Je rajoute ce commentaire d'une connaissance (loubna.O) qui attend la validation du compte qu'elle vient de créer pour répondre et qui m'a demandé si je pouvais poster ceci pour elle :
Bonjour,
Je passe en coup de vent parcequ'on m'a envoyé cette conversation et comme j'ai pas mal de ressources je les partage ici. Les débats sur internet étant assez chronophages quand on es prostituée je me permet de simplement faire un copier coller d'une autre discution, vous m'excuserez pour l'aspect un peu « hors sujet » de certaines phrase (il était aussi question de pénalisation des clients). Par la suite il y a toutes les ressources que j'ai accumulé avec les années.
***
(…)
D'ailleurs je reste assez prudente concernant les chiffres, il me semble que les 80% de prostituées étrangères est un chiffre qui a été fait sur la base des travailleuses de rues il y a plus de dix ans. Aujourd'hui une grosse partie de la prostitution se passe sur internet (il me semble).
Je ne suis pas règlementariste et ce n'est pas le seul modèle qui existe en dehors du modèle nordique. Je soutient plutôt la dépénalisation de la prostitution comme en nouvelle zelande. Il ne me semble pas que ce dernier modèle soit parfait cependant je ne vois aucun modèle qui fonctionne réellement, nul part. Et surtout pas en france, d'ailleurs.
Sinon je trouve la question de "libre choix" assez problématique parcequ'elle se focalise sur les individus plutôt que sur le système dans lequel ils évoluent. Mettons qu'il n'y ait pas vraiment de libre choix, genre du tout. Mettons que les "20%" qui choisissent de se prostituer librement soient toutes des personnes abusées sexuellement avec des troubles psys, ou des personnes toxicomanes, ou des personnes endéttées, ou qui n'arrivent pas a retrouver un emploi.
En quoi la pénalisation des clients aide ces personnes ? Parcequ'il n'y a qu'une poignée de personnes qui peuvent bénéficier du parcours de sortie pour 300e par mois, et on propose a la clef de 'réinsérer" les prostituées dans un système dont une partie d'entre elles viennent déja (pole emploi, galères a trouver des jobs, RSA, etc...).
Je suppose que vous êtes déja au courant qu'il est relativement compliqué de trouver un emploi quand on est depressif, alcoolique, toxicomane, qu'on souffre de stress post traumatique, etc... Sans parler du monde du travail en lui même, générateur de stress, de burn out et d'abus en tout genre. J'insiste la dessus parceque j'ai le sentiment qu'on parle de réinsertion comme si les prostituées n'avaient jamais travaillé de leur vie. Il me semble pourtant qu'on parle aussi de femmes qui ont exercé des emplois, y compris les migrantes victimes de la traite qui peuvent cumuler emploi au noir et prostitution.
Du coup au millieux de tout ça j'ai beaucoup de mal a voir la pénalisation comme autre chose qu'une loi dite " symbolique " (vous avez dit vous même en parlant de la suède qu'il y avait peu de condamnations) mais qui n'est pas symbolique du tout pour les femmes déja dans des situations très précaires et a laquelle on ajoute une présence policière chargée de pénaliser leurs clients (les relations entre migrant.es et la police n'étant par ailleurs pas toujours rose, surtout sous un gouvernement qui les expulse a tour de bras).
Bref je suppose qu'on ne tombera pas d'accord mais j'entends souvent dire que la prostitution étant majoritairement subie il n'y a pas de raisons de donner "plus de droits" a une minorité "qui choisis librement" plutôt que d'aider la "majorité en souffrance". Alors que si on regarde qui aide réellement la pénalisation... Ni la majorité, ni la minorité au final. Pour un résultat qui est quand même assez alarmant chez pas mal d'associations (planning familial, bus des femmes, medecin du monde, grisélidis, aides, etc...).
Je termine en disant que plutôt que voter des lois dites symboliques en souhaitant améliorer les choses par ailleurs (il faut faire ci, il faut faire ça, donner de plus longs titres de séjour, améliorer les prises en charges psy, etc...) qui sont des souhaits qui sont certes tout a fait respectable mais qui a priori ne vont pas se réaliser demain, il vaut mieux éviter de mettre en difficulté des personnes qui sont dans l'urgence (urgence de payer le loyer, de rembourser ses dettes, urgence de trouver de la drogue, etc...). Donc on commence par améliorer les prises en charge psy, les prises en charge des violences d'un point de vue judiciaire (et policier), donner des titres de séjour plus long et facilité la migration, améliorer les conditions de travail des travailleurs en général et augmenter le smic, (etc...) et vous verrez que la prostitution disparaitra d'elle même.
En attendant faire l'inverse c'est pour moi rendre la prostitution plus difficile pour les femmes dans l'urgence.
***
Les liens :
Marie Toupin, sociologue, propose d'analyser autrement la prostitution et la traite des femmes :
https://www.erudit.org/fr/revues/rf/2006-v19-n1-rf1440/014068ar/
Joanna Brenner propose ici un texte très interessant sur les débats féministes autour de la prostitution et fais le tour des différents systèmes et idées reçues autour d'eux (légalisation, pénalisation, décriminalisation) :
http://revueperiode.net/sur-le-travail-sexuel-une-perspective-feministe-revolutionnaire/
Grisélidis, une association toulousaine d'aide aux prostituées fais ici un point sur l'abolitionisme et sur les attaques que la structure a du essuyer pour s'être positionnée contre la pénalisation :
https://www.griselidis.com/sites/de...ifeminisme_qui_ne_dit_pas_son_nom_article.pdf
La série d'article de Crêpe georgette sur la pénalisation des clients qui s'attarde beaucoup sur la question de la traite :
1 : http://www.crepegeorgette.com/2016/04/18/prostitution-question-vocabulaire-traite-esclavage/
2 : http://www.crepegeorgette.com/2016/04/20/prostitution-linvisibilite-femmes-migrantes/
3 : http://www.crepegeorgette.com/2016/04/25/prostitution-exploitation-humaine-reseaux/
4 : http://www.crepegeorgette.com/2016/05/23/prostitution-loi-avril-2016/
Lilan matthieu (sociologue) sur l'abolitionisme :
http://www.lesinrocks.com/2015/03/2...qua-donner-des-arguments-rationnels-11625864/
http://www.lesinrocks.com/2016/10/01/actualite/prostitution-pose-t-probleme-11868004/
http://www.preavis.org/breche-numerique/article2783.html
https://blogs.mediapart.fr/lilian-m...pression-mais-respect-des-droits-fondamentaux
Ensuite d'autres trucs (les articles disent tous plus ou moins la même chose mais sont écrits par des personnes différentes)
http://www.slate.fr/tribune/60175/abolition-prostitution-feminisme
Un article qui parle d'une assoce anti abolitioniste qui travaille essentiellement avec des prostituées âgées :
http://sans-a.fr/2017/06/18/sofia-engagee-pour-les-doyennes-du-tapin/
Paolat Tabet sur l'échage économico sexuel :
http://journals.openedition.org/gss/1227
***
@schizophrenia Tu dis que 95% des membres du strass sont escort de luxe qui vont dans des hotels et tu t'étonne ensuite que les gens te prennent pour une abolo. Franchement ça m'a mis super en colère de lire ça. Je veux bien que tu sois partagée sur la prostitution, que tu ne vois pas les choses tout blanc ou tout noir (ce qui est mon cas également). Mais si tu sors des généralités sur un syndicat sous prétexte que l'interview que tu as fait de la secrétaire générale était merdique ne viens pas ensuite te plaindre qu'on te prenne pour une abolo.
Pour info on peut aussi être en désacord avec le strass tout en ne les considérant pas comme 95% d'escort de luxe. En fait pour tout les millitants TDS qui ne millitent pas au strass on sait pertinament que c'est pas le cas (genre mylène juste la secrétaire générale si c'est bien a elle que tu as parlé c'est une pute de rue -_-). Donc oui ta réthorique elle fait penser a la réthorique des abolos de mauvaise foi qui sont juste prêt a tout pour décrédibiliser les TDS. La prochaine fois je te conseille de faire attention au choix des mots et tu verra qu'il n'y aura aucun malentendu. Le strass est un syndicat très largement criticable sur plein d'aspect, pas besoin de leur inventer des vies pour critiquer les arguments qui posent problème chez eux.
Pour finir, la dualité elle se place aussi dans le fait de toujours parler de manière binaire des escorts de luxe face aux migrantes sans papier. Comme s'il n'y avait pas tout un monde entre les deux. Je partage ici mon dernier lien, un pote a publié ça récement :
https://bahputain.wordpress.com/2018/08/01/ni-victime-ni-heroine/
ça résume tout a fait ma pensée.
Je passe en coup de vent parcequ'on m'a envoyé cette conversation et comme j'ai pas mal de ressources je les partage ici. Les débats sur internet étant assez chronophages quand on es prostituée je me permet de simplement faire un copier coller d'une autre discution, vous m'excuserez pour l'aspect un peu « hors sujet » de certaines phrase (il était aussi question de pénalisation des clients). Par la suite il y a toutes les ressources que j'ai accumulé avec les années.
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(…)
D'ailleurs je reste assez prudente concernant les chiffres, il me semble que les 80% de prostituées étrangères est un chiffre qui a été fait sur la base des travailleuses de rues il y a plus de dix ans. Aujourd'hui une grosse partie de la prostitution se passe sur internet (il me semble).
Je ne suis pas règlementariste et ce n'est pas le seul modèle qui existe en dehors du modèle nordique. Je soutient plutôt la dépénalisation de la prostitution comme en nouvelle zelande. Il ne me semble pas que ce dernier modèle soit parfait cependant je ne vois aucun modèle qui fonctionne réellement, nul part. Et surtout pas en france, d'ailleurs.
Sinon je trouve la question de "libre choix" assez problématique parcequ'elle se focalise sur les individus plutôt que sur le système dans lequel ils évoluent. Mettons qu'il n'y ait pas vraiment de libre choix, genre du tout. Mettons que les "20%" qui choisissent de se prostituer librement soient toutes des personnes abusées sexuellement avec des troubles psys, ou des personnes toxicomanes, ou des personnes endéttées, ou qui n'arrivent pas a retrouver un emploi.
En quoi la pénalisation des clients aide ces personnes ? Parcequ'il n'y a qu'une poignée de personnes qui peuvent bénéficier du parcours de sortie pour 300e par mois, et on propose a la clef de 'réinsérer" les prostituées dans un système dont une partie d'entre elles viennent déja (pole emploi, galères a trouver des jobs, RSA, etc...).
Je suppose que vous êtes déja au courant qu'il est relativement compliqué de trouver un emploi quand on est depressif, alcoolique, toxicomane, qu'on souffre de stress post traumatique, etc... Sans parler du monde du travail en lui même, générateur de stress, de burn out et d'abus en tout genre. J'insiste la dessus parceque j'ai le sentiment qu'on parle de réinsertion comme si les prostituées n'avaient jamais travaillé de leur vie. Il me semble pourtant qu'on parle aussi de femmes qui ont exercé des emplois, y compris les migrantes victimes de la traite qui peuvent cumuler emploi au noir et prostitution.
Du coup au millieux de tout ça j'ai beaucoup de mal a voir la pénalisation comme autre chose qu'une loi dite " symbolique " (vous avez dit vous même en parlant de la suède qu'il y avait peu de condamnations) mais qui n'est pas symbolique du tout pour les femmes déja dans des situations très précaires et a laquelle on ajoute une présence policière chargée de pénaliser leurs clients (les relations entre migrant.es et la police n'étant par ailleurs pas toujours rose, surtout sous un gouvernement qui les expulse a tour de bras).
Bref je suppose qu'on ne tombera pas d'accord mais j'entends souvent dire que la prostitution étant majoritairement subie il n'y a pas de raisons de donner "plus de droits" a une minorité "qui choisis librement" plutôt que d'aider la "majorité en souffrance". Alors que si on regarde qui aide réellement la pénalisation... Ni la majorité, ni la minorité au final. Pour un résultat qui est quand même assez alarmant chez pas mal d'associations (planning familial, bus des femmes, medecin du monde, grisélidis, aides, etc...).
Je termine en disant que plutôt que voter des lois dites symboliques en souhaitant améliorer les choses par ailleurs (il faut faire ci, il faut faire ça, donner de plus longs titres de séjour, améliorer les prises en charges psy, etc...) qui sont des souhaits qui sont certes tout a fait respectable mais qui a priori ne vont pas se réaliser demain, il vaut mieux éviter de mettre en difficulté des personnes qui sont dans l'urgence (urgence de payer le loyer, de rembourser ses dettes, urgence de trouver de la drogue, etc...). Donc on commence par améliorer les prises en charge psy, les prises en charge des violences d'un point de vue judiciaire (et policier), donner des titres de séjour plus long et facilité la migration, améliorer les conditions de travail des travailleurs en général et augmenter le smic, (etc...) et vous verrez que la prostitution disparaitra d'elle même.
En attendant faire l'inverse c'est pour moi rendre la prostitution plus difficile pour les femmes dans l'urgence.
***
Les liens :
Marie Toupin, sociologue, propose d'analyser autrement la prostitution et la traite des femmes :
https://www.erudit.org/fr/revues/rf/2006-v19-n1-rf1440/014068ar/
Joanna Brenner propose ici un texte très interessant sur les débats féministes autour de la prostitution et fais le tour des différents systèmes et idées reçues autour d'eux (légalisation, pénalisation, décriminalisation) :
http://revueperiode.net/sur-le-travail-sexuel-une-perspective-feministe-revolutionnaire/
Grisélidis, une association toulousaine d'aide aux prostituées fais ici un point sur l'abolitionisme et sur les attaques que la structure a du essuyer pour s'être positionnée contre la pénalisation :
https://www.griselidis.com/sites/de...ifeminisme_qui_ne_dit_pas_son_nom_article.pdf
La série d'article de Crêpe georgette sur la pénalisation des clients qui s'attarde beaucoup sur la question de la traite :
1 : http://www.crepegeorgette.com/2016/04/18/prostitution-question-vocabulaire-traite-esclavage/
2 : http://www.crepegeorgette.com/2016/04/20/prostitution-linvisibilite-femmes-migrantes/
3 : http://www.crepegeorgette.com/2016/04/25/prostitution-exploitation-humaine-reseaux/
4 : http://www.crepegeorgette.com/2016/05/23/prostitution-loi-avril-2016/
Lilan matthieu (sociologue) sur l'abolitionisme :
http://www.lesinrocks.com/2015/03/2...qua-donner-des-arguments-rationnels-11625864/
http://www.lesinrocks.com/2016/10/01/actualite/prostitution-pose-t-probleme-11868004/
http://www.preavis.org/breche-numerique/article2783.html
https://blogs.mediapart.fr/lilian-m...pression-mais-respect-des-droits-fondamentaux
Ensuite d'autres trucs (les articles disent tous plus ou moins la même chose mais sont écrits par des personnes différentes)
http://www.slate.fr/tribune/60175/abolition-prostitution-feminisme
Un article qui parle d'une assoce anti abolitioniste qui travaille essentiellement avec des prostituées âgées :
http://sans-a.fr/2017/06/18/sofia-engagee-pour-les-doyennes-du-tapin/
Paolat Tabet sur l'échage économico sexuel :
http://journals.openedition.org/gss/1227
***
@schizophrenia Tu dis que 95% des membres du strass sont escort de luxe qui vont dans des hotels et tu t'étonne ensuite que les gens te prennent pour une abolo. Franchement ça m'a mis super en colère de lire ça. Je veux bien que tu sois partagée sur la prostitution, que tu ne vois pas les choses tout blanc ou tout noir (ce qui est mon cas également). Mais si tu sors des généralités sur un syndicat sous prétexte que l'interview que tu as fait de la secrétaire générale était merdique ne viens pas ensuite te plaindre qu'on te prenne pour une abolo.
Pour info on peut aussi être en désacord avec le strass tout en ne les considérant pas comme 95% d'escort de luxe. En fait pour tout les millitants TDS qui ne millitent pas au strass on sait pertinament que c'est pas le cas (genre mylène juste la secrétaire générale si c'est bien a elle que tu as parlé c'est une pute de rue -_-). Donc oui ta réthorique elle fait penser a la réthorique des abolos de mauvaise foi qui sont juste prêt a tout pour décrédibiliser les TDS. La prochaine fois je te conseille de faire attention au choix des mots et tu verra qu'il n'y aura aucun malentendu. Le strass est un syndicat très largement criticable sur plein d'aspect, pas besoin de leur inventer des vies pour critiquer les arguments qui posent problème chez eux.
Pour finir, la dualité elle se place aussi dans le fait de toujours parler de manière binaire des escorts de luxe face aux migrantes sans papier. Comme s'il n'y avait pas tout un monde entre les deux. Je partage ici mon dernier lien, un pote a publié ça récement :
https://bahputain.wordpress.com/2018/08/01/ni-victime-ni-heroine/
ça résume tout a fait ma pensée.