@belinya : Je ne suis pas d'accord avec tout mais je te big uppe pour ton passage sur la culture du viol parce que je pense que certaines notions utilisées de façon massive ont tendance, ces derniers temps, à phagocyter les débats féministes et notamment sur le net.
Je vais me répéter mais je ne vois pas comment on peut penser que ce qui est représenté dans cette vidéo est identique à ce qu'on peut voir dans celle de Guillaume Plaie. Dans le dernier cas, il y a envahissement de l'espace vital, baiser forcé et agressions verbales, un manque de respect dans les actes et dans les paroles. Alors que dans le deuxième cas, c'est du trompe l'oeil. Leur point commun, c'est l'absence de consentement mais c'est le principe d'une caméra cachée. Ce que je retiens, en tous cas, c'est que les barrières franchies ne sont visiblement pas les mêmes quand on compare les deux vidéos.
Et la question que je me pose, c'est: pourquoi vouloir voir abolument la simulation d'une agression ou d'un viol? Je ne dis pas que vous n'en n'avez pas le droit, vous pouvez tout à fait le voir sous cet angle là. La notion de culture de viol est très importante; c'est une grille de lecture qui a son utilité mais il ne faut pas oublier que ce n'est pas la seule et que son rôle, ce n'est pas d'enfermer la pensée dans des schémas applicables partout, tout le temps.
Et c'est la même chose pour d'autres notions développées dans le monde anglophone, comme le mansplaining ou le slutshaming.
Ce que je veux dire, c'est que ces grilles de lecture sont des outils, qu'il peut être utile et intéressant de se servir mais qui n'ont pas vocation à être en permanence sous nos yeux. Et ce qu'on peut remarquer dernièrement, à propos de ces notions, c'est qu'à force d'être utilisées en masse, elle perdent de leur force.
D'une part parce qu'elle s'en retrouvent élargies et ce, au point de leur faire perdre leur sens premier et pour l'illustrer, je prendrai l'exemple du mansplaining. On peut lire dans
cet article les élargissements de ce mot, tiré
d'une anecdote racontée par Rebecca Solnit en 2008:
Mansplaining is when a dude tells you, a woman, how to do something you already know how to do, or how you are wrong about something you are actually right about, or miscellaneous and inaccurate “facts” about something you know a hell of a lot more about than he does. Bonus points if he is explaining how you are wrong about something being sexist!
La partie en gras, c'est l'idée de base: un homme qui explique à une femme des choses qu'elle sait déjà sur un sujet qu'elle maîtrise parfaitement (c'est l'anecdote de R. Solnitt: lors d'une discussion sur ce qu'elle fait dans la vie entamée pour faire connaissance, un mec se met à lui expliquer des choses sur un sujet très pointu, développées dans un livre dont elle est l'auteur et qui s'écoute tellement parler qu'elle est obligée de le répéter 4 fois au type, abasourdi de l'apprendre). Le reste, c'est l'élargissement de la notion et là, il y a un problème puisqu'expliquer à quelqu'un qu'on ne partage pas son point de vue et qu'il a tord, c'est... le principe d'un débat.
D'autre part, parce qu'il peut arriver qu'elles instaurent un climat qu'elle sont paradoxalement sensées combattre et là, je reviens au sujet de départ et je parlerai culture du viol. L'une de ses fonctions, c'est de dénoncer certains mythes sur le viol. Seulement, force est de constater que ça peut entretenir le climat de peur que rencontrent certaines femmes dans la rue (des madz en ont parlé très récemment dans JNSP). Donc est-ce que c'est souhaitable? C'est donc, entre autres choses, pour cette raison que je fais une différence entre cette vidéo et celle de Guillaume Plaie. Je pense qu'il faut accepter que certaines personnes, même féministes, n'aient pas regardé cette caméra cachée avec la même grille de lecture que vous.