intellectuel et ne pas analyser l'évolution de la société dans son ensemble. J'en entends qui parlent de centres IVG qui ferment mais je vais vous donner un scoop : des dizaines de milliers de postes de prof sont supprimés depuis 3 ans, des hôpitaux ferment (Trousseau à paris), l'aberration pardon la LOI Bachelot est passée. Le monde dans lequel nous vivons c'est ça, libéralisation de l'économie, rigueur budgétaire annoncée, le tout sous la contrainte de la Commission européenne.
D'ailleurs, on a 44% de députés françaises au Parlement européen contre 12% à l'Assemblée nationale. Qu'y font-elles ? RIEN et les députés hommes non plus d'ailleurs étant donné que ce n'est qu'un vulgaire chambre d'enregistrement. Ca prouve bien que ce débat ne va pas au fond des choses et que la parité ne veut rien dire.
J'ai aussi envie de rigoler quand j'entends qu'il y a eu une émancipation de la femme par son travail. Laquelle ? Encore une fois les différences sautent aux yeux en fonction des classes sociales. Premièrement, pour ce qui est de la femme du paysan, ça y a pas de souci, elle bossait déjà bien. La femme de l'ouvrier, aussi et justement, la femme de l'ouvrier aurait préféré élever son gosses plutôt que de s'empoissonner la santé physique et mentale tout la journée, qui reste-t-il ? La petite bourgeoisie composée des marchands, artisans, professions libérales etc... dont les membres de sexe féminin ont elles, effectivement, pu commencer à exercer les mêmes professions valorisantes que leurs maris.
Or, à partir des années 1950, il y a moyennisation de la société, donc il est normal que plus de femmes accèdent au monde du travail et là on a les mythes de la "première femme ... compléter avec le nom du métier". Seulement à cette époque, les femmes qui ont les diplômes requis commencent à exercer les métiers prestigieux mais pour ce qui est des couches sociales plus basses, si le salaire du mari suffit, on va pas prendre la peine d'aller se casser le dos toute la journée à un poste tout sauf enrichissant.
Maintenant, début des années 1980 à nos jours, le phénomènes s'inverse : les inégalités se creusent, la classe moyenne commence à fondre. D'où, la précarisation des conditions et avec elle celles des femmes qui se retrouvent de plus en plus à des postes de merde parce qu'elles n'ont plus le choix si elles veulent faire tourner la maison. Mais cette dégradation n'est pas dûe au fait qu'elles sont des femmes mais au fait qu'il y a un déclassement général dans la société. De là, qui peut prétendre, que la femme caissière ou balayeuse à plein temps, se sent épanouie, émancipée parce qu'elle a un boulot. C'est absurde, elle est toujours soumise aux mêmes lois du marché que les autres, à savoir qu'elle est sortie de l'autorité de sons mari pour entrer sous celle du patron.
Donc parité hommes-femmes ou parité riches-pauvres ? A mon avis question urgence et transcendance, un enjeu l'emporte sur l'autre, devinez lequel.