Je mange des oeufs, de la viande, du lait, et quand je lis les commentaires de beaucoup de végé/vegans, je culpabilise presque d'être moi. C'est fou quand même. C'est quoi, le truc, je suis du côté obscure de la force parce que je mange des animaux qui n'ont pas gambadé dans leur pré jusqu'à ce qu'ils meurent de vieillesse ? Ca me lasse un peu ce genre de débats, les articles à ce sujet TOUT LE TEMPS (vraiment, je ne vois que ça en ce moment). Bien sur que c'est important, et qu'un jour, je suis sûre que la plupart des gens ne mangeront plus rien qui vienne de l'animal, mais il faut laisser un peu de temps aux gens, il faut laisser un peu de temps aussi aux gens d'avoir le déclic, de se dire "OK, je ne peux plus manger de viande", plutôt que d'opérer une telle coupure. Rome ne s'est pas faite en un jour, et vous ne convaincrez pas la France - commençons petit - de changer un mode d'alimentation qui tourne autour de la viande depuis quasiment toujours. Je mange de la viande depuis que je suis toute petite, je mangeais du jambon blanc ou du jambon cru au petit déjeuner quand j'avais 4 ans déjà, mon grand père chasse et ramène des gibiers chez lui, en fait des pâtés, des civets, des plats qui ont toute la saveur de mon enfance, et je ne vais pas m'excuser de ça, vous m'excuserez, hein. Et pourtant, j'adore les légumes, les fruits. Mais ça ne me suffit pas.
Sincèrement, ça m'a mise mal à l'aise, et un peu agacée, même, parce que, mince, ce que je mange ne défini pas qui je suis, hors on dirait que si on n'est pas végé/vegan, on est forcément super obtus, on n'en a rien à foutre de la nature et on approuve forcément les conséquences de la production intensive de la viande et des laitages. On peut parler de la culture des légumes en France, si vous voulez, et des tonnes de légumes qui sont jetés parce qu'ils n'ont pas le bon calibre, parce qu'ils n'ont pas la bonne forme, parce qu'ils ont pris un petit coup et que du coup cette connasse de ménagère ne voudra pas l'acheter. Je connais un producteur de tomates grappes en Bretagne qui expliquait que si la grappe est composée de moins de 3 tomates, poubelle. Si les tomates sont trop petites, poubelle. Si les tomates sont trop grosses, poubelle. Sans parler du fait que ces tomates poussent dans de la fibre de coco à deux mètres du sol. Et il n'a pas le choix, et pas non plus le droit de faire quoi que ce soit d'autre de ces tomates, pas même d'en faire don à des associations comme les restos du coeur. Et c'est comme ça pour tous les légumes. On peut aussi parler des insecticides qui sont utilisés sur les légumes et les fruits, et qui polluent les nappes phréatiques, peut-être moins que les porcheries, mais quand même. Vous allez me dire "tu n'as qu'à acheter bio". Oui. D'accord. Mais encore faut-il avoir les moyens d'acheter bio (c'est un luxe qui n'a pas lieu d'être, tout le monde devrait pouvoir se permettre de manger du bio, même les familles nombreuses).
Je ne parle pas de ça pour dire "regardez, les légumes aussi ça pose problème, nianiania", mais pour dire que si on le voulait vraiment - si les producteurs le voulaient, si les gouvernements le voulaient - il serait tout à fait possible, en France, de manger ce que l'on veut sans détruire notre écosystème et sans en venir à renoncer à des choses que l'on aime.